«Des milliards pour l’UBS, mais pas un sou pour l’AVS»

«Des milliards pour l’UBS, mais pas un sou pour l’AVS»

Entre 300 et 400 personnes ont
manifesté vendredi 7 novembre à Lausanne pour protester
contre les 70 milliards de francs accordés à l’UBS
par un Conseil fédéral qui, dans le même temps,
s’attaque de manière frontale aux retraites et à
l’assurance chômage.

Unité d’action à gauche du PS

Après Genève et Zurich, ce sont les forces progressistes
du canton de Vaud qui ont manifesté leur colère contre le
plan de sauvetage de l’UBS. Cela faisait longtemps, si l’on
excepte certaines manifestations de la fonction publique, que les
organisations et syndicats situés à la gauche du Parti
socialiste ne s’étaient pas retrouvés dans la rue
pour manifester, de manière unitaire, autour d’une
question politique précise.

Et c’est là sans doute le point le plus positif à
relever: une telle unité d’action est en effet
indispensable pour faire face à ce véritable état
d’exception qui a été décrété
par le Conseil fédéral pour sauver les capitalistes, en
puisant allégrement dans les fonds publics.

On peut néanmoins souligner la difficulté à
mobiliser largement, c’est-à-dire au-delà de nos
propres rangs militants, pour un sujet aussi important. 300 à
400 personnes dans la rue, en effet, cela ne reflète pas la
forte colère des classes populaires face à la
volonté du gouvernement de payer la noyade d’UBS avec leur
argent. Même si le temps à disposition, insuffisant pour
appeler à manifester aussi largement qu’il aurait fallu,
ainsi qu’un agenda militant très chargé, peuvent
tenir lieu de circonstances atténuantes, il faut regretter que
cette forte colère n’ait pu déboucher sur une
mobilisation publique vraiment large.

Petite consolation néanmoins: chacun sait désormais
pourquoi le Parti socialiste n’a pas soutenu cette manifestation,
et la raison vaut quand même qu’on s’y arrête.
Le Courrier du 8 novembre révèle en effet le motif secret
–  parce que jamais évoqué lors de la
réunion de préparation unitaire à la manifestation
où les représentant-e-s des roses étaient pourtant
présents – qui explique pourquoi le PS
n’était pas de la partie : l’absence de service
d’ordre dans la manifestation!

On appréciera la profondeur politique de l’argument et on
saluera ce souci indéfectible de l’ordre public, comme si
la mobilisation de tout ce que Lausanne compte de policiers
anti-émeute mis – inutilement – sur le pied de
guerre dans les rues adjacentes à la manifestation ne suffisait
pas à protéger les vitrines d’UBS…

Pour un pôle bancaire public

Des orateurs-trices représentant différentes
organisations signataires de l’appel à manifester ont pris
la parole à la fin du rassemblement pour développer des
arguments qui ont très rarement leur place dans les
médias dominants, pour ne pas dire jamais: par exemple la
nécessité de lever le secret bancaire pour garantir un
contrôle démocratique et social sur les richesses
détenues par les banques et pour en finir avec
l’évasion fiscale massivement pratiquée par les
riches, ou encore l’idée de rassembler les banques suisses
dans un pôle public bancaire placé sous le contrôle
direct des salarié-e-s et des usagers-ères, qui serait
à même de financer les priorités
décidées par la population (logement, énergies
renouvelables, services publics).

L’orateur représentant l’Union syndicale vaudoise a
d’autre part souligné que le mot d’ordre de la
manifestation – «70 milliards pour l’UBS et pas un
sous pour l’AVS» – était on ne peut plus
opportun en vue de la votation du 30 novembre où il
s’agira de dire OUI à l’initiative pour une AVS
flexible. Notons enfin que l’Union syndicale suisse appelle
à une nouvelle manifestation contre le plan de sauvetage de
l’UBS samedi 15 novembre à Zurich.

Hadrien Buclin