Nestlé: le droit, c’est moi !

Nestlé: le droit, c’est moi !

Dans l’affaire dite du
Nestlégate, le juge d’instruction vaudois Jacques Antenen
a trouvé que Antenen Jacques avait bien travaillé et a
donc confirmé sa première décision de non-lieu.
Puis il est parti tenir sa première conférence de presse
en tant que nouveau commandant de la police cantonale. Pour mieux
protéger les intérêts de la multinationale ?

Ailleurs dans le monde, Nestlé n’hésite pas
à exercer d’intenses pressions sur
« ses » travailleurs et travailleuses pour
avoir les mains complètement libres en matière salariale.
Voire à contrefaire leur signature pour les faire adhérer
à un syndicat jaune ! En 2008, Nestlé a
consacré 8,7 milliards de francs au rachat de ses propres
actions, afin d’en limiter le nombre en circulation et d’en
accroître la valeur en bourse. Pas question, toutefois, de
négocier les salaires avec ces va-nus pieds de
salarié·e·s. Arguant du fait que les salaires
relèvent du secret commercial, Nestlé entend bien
continuer à jouer au souverain absolutiste. Louis XIV disait
l’Etat, c’est moi ! La multinationale de Vevey
affirme : le droit, c’est moi ! Pour
dénoncer ce despotisme d’entreprise en plein
troisième millénaire, l’Union internationale de
l’alimentation (UITA) a lancé une campagne, relayée
en Suisse par le syndicat Unia, intitulée « Stop
à la Nespression ! »
(www.iuf.org/nespressure/fr/). Voici quelques exemples du comportement
de cette entreprise qui se veut « socialement
responsable ».

    A Perm, en Russie,
il a fallu une campagne de plus de six mois, au niveau local, national
et international, avec requête auprès de l’OCDE,
pour que la direction de la fabrique de chocolat, qui verse des
salaires de misère, cesse de prétendre que la politique
salariale était confidentielle et accepte, en 2008, le principe
de fournir des indications sur la structure des
rémunérations de l’entreprise. Benoîtement,
la direction affirmait que la politique de la multinationale consistait
à exclure les salaires de la négociation collective. Une
erreur de traduction, sans doute…
    Une histoire similaire s’est déroulée en Indonésie, dans la fabrique de Nescafé de Panjang.
Là aussi, la direction affirmait que les informations sur les
salaires relevaient du secret d’entreprise. En avril 2009, les
salarié.e.s ont reçu les informations concernant
l’adaptation semestrielle de leur salaire, dans une enveloppe
sans adresse nominale. Alors que l’augmentation du coût de
la vie était de 14,82 %, certains
salarié·e·s se voyaient gratifier de 9 %
d’adaptation, d’autres de 16 ou 18 %, voire
même 25 %. Impossible d’obtenir une vision
d’ensemble. Entre temps, la direction avait fondé un
syndicat « maison »; les syndicalistes qui
refusaient d’y adhérer voyaient leur signature contrefaite
sur le bulletin d’adhésion.
    En Inde,
la seule réponse de Nestlé à la demande des
syndicats de négocier les salaires a été une
ordonnance d’un tribunal interdisant de manière permanente
tout rassemblement et toute activité syndicale des travailleurs
à moins de 200 m de leur lieu de travail. Aucun travailleur
indien de Nestlé n’a de salaire fixé
conventionnellement.
    Chez Nestlé Hong Kong,
les travailleurs et travailleuses se sont vu imposer des
journées de 17 heures et des contrats provisoires durant des
décennies. Nestlé refuse de reconnaître le
syndicat, dont les membres sont soumis à des pressions
constantes.
    En Corée,
la direction de Nestlé n’a cessé de
désinformer les sala­rié·e·s et leur
syndicat à propos de la vente de la seule usine du pays. Ce
n’était d’abord qu’une rumeur, puis
l’affaire avait capoté, enfin les négociations se
poursuivaient !

    Au fur et à mesure de son enquête, l’UITA s’est aperçue que « plus nous y regardons de près, plus nous découvrons d’abus ».
L’ex-juge d’instruction Antenen a, lui,
préféré ne pas regarder de plus près les
agissements de Nestlé et de Securitas.

Daniel Süri


Calida devient Al-Calida

Le plan social d’Aubade (104 licenciements) à Saint-Savin
(Vienne) a été retoqué par le tribunal de grande
instance de Poitiers. C’est donc un maigre sursis accordé
aux salariés, puisque la délocalisation en Tunisie reste
d’actualité. Malgré les gesticulations pittoresques
et pathétiques des personnalités locales et
régionales, cette entreprise et ses emplois disparaîtront
de Poitou-Charente à brève échéance, comme
prévu d’ailleurs par la holding suisse Calida
(surnommée depuis Al-Calida dans la région). Il faut que
les machines de production restent en place. D’autres circuits
commerciaux pourraient être créés, comme lors de
l’expérience réussie des LIP dans les années
1970 : les salariés se sont approprié l’outil
de production pour vendre eux-mêmes le fruit de leur travail.
Organiser la pauvreté par la « concurrence libre et
non faussée » devrait être puni, mais la prison
n’existe pas pour les assassinats sociaux. N’en
déplaise à certains, l’espoir et la
solidarité ne sont pas encore des valeurs subversives.

(« Tout est à nous », hebdomadaire du NPA, n° 19, 30.7. 09)