Belfort-MontbéliardUne prime au démantèlement hospitalier

Belfort-Montbéliard
Une prime au démantèlement hospitalier

Plusieurs articles, parus dans la
rubrique neuchâteloise de notre journal, ont amplement
décrit les ravages causés par l’application des
politiques néolibérales dans le secteur hospitalier. Mais
ce n’est pas une spécificité neuchâteloise:
les mêmes politiques s’appliquent aussi en France voisine.
Pour preuve, l’article paru sur le même sujet dans le
dernier bulletin de la fédération LCR de
Franche-Comté, «La Vie en Rouge», avec laquelle
solidaritéS-NE entretient des contacts transfrontaliers.

L’actuelle définition de l’hôpital public
pourrait être: système de production de soins
géré technocratiquement sur le seul critère de la
rentabilité. Avouons que la gestion pose parfois problème
à un directeur, l’exemple que voici le prouve: on devait
fermer quatorze lits de chirurgie viscérale à Belfort.
Depuis, le service ne cesse d’être plein à ras bord:
faut-il mettre les gens dehors?

Devant de tels dilemmes, le directeur estime mériter la prime
qu’on vient de lui octroyer ainsi qu’à 55 de ses
collègues, directeurs d’hôpitaux classés
difficiles. A savoir 10 000 euros à condition qu’ils
restent 5 ans à leur poste: « ça ne fait que 160
euros par mois» ajoute notre directeur. Depuis la fusion en 2000
des deux hôpitaux, de même importance, de Belfort et de
Montbéliard, le Centre Hospitalier Belfort-Montbéliard
(CHBM) ne cesse d’être en difficulté. Ce n’est
certes pas faute d’efforts pour le rendre rentable: coupes
claires dans les personnels, suppressions des «doublons»
(services en double sur les deux sites), regroupement de services au
mépris de règles d’hygiène… Ceci sans
souci des besoins de la population et en toute quiétude face aux
élus des deux municipalités concurrentes, car, pour se
les attacher, le directeur et l’Agence régionale de
l’hospitalisation (ARH) leur ont promis une structure
hospitalière des plus modernes, à faire pâlir les
CHU (hôpitaux universitaires, réd), à mi-chemin
entre Belfort et Montbéliard. Mais, ce «site
médian», véritable miroir aux alouettes, est
déjà un gouffre financier avant que la première
pierre ne soit posée.

Le CHBM a eu cette année le triste privilège
d’atteindre un déficit de 20 millions d’euros! Il a
failli être mis sous tutelle, et puis non! L’ARH a fini par
approuver le budget 2008 et la prime au directeur est arrivée!
Comment ne pas voir là une prime de la honte? Le directeur est
sommé dans un premier temps de faire 5 millions
d’économies avant la fin de l’année…
Comment? Sur le personnel? Il existe encore 300 contractuels sur
l’hôpital. Sur les médicaments? Sur les
matériels? En fermant des lits? En bradant au privé des
disciplines, comme dernièrement la psychiatrie?

A travers cette prime, aucun doute, le gouvernement récompense
ses zélés serviteurs, tout à leur tâche
d’achever le démantèlement.

Marie-Ange Debard