Londres contre la guerre ... et Blair!

Londres contre la guerre … et Blair!


Prenez la manif de samedi passé à Genève. Nous étions 2000 pour crier notre opposition à la guerre: Pas de sang pour du pétrole, pas de sang pour le capital ! Georges Bush assassin …des enfants irakiens et des Palestiniens! Pas de guerre coloniale, pas de paix impériale, pour la justice globale! scandait-on de manière particulièrement résolue en tête de manif, où flottaient les drapeaux de solidaritéS…


Deux mille, c’est un début… il faut travailler à faire du rendez-vous de la manif nationale du 2 novembre à Berne, plus qu’une multiplication par 2, 3 ou 4 de ce nombre. Cela implique de s’en donner les moyens, cela implique que chacun-e ne se sente pas simplement un-e manifestant-e en puissance, du samedi ou du dimanche après-midi, mais se considère – du lundi au vendredi – comme propagandiste d’une cause vitale, comme acteur-trice d’une démocratie en action – par en bas – comme responsable de la mobilisation de son entourage, de ses collègues, de ses ami-e-s pour refuser la fatalité de la guerre impériale …comme nous avons été une majorité de votant-e-s l’autre week-end à dire NON, en refusant la LME, à une autre «fatalité», celle du démontage du service public, au nom d’une même logique, celle de la rentabilisation des capitaux des multinationales.


A Londres, le 28 septembre nous étions 400000. Deux cent fois notre manifestation genevoise. La plus grande manifestation anti-guerre en Europe de tous les temps ? C’est possible… Etre dans cette manifestation c’était sentir souffler le vent de l’histoire encore plus peut être qu’à Gênes l’an dernier, sentir vraiment qu’«un autre monde est possible» n’est pas un beau slogan seulement, mais une réalité concrète…


Manifester à 40000 ou même à 100000 à Londres ça aurait été une belle manif, la démonstration d’un courant d’opinion significatif, mais il y a un moment en toute chose où quantité se change en qualité. Là, le nombre des manifestant-e-s, signifiait un changement de perspective, fondait la conviction partagée qu’il ne s’agissait pas seulement d’exprimer une opinion, mais d’exercer réellement ensemble un pouvoir possible – un pouvoir bien plus démocratique que celui de Downing Street, celui d’empêcher matériellement que Blair enchaîne son pays au char de la machine de guerre des USA.


La manifestation de Londres était dans ce sens, non seulement une démonstration, mais un puissant moment d’organisation de masse. En effet, ce sont littéralement des dizaines, voire des centaines de milliers de propagandistes, d’agitateurs et d’organisateurs – femmes et hommes – qui sont repartis ce soir là aux quatre coins de la Grande Bretagne, avec un discours et des perspectives communes: une journée d’action décentralisée à travers tout le pays le 31 octobre… un appel aux arrêts de travail et aux blocages si les opérations militaires devaient être déclenchées.


Ce succès est dû à nombre de facteurs: un travail unitaire dans la durée – la Coalition anti-guerre a été initiée à fin septembre de l’an dernier déjà; une ouverture et une absence de sectarisme qui ont permis à chacun-e d’y trouver sa place, notamment par la co-organisation de la manif avec des représentant-e-s de larges secteurs de l’immigration musulmane de Grande-Bretagne; un lien étroit fait entre la dénonciation des motifs allégués de la guerre contre l’Irak et la dénonciation du revers de la même médaille, constitué par le soutien sans faille des USA au régime Sharon d’Apartheid, appuyé sur l’arme atomique et le rejet de toutes les règles du droit international; l’affirmation d’une solidarité élémentaire avec les Palestinien-ne-s bien sûr, mais aussi avec le peuple irakien, qui sera la première victime de cette guerre; une conscience aussi que cette guerre est le bras armé de la mondialisation capitaliste et qu’il n’y a pas deux combats, l’un contre la marchandisation du monde et l’autre contre sa militarisation, mais que ce sont bien deux faces …d’un même dollar (ou d’un même euro)!


Sur ce dernier point la manif de Londres était particulièrement exemplaire. Les slogans dénonçaient dans un même souffle le Blair de la guerre et celui des privatisations et du démontage social: One, two, three, four… We don’t want your bloody war! Five, six, seven, eight… Stand behind the welfare state! *


Pierre VANEK


* Un, deux, trois, quatre…

nous ne voulons pas de votre sale guerre!

cinq, six, sept, huit… soutenons l’Etat social!