Ateliers CFF de Bellinzone: la première destination est atteinte

Ateliers CFF de Bellinzone: la première destination est atteinte

Nous publions ci-dessous
l’éditorial du bimensuel Solidarietà (N° 11,
5.6.2008), publié au Tessin par le MPS-Gauche anticapitaliste,
qui fait le point sur la situation aux Ateliers CFF après la
deuxième rencontre de la table ronde. Pour ceux et celles qui
douteraient de la volonté des CFF de réduire les salaires
et de «normaliser» la situation à Bellinzone, nous
publions en encart un extrait de l’entretien accordé par
le directeur des CFF, Andreas Meyer, aux journaux Le Temps et Tages
Anzeiger du 31 mai 2008.

La deuxième rencontre de la table ronde portant sur
l’avenir des Ateliers CFF de Bellinzone s’est conclue par
ce que l’on peut définir comme une victoire pour les
travailleurs des Ateliers. Naturellement, les termes
«victoire» et «défaite» sont des
vocables devant toujours être relativisés dans le cadre de
processus sociaux complexes, tel ce conflit difficile qui a
démarré le mois de mars passé. Comme l’a
justement fait remarquer un syndicaliste pendant la récente
journée de discussion qui s’est tenue le 31 mai à
Bellinzone, rien n’est jamais «gagné» ou
«perdu» définitivement: les forces
«défaites» ou «victorieuses» continuent
à agir pour chercher à récupérer ce
qu’elles ont dû concéder ou pour défendre ce
qu’elles ont conquis. Cette mise au point nécessaire
faite, il n’y a pas de doute que les travailleurs des Ateliers
ont marqué des points décisifs sur trois questions
fondamentales:

• D’abord, sur le fait que la structure de base des Ateliers
restera la même qu’aujourd’hui,
c’est-à-dire une structure publique dans laquelle sont
entretenus les wagons et les locomotives. Dans le cadre de la dynamique
de privatisation clairement annoncée le 7 mars dernier, il
s’agit d’un point crucial, à partir duquel il est
possible de construire maintenant une politique d’avenir
concrète.

• Le deuxième point fondamental est l’annulation des
lettres d’intention signées par les CFF avec certaines
entreprises privées (Ferriere Cattaneo et Josef Meyer en premier
lieu) pour la constitution d’une société mixte qui
puisse s’occuper de la maintenance des wagons. Il s’agit de
la fin de cette hypothèse d’externalisation, autour de
laquelle aurait dû prendre forme une politique de privatisation
du secteur des wagons.

• Le troisième point est l’engagement, arraché
à la table des négociations, de nouveaux investissements
à hauteur de 10 millions de francs de la part des CFF pendant
les prochaines années. En attendant de définir les
nouveaux objectifs et les investissements ultérieurs, dans le
cadre des discussions et négociations qui devront continuer. En
vue d’un projet de développement d’un pôle
technologique et productif centré autour des Ateliers de
Bellinzone.

Comme nous l’avons déjà dit, tout cela est
naturellement très positif. Du point de vue des orientations de
fond, cela représente un brusque coup de frein, pour les
années qui viennent, aux projets des CFF, à leur ligne de
privatisation orientée vers le marché et la valorisation
du capital. Ce n’est certes pas un abandon de ces projets, comme
le directeur des CFF Andreas Meyer l’a confirmé encore ces
derniers jours, dans une interview au Tages Anzeiger, rassuré
par le fait que, mis à part le cas de Bellinzone, «les
objectifs de ce programme ont été atteints à
90%». (voir ci-contre, réd.)

Les programmes d’«optimisation» (c’est ainsi
qu’ils se nomment) sur lesquels les CFF continuent à
insister sont essentiellement centrés sur les politiques
d’économies passant par la baisse des salaires et la
détérioration des conditions de travail du personnel des
Ateliers. Les CFF chercheront à échanger le maintien des
Ateliers dans leur structure actuelle contre une forte
dégradation des conditions de travail. L’insistance avec
laquelle, depuis quelques jours, les CFF mettent en évidence le
«privilège» des travailleurs des Ateliers,
payés 15 à 20% de plus que leurs collègues du
secteur privé en est un exemple significatif.

Nous avons gagné du temps et nous devons l’utiliser au
mieux pour deux objectifs. D’un côté, pour
poursuivre et approfondir les projets et les propositions qui puissent
renforcer les Ateliers, leurs activités (avec
l’acquisition de nouvelles activités et de nouveaux
clients); de l’autre, pour répondre à la
volonté des CFF d’améliorer la
«compétitivité» des Ateliers sur le dos des
travailleurs. Il sera décisif, en priorité, de savoir
maintenir à un haut niveau l’unité et la
mobilisation des travailleurs; à partir de là, tout le
reste (l’implication de la population, des diverses institutions
et des autorités) deviendra possible. Et garantira de nouveaux
et nécessaires succès.

Traduction de la rédaction.


Andreas Meyer, directeur des CFF: « L’exploitation des ateliers doit absolument se normaliser »

Le Temps: La deuxième table ronde sur CFF Cargo a eu lieu
jeudi. Rétroactivement, vous y prendriez-vous autrement?

Andreas Meyer: Bellinzone ne
constituait qu’une partie du paquet d’assainissement de CFF
Cargo. Je constate que les objectifs de ce programme ont
été atteints à 90%.

LT: Qu’attendez-vous de la table ronde?

A.M: Je suis satisfait de voir
qu’un groupe de travail a été créé
avec mandat de préparer un plan permettant de rendre les
ateliers de Bellinzone compétitifs d’ici à 2010. Il
y a un grand travail de rattrapage à faire. Le groupe de travail
doit réfléchir au handicap que représentent par
exemple les salaires. Les collaborateurs des ateliers de Bellinzone
gagnent jusqu’à 20% de plus que leurs collègues du
secteur privé au Tessin. Je suis satisfait de constater que les
partenaires se sont entendus sur le plan d’action. C’est
indispensable pour que les ateliers soient concurrentiels. Mais il y a
une condition préalable à remplir. L’exploitation
des ateliers doit absolument se normaliser. Nous devons avoir comme
interlocuteur une commission du personnel et non un comité de
grève.