AGIE–Charmilles: licenciements en masse, quelles réponses ?

AGIE–Charmilles: licenciements en masse, quelles réponses ?

Mercredi 30 septembre, plus de 300
salarié·e·s d’AGIE-Charmilles à
Meyrin se sont réunis pendant les heures de travail devant leur
usine, avec le soutien d’Unia, pour protester contre le plan de
fermeture de leur site de production genevois du groupe Georg Fischer
spécialisé dans les machines outils.

En effet, l’ensemble de la production realisée à
Meyrin devait être délocalisée sur le site
tessinois du groupe à Losone au Tessin. A Genève ne
resteraient – pour un temps sans doute seulement – que des
activités de recherche et développement, de marketing
international et de service après-vente.

    Ce mercredi-là,168 blouses de travail ont
été suspendus au grillage du site pour symboliser les
licenciements annoncés début septembre et la
volonté des employé·e·s de résister.
Les travailleurs·euses ont en outre interpellé le
directeur du groupe Michel Hauser et exigé qu’il
s’explique quant aux licenciements et entre en matière sur
des propositions alternatives. Sans réponses satisfaisantes, les
travailleurs-euses se sont à nouveau réunis le lendemain
pour réitérer leur refus des licenciements, leur exigence
du maintien d’un site de production à Genève et
leur demande d’intervention des autorités
genevoises…

    Pourtant lundi 5 octobre, face au maintien des
positions patronales, avec comme seul bémol une réduction
de 168 à 141 du nombre des licenciements,
l’assemblée du personnel s’est rabattu sur la
négociation d’un plan social ad hoc pour le site genevois
et le demande du report des licenciements à janvier
prochain… revendications sur lesquelles la direction, pour
l’heure, n’entre pas en matière.

    Ainsi s’écrit un nouvel épisode
de l’histoire de la désindustrialisation genevoise, qui a
vu liquider depuis vingt ans des dizaines d’entreprises de la
métallurgie, des milliers d’emplois et un savoir-faire
industriel de premier ordre.

    Quelles leçons tirer de cet
épisode… La première –
élémentaire – concerne la solidarité entre
les travailleurs·euses suisses-immigré·e·s
et frontaliers : près d’une centaine des
travailleurs·euses visés par ces licenciements habitent
de l’autre côté de la frontière. (Une
délégation des travailleurs d’AGIE-Charmilles
participaient d’ailleurs le 8 octobre à la manif
organisée à Genève contre le racisme
antifrontaliers). Il est évident qu’aucune défense
des postes de travail dans cette situation, comme dans bien
d’autres, ne peut faire la moindre concession au discours
xénophobes du MCG et de ses émules en prétendue
défense des travailleurs·euses
« genevois »… contre leurs
collègues de travail frontaliers ou immigrés.

    La deuxième, c’est qu’en
l’état le recours aux
« autorités » cantonales et
l’espoir d’une intervention quelconque de celles-ci pour
autre choses que de mettre en musique l’enterrement
programmé s’est montré vain. S’il y a un
espoir de solidarité locale, il passe par la construction
« d’en bas » d’un mouvement
d’opinion et de solidarité concrète de la
population… En outre, et c’est bien sûr
l’essentiel, on ne peut se passer d’une organisation de
travailleurs·euses sur le plan syndical qui soit capable
d’agir à l’échelle nationale et
internationale où se prennent le type de décisions auquel
ont été confrontés nos collègues à
Meyrin.

    Enfin – pour notre mouvement – un note
autocritique s’impose. Nous n’avons guère su/pu
être autre chose que des spectateur·trices dans ce
conflit. Il nous faut reconstruire et réinventer une
capacité d’intervention plus sérieuse dans des
situations de ce type.


Pierre Vanek