Conférence d’examen de Durban à Genève :

Conférence d’examen de Durban à Genève :
manifestation nationale et internationale contre le racisme le 18 avril

La conférence mondiale contre le racisme débute à
Genève le 20 avril 2009. Près de huit ans après
celle de Durban, elle fera le point sur le racisme dans le monde.
Migrants, minorités, peuples autochtones, peuples vivant
l’occupation ou d’autres formes de discriminations, peuples
victimes du colonialisme et de l’esclavage,
réfugié·e·s et Roms sont-ils
aujourd’hui plus respectés qu’alors ?

La déclaration et le programme d’action de Durban se
tournaient en 2001 vers toutes les victimes des différentes
formes du racisme. Les milieux concernés constatent que leur
condition a empiré. Dès le 17 avril, le Forum de la
société civile se réunira à Genève.
Il transmettra à la Conférence les conclusions de ses
travaux, ses préoccupations, ses attentes.

Le racisme hier

Les idéologies racistes sont nées au 19e siècle.
Elles sont nées du nationalisme, qui mythifie les Etats nations
et s’impose aux peuples en proclamant leur génie
racial ; de l’antisémitisme, qui ajoute à la
judéophobie chrétienne la haine moderne des Juifs
accusés d’être sans-patrie; du colonialisme qui
justifie la civilisation de la « race
blanche » ; de l’élitisme des classes
dominantes qui nourrit le ressentiment des classes opprimées.
    Le monde a changé. Les anciennes colonies ont
acquis le statut d’Etat indépendant et une
représentation au sein de l’Organisation des Nations
Unies. A marche forcée, la mondialisation de
l’économie redessine la carte du monde. Elle bouscule les
Etats nations et avec eux les identités nationales et
culturelles.

… et aujourd’hui

Le monde a peu changé. À l’offensive, le
capitalisme s’est attaqué à la gauche avec laquelle
il négociait au cours des « Trente
glorieuses ». Il démantèle les acquis des
ressortissants des anciennes puissances coloniales et occidentales.
    Ses anciennes colonies subissent elles aussi son
pillage. Certaines l’imitent en développant un capitalisme
qui profite des bas salaires qu’il impose. Sur la terre
entière, les migrants suivent les richesses volées
à leur pays et cherchent un travail ou un refuge dans les pays
qui ruinent les leur ou qui y entretiennent la guerre.
    L’illusion que les inégalités
sociales et internationales auraient une cause naturelle ou raciale
dissimule l’aggravation de ces inégalités. Aux
racismes anciens, produits de malheurs passés qui n’ont
pas connu de réparations, s’ajoutent des formes nouvelles
de ce fléau.

Le ventre est encore fécond d’où est sortie la bête immonde

Au cœur des anciennes puissances coloniales émerge un
racisme identitaire et victimaire pour combattre le soi-disant
affaiblissement de la race blanche. Parmi les régions qui
avaient été soumises aux anciennes puissances coloniales
s’étendent des idéologies, nationalistes et
racistes qui veulent elles aussi imposer leur influence. Elles
confortent la croyance en un « choc des
civilisations » et contribuent à désinhiber
le racisme occidental contemporain. Avec le départ de Bush, la
lutte contre l’axe du mal est peut-être terminée.
L’alliance contre le terrorisme, ce dangereux fourre-tout, a
encore de beaux jours devant elle.
    Contre de telles conditions, contre le capitalisme
et les pouvoirs qu’il impose n’existerait-il aucune
communauté d’intérêts qui unisse tous les
peuples de la Terre, au-delà des frontières nationales,
raciales et religieuses qui les divisent ?

Mobiliser contre le racisme.

La Suisse accueille la Conférence mondiale contre le racisme.
Applique-t-elle la Convention de l’ONU contre la discrimination
qu’elle a ratifiée il y a 15 ans ? Après
avoir examiné le rapport de la Suisse, le Comité pour
l’élimination de la discrimination raciale formulait, le
11 août 2008, de sévères conclusions.
    Il relevait que la législation suisse ne
définit pas la discrimination raciale conformément
à la Convention. Il notait la protection inadéquate du
droit de se marier et de fonder une famille pour les étrangers
originaires d’un État non membre de l’Union
européenne. Il regrettait le recours au profilage racial et le
manque de progrès pour combattre les attitudes racistes et
xénophobes contre certaines minorités, notamment les
Noirs, les musulmans, les gens du voyage, les immigrants et les
requérants d’asile ainsi que les allégations
d’usage excessif de la force. Il s’inquiétait de ce
que nous savons toutes et tous :

• La sélection raciste des bénéficiaires
d’une autorisation de séjour qui contraint des centaines
de milliers de « sans-papiers » à
vivre sans statut légal et dans la peur .
• La Loi sur l’asile, inhumaine pour les
réfugiés qu’elle déboute, est à
nouveau révisée : les guerres poussent à
l’exil de nouveaux malheureux .
• Mais aussi la loi genevoise contre les mendiants que les
autorités ont adoptée en sachant que les Roms fuient le
racisme contre leur communauté dans leur pays
d’origine .
• Ainsi que les récentes décisions du Conseil
national : ne pas invalider l’initiative antiminarets,
durcir le Code civil « afin que les étrangers
séjournant illégalement en Suisse ne puissent plus se
soustraire par mariage à l’obligation de quitter le
pays ».

Solidarité avec le peuple palestinien
Au cœur des préoccupations de la Conférence
mondiale, le soutien aux Tamouls, aux Tibétains aux Palestiniens
en lutte pour la reconnaissance de leur droit à
l’existence !
    La demande des Palestiniens que leurs droits soient
reconnus, que le droit international s’impose contre
l’apartheid qu’ils subissent constitue un enjeu majeur de
cette réunion.
    L’Etat d’Israël et ses partisans
mobilisent avec acharnement contre la Conférence. Ils invitent
la Grande-Bretagne, la France, la Suisse, l’Union
européenne à imiter le Canada, les Etats-Unis,
l’Italie, Israël et à boycotter elles aussi la
conférence. Pensent-ils éviter que l’indignation
qu’a soulevée le massacre de Gaza ne soit entendue
à Genève ?

Karl Grünberg

ACOR SOS Racisme