Avec Berluscoli ou Blair, le capital joue à "Pile je gagne, face tu perds"
Avec Berlusconi ou Blair
Le capital joue à
«pile je gagne, face tu perds»
Comment reconstruire le champ de lalternative à gauche ?
A droite, Berlusconi était donné gagnant en Italie. Sa victoire électorale est aujourdhui chose faite. «A gauche», Blair est donné gagnant en Angleterre. Sa victoire électorale nest sans doute plus quune question de jours. Pourtant, leurs programmes se ressemblent et répondent aux attentes des secteurs dominants de la bourgeoisie: baisses des impôts, libéralisation des marchés, flexibilisation du travail, privatisation du secteur public.
Tout se passe comme si le patronat jouait à «pile je gagne, face tu perds» en présentant aux électrices et aux électeurs le choix entre deux versions dune même politique au service de ses intérêts stratégiques. Dès lors, lenjeu des scrutins nationaux se réduit de plus en plus à la question de savoir si cest lOlivier (coalition de la gauche modérée en Italie) ou Forza Italia, le New Labour ou les Tories, le RPR-UDF ou la Gauche Plurielle, qui conduiront une politique de démontage social dans les quatre ou cinq ans à venir.
Cest pourquoi, la capacité de reconstruire le «champ de lalternative», de développer des «alliance socialistes» à la gauche de la social-démocratie ou de rassembler les forces «100% à gauche» constituent des enjeux essentiels. Par rapport à de tels objectifs, la question de savoir si le centre gauche triomphera du centre droite ou si cest linverse est sans importance. Du point de vue de ses intérêts, la Confindustria (faîtière patronale italienne) défend dailleurs une position identique (voir notre article sur les élections italiennes).
Selon les système électoraux, la promotion dune alternative socialiste peut «mettre en danger» la victoire du centre gauche. LItalie vient den offrir lexemple. Fallait-il pour autant que le Parti de la Refondation Communiste (PRC) jette son programme aux orties pour soutenir la politique anti-sociale de lOlivier ? Faudra-t-il demain que la gauche anticapitaliste française conditionne, et rende donc plus difficile encore, son éventuel regroupement, aux présidentielles ou aux législatives, à une position de vote commune au deuxième tour? Enfin, pouvons-nous sérieusement continuer en Suisse à soutenir des candidatures comme celle de Christiane Brunner aux Etats, au risque de semer la confusion dans nos propres rangs?
En France, des journaux comme Libération ont tiré rapidement les leçons de lItalie, mettant violemment en cause la «politique du pire» de la gauche radicale. La mauvaise conscience de certains les incite même à justifier leur ralliement à la gauche libérale au nom de la nécessité du front unique contre les périls dextrême droite représentés par un Fini en Italie ou un Millon en France. En même temps, le ton est monté dun cran entre Jospin et Hue, afin sans doute de donner une image plus conflictuelle de la pluralité au sein dun gouvernement pourtant singulièrement uni lorsquil sagit de reculer devant les exigences du capital.
Il nest pas possible de reconstruire un projet alternatif socialiste qui rompe clairement avec les options néolibérales menées à lunisson par les coalitions au pouvoir, quelle que soit leur couleur politique apparente, sans refuser de prendre la moindre responsabilité dans les politiques quelles conduisent. Cest le chemin suivi par Refondation Communiste en Italie, par lAlliance Socialiste en Grande-Bretagne, ainsi que par les principales forces de la gauche radicale française. Cette discussion nous concerne très directement.