Venezuela: menaces contre la révolution bolivarienne
Venezuela: menaces contre la révolution bolivarienne
Malgré de fréquentes
hésitations du pouvoir chaviste, le processus
révolutionnaire continue davancer au Venezuela et
à faire peur à ses détracteurs. Ainsi, les
dernières menées de lopposition,
étroitement liée aux Etats-Unis, mais aussi au pouvoir
colombien et à lextrême droite mexicaine, ne sont
pas à prendre à la légère
Pour la première fois, divers officiers de larmée
vénézuélienne ont été
arrêtés pour conspiration, le 17 septembre 2008. Selon
José Vicente Rangel, ex-Vice-président de la
République, ces derniers avaient le projet dattaquer
lavion présidentiel en vol, durant lun de ses
nombreux déplacements. Plusieurs conversations
téléphoniques allant dans ce sens et ne laissant aucun
doute sur les intentions des militaires ont été
enregistrées et aussitôt diffusées dans
lémission de Venezolana de Televisión, «La
Hojilla».
Par ailleurs, lors des premiers interrogatoires, les détenus ont
admis leur participation à ce nouveau plan de
déstabilisation. Le vice-amiral Millán Millán, qui
fait office de coordonnateur de la conspiration, et le
général Báez Torrealbaint ont aussi avoué
avoir eu des contacts avec lextérieur.
Toujours selon Rangel, des contacts civils, liés à
lextrême droite mexicaine, auraient aussi
été découverts, chargés notamment de
recueillir de largent pour les conspirateurs. Rangel a aussi
accusé Juan Manuel Santos, ministre de la Défense de la
Colombie, dêtre le dirigeant de la conjuration,
dénonçant des contacts permanents avec lopposition
vénézuélienne et des militaires
vénézuéliens en retraite.
Enfin, de forts soupçons pèsent sur les Etats-Unis quant
à un soutien logistique éventuel. De fait, il y a peu de
chance que ce soit le hasard qui ait fait se porter dans les eaux
vénézuéliennes la Quatrième Flotte, avec 24
navires militaires de divers tonnages. De la même manière,
la CIA aurait été très active sur ce dossier, au
travers de divers conseillers du Département dEtat
états-unien, comme Roger Noriega (ambassadeur ultraconservateur
des USA auprès de lOEA), Otto Reich (lhomme de
Bush et de Lockheed en Amérique latine) et John Walters
(Directeur de lOffice national US de contrôle de la
drogue, paravent de nombreux projets dintervention dans le
sous-continent).
Ces épisodes démontrent lactivité toujours
incessante de lopposition vénézuélienne qui
na pas renoncé à renverser Chávez par la
force, puisque la voie démocratique semble clairement len
empêcher. Ils font écho aux tristes
événements de Bolivie où les Etats-Unis utilisent
les mêmes méthodes, soit le soutien financier et
logistique à lopposition locale, pour tenter de renverser
le pouvoir élu. Dans un tel contexte, il nest
guère étonnant de voir quà quelques heures
dintervalle, Morales et Chávez ont expulsé leur
ambassadeur états-unien respectif.
Chávez dérange, la pression constante des Etats-Unis le
démontre une fois de plus. Ses attaques verbales incessantes
contre limpérialisme US, ses rapprochements avec
lIran ou la Russie sont autant de piques contre
lhégémonie nord-américaine.
Mais au-delà, cest bien le modèle de
société en construction au Venezuela qui gêne les
Etats-Unis. Certes, le processus est chaotique, encore trop soumis aux
décisions de Chávez et parfois beaucoup trop timide dans
ses avancées.
Ainsi, toutes les mesures prises doivent être approfondies par
des luttes afin que, par exemple, les entreprises nationalisées
soient gérées démocratiquement par les
salarié-e-s. En effet, il ny a pas de transition possible
sans prise en main des mesures prises den haut par les
travailleurs et travailleuses eux-mêmes. Mais cela nest
pas de la seule responsabilité de lEtat et de
Chávez.
Le président vénézuélien ne va pas
réduire son influence de lui-même. Ceci se fera seulement
si les travailleurs et travailleuses sont capables de sunir afin
de constituer une force indépendante et de se doter de
structures massives dauto-organisation.
Lavenir de la Révolution bolivarienne nest pas de
la seule responsabilité dHugo Chávez. Il
dépendra surtout de la capacité propre des travailleurs
et travailleuses dêtre lacteur principal et
incontournable du processus.
* Extrait dun rapport sur la
situation actuelle au Venezuela, daté du 26 septembre 2008,
annoncé dans le prochain numéro de la revue Inprecor
(à paraître).
Contre les barons de léthanol, soutenons la grève des coupeurs de canne de la Valle de Cauca en Colombie
18 000 coupeurs de canne à sucre sont actuellement en
grève dans la Valle del Cauca en Colombie, une région qui
produit 21,1 millions de tonnes de canne, 2,3 millions de tonnes de
sucre et 275 millions de litres déthanol.
Ils revendiquent des augmentations de salaire et la suppression des
prétendues «coopératives de travail
associé» mises en place par le gouvernement.
Ce système, déjà expérimenté en
Argentine et au Brésil, est fondé sur la sous-traitance
des opérations les plus intenses en travail à de petites
entreprises, soi-disant coopératives, au sein desquelles
travailleurs et travailleuses sont prétendument associés,
et sont donc leurs propres patrons, privés des droits
fondamentaux des salarié-e-s (syndicalisation, protection
sociale, droit du travail, etc.). Les salaires effectifs se montent
ainsi à 230 $ par mois pour 70 heures de travail par semaine!
Vu labsence de services de santé et de programmes de
préventions des risques, on assiste à la multiplication
des cas de paralysie partielle ou totale, de lésions des
extrémités, de blessures infectées par les eaux
contaminées ou les produits toxiques. De plus, les coupeurs de
canne ne reçoivent aucun soin de la part des
propriétaires des plantations qui prétendent
navoir aucune relation contractuelle de travail avec eux. Il en
va de même des assurances sociales de base, comme les pensions de
vieillesse, dont ces ouvriers et ouvrières sont privés.
Pour La Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT) de Colombie: «La
production actuelle déthanol de la région a
été imposée par les pays du Nord qui cherchent
ainsi à résoudre leur déficit
énergétique». Elle bénéficie
dimportants subsides de lEtat colombien (153 millions de
dollars dexemptions fiscales, selon la CUT), qui définit
les zones de plantation dagrocarburants comme des «Zones
franches spéciales.»
La grève des travailleurs de la Valle del Cauca a besoin de
notre solidarité. Comme le dit le président de la
Fédération latino-américaine des travailleurs du
sucre, Bueno de Camargo: «Les traités de libre commerce
avec les Etats-Unis sont au service exclusif des oligarchies
nationales. Léthanol, nouvelle vedette des combustibles
alternatifs, ne produit aucun bénéfice pour les
travailleurs et les paysans [
] , alors quil
représente un véritable désastre en termes
sociaux, économiques et environnementaux. [
] Afin
dapprofondir la lutte globale pour une société
juste et solidaire, où les exigences du parc automobile de
lEurope et des Etats-Unis ne sont pas placées au-dessus
de la qualité de la vie et de la souveraineté alimentaire
de millions de personnes, il faut que nous fassions nôtre la
lutte des travailleurs et travailleuses de la Valle del Cauca et que
nous appuyions de toutes nos forces leurs revendications
légitimes.»