L'OMS soutient des groupes de pression industriels au dépends de la vie (et des vies) sur terre!







L’OMS soutient des groupes de pression industriels
au dépens de la vie (et des vies) sur la terre!

Depuis 1986, sous la
pression d’intérêts privés,
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a activement
participé à une opération de
camouflage des conséquences sanitaires du plus grave
accident industriel que le monde ait connu.

Aujourd’hui, elle est accusée de «vingt-deux ans
de silence, complicité et mensonges»…

Vendredi 28 mars 2008, devant l’entrée de
l’OMS, Danielle Mitterrand a dit : «Je manifeste
avec la « Vigie d’Hippocrate » parce que nous voulons savoir. Dites-nous
la vérité. Il y a un mensonge permanent sur les
chiffres, sur les risques pour nos enfants – un mensonge par
l’OMS, par l’AIEA et par des Etats…» Portant une
affiche où l’on pouvait lire les mots «Crime of
Chernobyl, WHO Accomplice», elle a participé
à la «Vigie d’Hippocrate» pendant une
demi-heure avec Catherine Legna, Présidente de France
Libertés, qui elle, portait une affiche avec les mots
«Revise the agreement between WHO and
the IAEA». (v. photo ci-dessous)

Un conflit d’intérêt permanent
et fatal

En effet, le fameux accord conclu en 1959 par l’OMS avec l’Agence
Internationale sur l’Enérgie Atomique (AIEA),
l’empêche d’enquêter, de rendre compte et d’agir
sur les accidents nucléaires – ainsi que sur toute
activité nucléaire – qu’elle soit civile ou
militaire.

Le mandat de l’AIEA, agence onusienne qui dépend du Conseil
de sécurité, est de promouvoir l’utilisation de
l’atome. Il s’agit donc d’un lobby industriel. Si
la Fédération Internationale d’Associations des
Fabricants Pharmaceutiques (IFPMA) était une agence
onusienne, ce ne serait pas plus absurde.

Des groupes antinucléaires, comme ContrAtom et la CRIIRAD et
des associations de défense des droits des populations
affectées comme Les Enfants de Tchernobyl Belarus, ont
dénoncé cet évident conflit
d’intérêt pendant des années et ils ont
réussi, en 2002, à faire poser la question durant
l’Assemblée mondiale de la Santé. Rien n’a
été fait. On a réussi,
vraisemblablement, à étouffer la question.

Ainsi, l’OMS a choisi d’honorer un accord
déshonorant plutôt que de fournir les soins – sur
la base des données fiables – aux victimes (celles qui sont
encore en vie), pour leurs nombreuses, horrifiantes et dangereuses
maladies.

En outre, des informations essentielles pour la prise de
décisions responsables touchant à la continuation
de la vie sur terre sont refusées par l’autorité
même dont le mandat est d’informer les peuples du
monde sur tout ce qui concerne la santé.

Les mensonges en haut lieu

En juin 2007, l’OMS a prétendu, par le biais de
son porte-parole, que les actes de la Conférence
Internationale des Conséquences sanitaires de Tchernobyl,
tenue à Genève en 1995, avaient
été dûment publiés. Ce n’est
pas le cas. Les actes de la Conférence de Genève
(1995) et de la Conférence de Kiev (2001) sur le
même sujet, n’ont en effet jamais été
publiés!

Le docteur Hiroshi Nakajima, ancien directeur de l’OMS, a
expliqué – avec une franchise admirable – les raisons de
cette censure: soit l’accord avec l’AIEA… Cette
explication a été enregistrée dans un
documentaire de la Télévision suisse-italienne
(TSI) ainsi que dans un livre du cinéaste en question.1

La fausse déclaration du porte-parole en
question a été rapportée par Charaf
Abdessemed dans le GHI (Genève Home Information), journal
gratuit distribué à 200 000 ménages
à Genève. Les militant-e-s
antinucléaires ont alors promptement demandé
à l’OMS de pouvoir recevoir copies de ces actes
«disparus», mais n’ont reçu aucune
réponse. Cependant, la correspondante médicale du
journal britannique The Guardian a elle-aussi posé la
question et a reçu une réponse écrite
(courriel disponible sur demande) de la part du Département
des Radiations en passant par le Bureau du Directeur
général.

Elle a été
«informée» que «les rapports
des deux conférences ont été
publiés». Des références
étaient fournies à la collection des
résumés (pour la Conférence de Kiev)
et à une sélection de 12 articles (sur un total
de plusieurs centaines) soumis à la Conférence de
Genève. Or ce ne sont-là ni des rapports, ni des
actes des conférences en question.

Statistiques grotesques

L’OMS ne cesse de reproduire les statistiques de
l’AIEA et du lobby nucléaire sur la
mortalité et la morbidité résultant de
l’accident de Tchernobyl (56 morts et 4000 cancers de la
thyroïde).2 Les chercheurs-euses
indépendants estiment qu’il y a eu des centaines
de milliers de morts dans les régions les plus
affectées3 et jusqu’à un
million dans le monde entier. Entre 600 000 et un million de jeunes
hommes et femmes – les «liquidateurs» – ont
travaillé pour éteindre le feu, et ensuite
construire le sarcophage afin d’isoler le réacteur. Ils ont
sauvé l’Europe – mais ont été
exposés à des doses horrifiantes de
radioactivité.

