A Vallorbe, la politique de l’UDC se fait même sans elle !
A Vallorbe, la politique de lUDC se fait même sans elle !
Le Conseil communal de la ville ne compte pas un seul UDC dans ses
rangs. Ce qui nempêche nullement sa majorité
radicalo-libérale, avec le soutien dune partie des
élus socialistes, de mener une guérilla récurrente
contre la présence de requérant-e-s dasile dans la
«Cité du fer». Dernière proposition en date:
en décembre 2007, une motion du groupe radical benoîtement
intitulée «Réhabiliter la gare de Vallorbe»
et visant, en fait, à en interdire laccès aux
requérant-e-s. Approuvée bien au-delà des seuls
rangs radicaux, la motion a été transmise à la
Municipalité. Vallorbe deviendra-t-elle la première
commune vaudoise ouvertement et illégalement
ségrégationniste?
On aurait tort de considérer cette gesticulation radicale comme
la simple traduction locale du célèbre «syndrome
NIMYG». Lacronyme américain de «Not in my
garden» désignant lattitude qui consiste à
trouver subitement intolérable chez soi ce qui paraissait tout
à fait supportable chez le voisin. A Vallorbe, tout un courant
politique surfe depuis longtemps sur le rejet des requérant-e-s
dasile, à partir de linstallation, en 2000, du
Centre denregistrement (CERA, puis CEP).
Une tradition dhostilité entretenue
Le coup denvoi de cette politique inhospitalière avait
été donné par deux conseillères communales
socialistes qui en 2002 déposèrent une motion pour
réduire les horaires de sortie des requérant-e-s
(pourtant déjà et encore limités à cinq
heures en journée seulement). En octobre 2004, une autre motion,
radicale celle-là, emprunte le boulevard ainsi ouvert et demande
la fermeture pure et simple du CERA. Dans la foulée, la
commission qui avait traité de la première motion
proposait dinterner dans le centre les requérant-e-s au
comportement inadéquat. Par ailleurs, tout requérant
coupable daction illicite verrait sa procédure
annulée et serrait renvoyé le plus rapidement possible.
Illicite, tout cela? Peu importe. Il fallait en effet
opportunément tirer parti dun fait divers qui avait vu un
requérant lituanien poignarder trois personnes dans un train.
Opportunément et démagogiquement, puisque ce NEM
(non-entrée en matière) ne pouvait en conséquence
pas fréquenter le CERA. Déjà, lune des
motionnaires socialistes fustigeait la présence des
requérant-e-s dans la gare «Maintenant, ils squattent la
gare et ses escaliers [
] Les gens nosent plus prendre le
train». Le journaliste du Courrier, visitant la gare, avait quant
à lui été frappé par une «vision de
désert total» (Courrier du 6.12.2004).
Lexécutif sur la même longueur donde
La Municipalité ne fut pas en reste sur le législatif
communal. Dans une lettre de juin 2006, digne de figurer dans le
bêtisier de la politique vaudoise, elle tenta dinterdire
à la caravane des opposant-e-s aux lois sur les étrangers
et lasile (LEtr-LASi) de stationner à Vallorbe, les
rendant mêmes entièrement responsables «des
événements qui pourraient se produire».
(solidaritéS N° 91 du 19.7.06). Le Conseil dEtat
vaudois dut prendre la plume pour rappeler à cette commune un
certain nombre dobligations légales et constitutionnelles
en matière de liberté dopinion et
dinformation ainsi que dexercice des droits politiques.
Exécutif et législatif vallorbiers ne se sont donc jamais
privés de franchir régulièrement la ligne blanche
de la légalité sagissant de lasile et des
requérant-e-s.
On ne peut donc quapprécier à sa juste valeur la
déclaration tonitruante du syndic libéral Laurent
Francfort, qui expliquait en 2004 avoir choisi le camp «des
autorités fédérales et de lODR». Il
est vrai quà lépoque, il sagissait
dexpliquer pourquoi la commune avait coupé la modeste
subvention communale que recevait lARAVOH (Association
cuménique vouée à laccueil des
requérants). Cette dernière, en accueillant dans ses
locaux un juriste du Service daide juridique qui aidait, le cas
échéant, les requérant-e-s à formuler leur
recours, avait, selon le chef de lexécutif, choisi son
camp. Une vision des choses leur camp et le nôtre
qui en dit long sur le sens de laccueil, pour ne pas parler de
lasile, de ce magistrat.
On notera enfin que si les requérant-e-s se tiennent à la
gare, cest à la suite du déménagement du
local daccueil, sis à lextérieur du CEP,
imposé à lARAVOH. Les autorités avaient en
effet considéré que le premier local, situé dans
le bourg, était responsable dun afflux indésirable
de requérant-e-s
Avant, cétait les
habitant-e-s qui ne se sentaient plus en sécurité,
maintenant cest les voyageurs-euses du TGV. Quoi quils
fassent, où quils soient, les requérant-e-s
gênent. Par définition. Parce que, voyez-vous
«ça nous bouffe notre temps, notre foie et notre village.
Jaime mon village et jaime mon prochain, mais jai
du mal à accepter que les gens que je fréquente traitent
ma commune de poubelle, à cause du bidonville quest
devenu le quartier de la gare» déclarait la
municipale radicale Nicole Lorenzini (24 Heures, 19.1.207). Et quand
«ça» nous bouffe le foie, «ça»
trouble un peu la vue aussi et lon finit par confondre une
poubelle qui déborde avec un bidonville
Pas darrestation au SPOP
La fin du débat parlementaire au Grand Conseil vaudois sur la
Loi dapplication de la loi sur les étrangers (LVEtr) a
permis de justesse il a fallu la voix
prépondérante de la présidente pour faire pencher
la balance de faire sauter le traquenard que
représentait la possibilité darrestation des
étrangers dans les locaux du Service de la population, à
loccasion dune convocation de routine (v.
solidaritéS N° 118 du 28.11.07). Ce léger mieux a
suffit aux libéraux pour refuser la loi!
Cest pour des raisons symétriquement inverses que le
groupe A Gauche toute! a maintenu son opposition à cette loi
discriminatoire et liberticide, qui viole systématiquement les
droits des migrants. A lexemple du sous-amendement du conseiller
dEtat Leuba, accepté durant le dernier débat, qui
oblige les autorités communales en matière de
contrôle des habitants à dénoncer toutes les
infractions à la LEtr.