Eviction de Blocher, une nouvelle donne?
Eviction de Blocher, une nouvelle donne?
Conseil fédéral, nous ne pouvons que nous en
réjouir! Le tribun milliardaire symbolise une politique
xénophobe, ultralibérale et réactionnaire. Cette
non-réélection est en partie le résultat de
lindignation qui sest manifestée largement dans la
population contre laffiche du «mouton noir» et la
propagande raciste de lUDC. Ce coup de théâtre
parlementaire a été orchestré conjointement par le
PSS, les Verts et le PDC. Une «mini-révolution de
palais» qui na rien dun virage au
«centre». Cest avant tout le «style» de
Blocher, son arrogance, qui ne sont pas du goût de
lestablishment politique, habitué aux manières
feutrées de la démocratie de concordance.
Les 29 % obtenus par lUDC aux élections
fédérales de cet automne ne vont pas seffacer pour
autant! Si lon doit se féliciter de laccès
dune troisième femme au Conseil fédéral, il
ny a donc aucune raison de penser, que la présence en son
sein de Mme Widmer-Schlumpf, infléchira la brutale politique
antisociale du gouvernement. Tout juste devrait-elle conduire à
une observation plus attentive des «règles du jeu»
de la collégialité, dont les ministres du PSS sont depuis
des décennies les otages consentants.
LUDC reste le premier parti bourgeois et conservera une
influence décisive sur lagenda politique. Dans une
prétendue «opposition», tout en ayant deux
sièges au Conseil fédéral, elle va peut-être
même se renforcer dans les années qui viennent. Son aile
blochérienne, largement majoritaire, mènera une politique
musclée pour parachever la construction dun parti
«populaire» capable de mobiliser la base, ce dont ni le PDC
ni les Radicaux nont les moyens, tout en multipliant les
attaques contre les salariée-s, sous couvert de la chasse aux
prétendus «abus».
Sur ce terrain, les autres partis bourgeois feront chorus, ce
dautant quaprès le coup du 12 décembre, le
PDC va chercher à se dédouaner en réaffirmant son
ancrage à droite. Après tout, la nouvelle loi sur
étrangers (LEtr) particulièrement discriminatoire, qui
entre en vigueur le 1er janvier 2008, a été
concoctée par deux conseillers fédéraux PDC,
Arnold Koller et Ruth Metzler! Radicaux et PDC vont donc se mettre en
quatre pour montrer quil ne sont pas prêts à des
concessions, même mineures, au PS et aux Verts.
Ces derniers ont ovationné Eveline Widmer-Schlumpf lors de son
élection, offrant une fois de plus le triste spectacle de leur
adaptation de plus en plus rapide à un libéralisme
parfois saupoudré de quelques miettes sociales ou
écologiques. Blocher lui-même ne sy trompe pas,
lorsquil ironise sur «le PS et les Verts [qui] sont
obligés de se réjouir davoir élu un membre
de lUDC. Quel beau succès pour le PS!» (Le Matin,
16 déc. 2007).
Sous la houlette de Merz et de Couchepin, brillamment
réélus avec de nombreuses voix socialistes et vertes et,
désormais, de Mme Widmer-Schlumpf, légitimée par
lappui de la «gauche», nul doute que la politique
antisociale du gouvernement sera encore plus agressive: cadeaux fiscaux
aux actionnaires, baisses dimpôts pour les
multimillionnaires, concurrence fiscale accrue entre les cantons,
nouveaux démantèlements de
lassurance-chômage, de lassurance-invalidité
et des droits sociaux. Le désaccord historique entre lUDC
et les cercles dominants de la bourgeoisie par rapport à
lUE était en voie de résobtion, grâce aux
accords bilatéraux à la carte. LUDC risque
aujourdhui de se mobiliser plus fortement contre leur volet
«libre circulation» des personnes
Face au danger que constitue lUDC, il faut une stratégie
résolue sur le long terme. Dans ce sens, solidaritéS
sest engagé dans la construction dun large front
pour combattre la gangrène du racisme distillée par
lUDC, en noubliant pas que celle-ci se nourrit du racisme
dEtat mis en place depuis les années 1920 dans le cadre
de de la législation sur les étrangers, et quil ne
saurait y avoir de politique antiraciste conséquente sans une
opposition de tous les instants à la casse du social.
Notre mouvement sera donc partie prenante de toute forme de
résistance aux attaques antisociales qui sannoncent:
démantèlement des assurances sociales, privatisation des
services publics, mise en cause des maigres protections en
matière de conditions de travail, notamment à travers les
dérogations supplémentaires à linterdiction
du travail du dimanche ou de nuit et de la démolition des
quelques conventions collectives qui fixent encore des salaires et des
droits pour les travailleurs-euses.
Cependant, cette résistance se heurte à un
système. Cest pourquoi elle doit aussi défendre
une alternative densemble au capitalisme. SolidaritéS
tentera de relever ce défi denvergue en contribuant
à construire une force anticapitaliste à
léchelle nationale, porteuse dun projet
écosocialiste face à un système qui met en cause
la survie dun nombre croissant dêtres humains, en
particulier les plus pauvres, par la destruction massive des ressources
naturelles, le nucléaire et les changements dramatiques du
climat.
Sébastien Guex