Selon l’Ambassade de l’Ukraine, 25 000 de leurs liquidateurs
étaient déjà morts en 2001. Les
populations affectées n’ont eu d’autre choix que
de consommer des aliments contaminés pendant 22 ans. Les
enfants sont particulièrement vulnérables et dans
beaucoup de régions, il est difficile de trouver un seul
enfant en bonne santé. Pour plus d’informations, se
référer aux deux résumés
sur les conséquences sur la santé (v. notes 4 et
5). A la lumière de ces énormes
décalages et contradictions, les mensonges de l’OMS
apparaissent dans toute leur extravagance.

Une science indépendante, sérieuse et
libre de toute influence des conglomérats

Il y a presque deux ans, Independent WHO / OMS Indépendante
(voir le site www.independentwho.info) a
été fondé pour exiger
l’indépendance totale de l’organisation en
matière de radiation et de santé.

Le collectif maintient depuis un an déjà une
présence permanente à l’entrée de
l’OMS avec une, deux ou trois personnes chaque jour,
été comme hiver, de lundi à vendredi,
et de 8h00 à 18h00. Malgré des lettres et
invitations diverses, l’OMS n’a jamais donné de
réponse. Néanmoins, les ami-e-s à
l’intérieur de l’organisation nous ont communiqué
que «les gens dehors sont une source»
d’inquiétude majeure pour l’administration.

Cette «Vigie d’Hippocrate» (v. photo ci-contre)
maintiendra sa présence jusqu’à ce que
l’OMS retrouve son indépendance
vis-à-vis du lobby nucléaire. Plus de 160
personnes (principalement de France) y ont déjà
participé, et de plus en plus de personnes
s’inscrivent chaque mois. Le soutien en provenance des partis
politiques, des ONGs et des citoyen-ne-s qui se portent volontaires
pour loger les vigies, est en constante augmentation. Le collectif a
lancé un Appel des Professionnels de la Santé
pour l’Indépendance de l’OMS (objectif: 1000
signatures pour mai 2008) et une résolution a
été préparée pour
présentation à la prochaine Assemblée
mondiale de la Santé en mai 2008 (www.independentwho.info)

Négligence
criminelle et responsabilité des fonctionnaires
internationales6

D’autre part, une importante initiative d’ordre légal
prévoit la remise d’un dossier complet et à jour,
contenant des preuves scientifiques et médicales issues de
la recherche indépendante sur les conséquences
sanitaires et environnementales de la catastrophe de Tchernobyl, aux
personnes haut-placées parmi le personnel de
l’OMS, dont Madame Chan, la Directrice
générale. Ainsi, ils seront informés
que dans n’importe quel procès à venir, ils ne
pourront en aucun cas prétendre qu’«ils-elles ne
savaient pas».

Si les études soumises lors de ces deux
conférences avaient été rendues
publiques, et si l’OMS avait entrepris des
évaluations sérieuses sur les
conséquences sanitaires des activités
nucléaires civiles et militaires, depuis la
Deuxième guerre mondiale et durant
l’ère des essais nucléaires,
l’utilisation de l’atome aurait été
rejetée comme suicidaire et/ou génocidaire.

Il est même possible que la catastrophe de Tchernobyl
n’aurait ainsi jamais eu lieu parce que la diffusion des
preuves scientifiques sur les conséquences sanitaires des
accidents/guerres nucléaires aurait rendu impossible la
construction de réacteurs nucléaires civils.

L’abdication des responsabilités de l’OMS dans la
radioprotection des populations sera qualifiée de crime
contre l’humanité. Si le personnel et les directeurs des
départements techniques responsables du domaine de la
radiation ionisante avaient été tenus
responsables en tant que fonctionnaires internationaux
vis-à-vis du public pour leur interprétation du
mandat de l’OMS, la dissimulation du crime de Tchernobyl (et
les conséquences sanitaires des crimes de Hiroshima,
Nagasaki, des essais nucléaires et de l’utilisation de
l’uranium appauvri dans des armes aujourd’hui…) auraient
été révélées il
y a des années déjà.

Beaucoup de vies auraient été sauvées
et des décisions responsables sur les options
énergétiques du futur seraient possibles.

Alison Katz


Notes et
références:

1.    Wladimir Tchertkoff. Le
crime de Tchernobyl: le goulag nucléaire. Actes Sud, Arles
2006.
2.    UNDP. The Chernobyl Forum.
Chernobyl’s legacy: health, environmental and socio-economic
impacts. Vienna, April 2006.
3.    Greenpeace. The Chernobyl catastrophe:
Consequences on human health. 2006.
4.    Michel Fernex. La santé:
états des lieux vingt ans après. Dans Galia
Ackermann et al. Les silences du Tchernobyl. Autrement, Paris, 2006.
5.    Alex Rosen. Effects of the Chernobyl
catastrophe. Literature review. January 2006. www.ippnw.org/ResourceLibrary/Chernobyl/120Rosen.pdf

6.    Alison Katz. The independence of
international civil servants during the neoliberal decades.
Implications of the work stoppage involving 700 staff of the World
Health Organization in November 2005. International Journal of Health
Services, Volume 38, Number 1, p. 161-182. January 2008.