Le référendum contre la LME, comme une lettre à la Poste ?
Le référendum contre la LME, comme une lettre à la poste ?
La possibilité de sopposer, avec un sérieux rapport des forces, à libéralisation du marché de lélectricité, mise en chantier en Suisse depuis des années par le Conseil fédéral, était il y a cinq ou six mois seulement une conviction de bien peu de militant-e-s, face au fatalisme envers un processus, présenté comme naturel et inéluctable par les idéologues néolibéraux et face à lhabile entreprise cosmétique relayée par un large courant de socialistes et de verts, notamment alémaniques, ayant pour objet de repeindre cette loi aux couleurs de lécologie ou même du combat antinucléaire.
Aujourdhui, avec le dépôt imminent du référendum, le rapport de forces a changé. Un front politique, syndical et associatif large sest constitué. Le référendum a gagné un soutien significatif dans toutes les régions du pays. Il est évidemment impératif – au-delà de la satisfaction légitime de ceux qui ont mouillé leur chemise dans cette campagne – de ne céder à aucun triomphalisme. Ce nest que le premier round qui se termine, il faudra être capable délargir encore et de consolider le front référendaire et son ancrage dans la population au cours de la longue marche vers la votation fédérale de décembre, si nous voulons avoir quelques chances de mettre alors un cran darrêt au rouleau compresseur de la droite patronale.
Trois éléments ont – entre autre – joué en faveur du réfé-rendum. Le premier cest la catastrophe découlant de la libéralisation électrique en Californie, où à lépreuve des faits, les recettes du tout-au-marché ont montré de manière spectaculaire leurs effets antisociaux et antiécologiques et leur réelle finalité: créer des nouveaux champs pour le profit des spéculateurs.
Un deuxième facteur à souligner, cest la coïncidences de cette bataille avec lémergence toujours plus forte de la contestation face à la mondialisation du capitalisme néolibéral qui a connu un écho plus important que jamais avec la confrontation Davos – Porto Alegre de janvier, qui a fait progresser de manière significative lidée dune lutte irréconciliable entre deux camps, qui nous a apporté un souffle nouveau et contribué à propager largement lidée que dautres solutions sont possibles que celles distillées par les porteur deau du capital.
Un troisième facteur est lié à la poursuite du plan de démontage de notre service postal public, de son réseau doffices et de ses places de travail, qui suscite – encore une fois – une poussée de déclarations doppositions aux quatre coins du pays et jusque sur les bancs du parlement fédéral. Les militant-e-s du référendum le savent, nombre de signataires ont été convaincus de la nécessité de sopposer au processus de privatisation électrique par lexemple des effets de cette voie là en matière de bureaux de poste.
Avec lAlliance de Gauche, nous avons proposé il y a plus dun an le lancement dune initiative populaire fédérale pour défendre le réseau postal, nous la voyions comme un des moyens de soutenir la mobilisation populaire pour la défense des postes, dont les habitant-e-s de Saint-Jean ont été parmi les porteurs les plus actifs. Nous la voyions aussi comme un moyen de gagner des appuis élargis, chez les usagères/ers du service public, à lopposition au démontage du statut de la fonction publique par la LPers. Elle aurait été aujourdhui un élément du rapport de forces contre les plans de démantèlement qui ont pris le relais du projet dit Optima.
Aujourdhui cette idée resurgit. Dans le Jura, des postiers ont pris linitiative de constituer un comité dans ce sens, Attac appelle à une assemblée le 7 avril à Berne pour débattre de lopposition au démantèlement du réseau postal et discuter de ses moyens, notamment celui dune initiative. Le Syndicat de la Communication se pose aujourdhui la même question…
Nous nous en réjouissons, car nous pensons en effet, quune telle initiative peut jouer un rôle positif. Non seulement dans la perspective dune votation populaire qui aura lieu dans plusieurs années, mais dans nos campagnes daujourdhui, y compris contre la LME… solidaritéS participera donc activement aux discussions autour de ce projet, et à sa concrétisation, comme lADG dailleurs, qui a lancé un appel à rejoindre lassemblée dAttac du 7 avril à Berne.