Contre la misère des femmesManifeste et manifestation indispensables!

Contre la misère des femmes
Manifeste et manifestation indispensables!

A l’occasion de la
journée internationale contre la misère du 17 octobre
2007, le comité international de la Marche Mondiale des Femmes,
réuni début octobre au Portugal, a rédigé
le manifeste suivant. Nous regrettons que la mobilisation à
l’occasion de cette journée soit restée à
l’état de manifeste et non de manifestation, en effet, il
n’y pas eu en tout cas en Suisse, d’action
spécifique des féministes, contrairement aux
événements de 2000 et 2005. Comme d’autres
mouvements sociaux, les groupes féministes se trouvent en
période de reflux et ont de la peine à élargir et
à rajeunir leur base, alors que la situation catastrophique
vécue par des millions de femmes l’exige. Pour
l’année prochaine, nous espérons que tant la
journée internationale des femmes que d’autres
échéances seront portées ici collectivement
et…activement.
(met)

Nous sommes de nouveau mobilisées ce 17 octobre pour
dénoncer et exiger la fin de l’oppression que nous vivons
en tant que femmes, pour dire que la domination, l’exploitation,
l’égoïsme et la recherche effrénée du
profit menant aux injustices, aux guerres, aux conquêtes et aux
violences ont une fin.

De nos luttes féministes, de celles qu’ont menées
nos aïeules sur tous les continents, sont nés de nouveaux
espaces de liberté, pour nous-mêmes, pour nos filles, pour
nos fils, et pour toutes les petites filles et tous les petits
garçons qui, après nous, fouleront ce sol.
L’année 2000, nous avons ramassé 5 millions de
signatures en exigeant la fin de la pauvreté et de la violence.
En 2005 nous étions de nouveau dans les rues pour inviter
l’humanité à l’Egalité, la
Liberté, la Justice, la Paix et la Solidarité. Nous avons
tissé nos rêves tandis que nous construisions notre
Courtepointe mondiale.

Aujourd’hui comme avant, nous dénonçons le
capitalisme, le patriarcat et ses institutions, comme les corporations
transnationales et les oligarchies nationales qui extraient leurs
richesses à travers la discrimination, l’oppression,
l’exploitation de nos peuples, et en particulier des femmes, le
pillage de nos territoires – eau, terre, biodiversité,
sources d`énergies – et méconnaissent nos droits
individuels et collectifs. Nous dénonçons ces
systèmes qui s’organisent sur la base des
privilèges des hommes sur les femmes, des blancs sur les noirs
et autochtones, ainsi que l’exclusion des lesbiennes, des
immigrées et de plusieurs situations de vie
considérées par eux comme «anormales». Nous
dénonçons son caractère répressif et la
criminalisation de nos luttes.

Ce 17 octobre – Journée mondiale de lutte contre la
pauvreté – nous attirons l’attention sur la
réalité vécue par nous les femmes: notre travail
de soin de la famille et de la communauté n’est pas
reconnu et augmente avec les coupes des budgets public; nous avons un
moindre accès à la propriété et au
contrôle des ressources; nous avons des salaires plus bas; nos
conditions de travail sont précaires et les entreprises
contrôlent nos corps et notre sexualité; nous
n’avons pas les mêmes opportunités
d’études et nos connaissances et qualifications sont moins
prises en compte; les connexions entre la pauvreté et la
violence envers les femmes se manifestent à travers le trafic et
l’exploitation sexuel, le féminicide, l’utilisation
des corps des femmes comme butin de guerre.

Nous reconnaissons les diverses formes d’oppression vécues
par les femmes dans les quatre coins du monde. Nous avons
manifesté plusieurs fois, et nous continuerons à le
faire, contre les occupations militaires en Palestine, Afghanistan,
Liban, Irak. En ce moment, nous manifestons particulièrement
notre solidarité avec les femmes en lutte contre la dictature
militaire en Birmanie, qui ont commencé par dénoncer
l’augmentation des prix des combustibles et ont ouvert le chemin
aux moines, étudiants et à tout le peuple. Nous appuyons
nos soeurs du Costa Rica et leur NON au Traité de
libreéchange de l`Amérique Centrale avec les Etats-Unis.
Nous engageons notre lutte pour surmonter la terrible violence subie
par les femmes dans les conflits armés, dans la région de
Kivu en République Démocratique du Congo et au Darfour,
dans la région Est du Soudan.

Nous réaffirmons nos chemins pour éliminer la pauvreté et la violence envers les femmes:

  • Autonomie économique des femmes et répartition de
    la richesse: Emplois dignes avec des droits et une juste
    rémunération; utilisation et contrôle des
    ressources et des moyens de vie; renforcement de
    l’économie solidaire; valorisation du travail reproductif
    et productif des femmes. Non au paiemen  de la dette externe qui
    est une atteinte à la souveraineté des pays et vigilance
    face aux nouveaux endettements. Non aux négociations et
    signatures des accords de libre-échange qui ont comme objectif
    d’assurer les intérêts des transnationaux.
  • Pour la souveraineté alimentaire et contre la
    privatisation de la nature: Autogestion de nos ressources
    environnementales vers un modèle de développement qui
    soutienne les besoins fondamentaux des générations
    présentes et à venir. Droit à garder nos moyens de
    vie, à produire notre propre nourriture de la façon que
    nous voulons et de manger en accord avec notre culture.
  • Non à la violence envers les femmes: Combattre la violence
    sexiste qui est un outil de contrôle de nos vies, de nos corps et
    de notre sexualité pour faire de nous des objets soumis à
    la volonté d`autrui. Engagement et mesures concrètes de
    l’Etat, de la société – en particulier les
    mouvements sociaux – pour la prévention et la punition de
    la violence envers les femmes.
  • Paix et démilitarisation: Mettre fin à
    l’impunité, à l’utilisation des corps des
    femmes comme butin de guerre et du viol comme arme de guerre.
    Participation des femmes dans la résolution des conflits.
    Politiques de désarmement, contre les occupations et la
    présence militaire étrangère, y compris les bases
    et les exercices militaires.

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche!

Comité
International de la Marche Mondiale des Femmes contre les Violences et
la Pauvreté à Granja do Ulmeiro, Portugal le 08 Octobre
2007