RUN, RUN, RUN, mais derrière quoi courent-ils donc tous?

RUN, RUN, RUN, mais derrière quoi courent-ils donc tous?

Le débat électoral
organisé par les médias à Neuchâtel tourne
prioritairement – et parfois même exclusivement –
autour du RUN. Les électrices et électeurs du canton et
d’ailleurs peuvent légitimement se demander quelle mouche
a piqué le monde politique pour que la campagne se focalise
pareillement autour d’un sigle aux résonances anglaises,
le RUN (réseau urbain neuchâtelois)…

Considérer le canton comme une grande ville de plus de 100 000
habitants devrait permettre d’obtenir des soutiens financiers
supplémentaires de la Confédération, en
particulier pour un transport rapide – le TRANSRUN – entre
le haut du canton et le bas; on aurait ainsi un transport urbain (et
non plus interurbain!) soutenu par la Confédération,
comme l’a été le nouveau métro lausannois. A
condition que les deux Chambres souscrivent à ce projet…
solidaritéS n’est pas contre le TRANSRUN en soi. Au
contraire. Nous sommes partisans de transports publics rapides et
efficaces, mais nous sommes attentifs à ce qu’ils ne
soient pas la couverture du démontage du service public.

Sous prétexte que dans une ville de 100 000 habitants, un grand
hôpital, une troupe de théâtre officielle, un centre
de formation, un conservatoire suffisent…, certain(e)s ont dans
leur besace des projets de coupes draconiennes dans le tissu social du
canton. Dans le débat télévisé des
candidat-e-s au Conseil des Etats, Marianne Ebel, candidate de
Solidarités sur la liste POP – solidaritéS, a mis
le doigt sur ce problème en l’illustrant par un exemple
précis: «Aujourd’hui on nous fait miroiter ce projet
de TRANSRUN pour justifier la fermeture dès 2009 de deux
maternités et centres de pédiatrie sur trois. Avec ou
sans transrun, la qualité de vie ne sera pas meilleure si on
centralise en un seul lieu ce que nous avons maintenant à
portée de main: hôpitaux, écoles, musées,
conservatoire.» La conseillère d’Etat
libérale, Sylvie Perrinjaquet, elle aussi candidate au Conseil
des Etats a péremptoirement rétorqué que la
centralisation ne concernait que le Centre mère-enfant
destiné aux cas nécessitant une infrastructure lourde et
que l’objectif du Conseil d’Etat est le maintien des
maternité pour tous les accouchements sans risques.
«Parfait, pour une fois nous serions d’accord», a
ironisé Marianne Ebel. Les démentis du Conseil
d’Etat ne se sont pas fait attendre. Les maternités seront
bel et bien fermées au profit d’un seul centre. La suite
du programme de l’Hôpital Neuchâtelois n’est
pas connue du public, ni de solidaritéS. Les restructurations et
fermetures prévues se font en effet une à une.

Sylvie Perrinjaquet a ramassé une volée de bois vert
notamment de la part du journal Le Temps, qui semble rouler pour son
colistier radical Didier Burkhalter dont le centre de la campagne est
précisément la défense du transrun, avec un
financement public-privé. Le cas échéant, Le Temps
pourra rajouter une nouvelle société et son cours en
bourse dans ses pages économiques. Un financement
public-privé c’est à coup sûr une
augmentation du prix du billet, sans parler du coût
écologique du creusement d’un nouveau tunnel et des
difficultés d’accès à ce nouveau transport
pour celles et ceux qui n’habitent pas à côté
des gares.

Entre, d’un côté, un parti qui investit des millions
pour occuper les médias et les rues avec des affiches
scandaleuses et des arguments racistes et de l’autre ces
dissertations sur le RUN, il reste bien peu de place pour une
réflexion sérieuse sur les solutions de rechange en
matière de politique sociale et fiscale; les domaines où
la bourgeoisie prend ses décisions en faveur des plus riches
contre le monde du travail sont, une fois de plus, largement
occultés. Les moyens financiers exorbitants de la droite,
l’apparentement général
UDC-radicaux-libéraux et un débat politique
tronqué suffiront-ils à changer la
délégation neuchâteloise au détriment de la
gauche?

Henri Vuilliomenet

Les employé(e)s de la fonction publique sous pression

Que ce soit sur les routes, dans les administrations, dans les
hôpitaux ou dans les salles de classe, le personnel de
l’Etat (comme des communes d’ailleurs) voit sa charge de
travail augmenter (délai de carence et remplacement partiel des
départs) et ses rémunérations bloquées. Le
mécontentement est fort et les associations du personnel
s’en sont une nouvelle fois inquiétées lors
d’une conférence de presse et par une lettre aux
député-e-s. Il faut dire que les mécanismes de
restrictions salariales ont été transformés en
loi, et c’est donc le Grand Conseil qui doit se prononcer sur
l’enveloppe des négociations.

Répondant à une interpellation de PoPVertsSol, le
Conseiller d’Etat Jean Studer s’est offusqué de la
méthode utilisée par les associations du personnel:
déballer leur problème sur la place publique et en
informer les députés, voilà où serait le
scandale!

Dans tous les pays démocratiques, la réaction logique des
syndicats serait d’appeler le personnel à se mettre en
grève pour forcer le gouvernement à s’asseoir
à la table des négociations. Refuser qu’en
période de haute conjoncture le personnel de la fonction
publique obtienne lui aussi sa part, c’est une provocation qui
appelle une réaction. A Neuchâtel, le Conseiller
d’Etat se fâche pour bien peu de choses. Et si
c’était pour continuer à tenir le couteau par le
manche sans avoir à rien céder?

Une chose est sûre: l’exécutif cantonal s’est
fixé une ligne de conduite d’austérité
très claire et ce n’est ni une conférence de
presse, ni une lettre aux député-e-s qui suffiront
à le faire dévier. Si les employé-e-s de
l’Etat veulent vraiment voir s’améliorer leurs
conditions de travail et leurs salaires, ils devront descendre dans la
rue et exercer une pression forte. Il n’y a pas d’autre
voie.

(hvu)