Nouvelle réforme fiscale antisociale

Nouvelle réforme fiscale antisociale

Le Conseil fédéral poursuit sa politique fiscale des
caisses vides, consistant à baisser les impôts des
privilégiés et à combler les déficits
entraînés par ces baisses en coupant dans les prestations
sociales. Après deux réformes dites de la
« fiscalité des entreprises » (2007 et
2008), qui portaient assez mal leur nom, car elles
représentaient avant tout des baisses de l’impôt sur
les dividendes des grands actionnaires, ceux qui possèdent au
moins 10 % du capital d’une entreprise, le Conseil
national vient de voter une nouvelle réforme, pour
« alléger la fiscalité des
familles », qui porte en réalité tout aussi
mal son nom. En effet, la majorité des familles à revenus
bas ou moyen n’est en réalité presque pas
concernée par cette baisse d’impôt qui entrera en
vigueur le 1er janvier 2011.

    Selon les calculs du Département
fédéral des finances, les familles dont le revenu est
égal ou inférieur à 80 000 francs annuels
(soit la moitié des familles du pays) ne gagneront que des
cacahuètes, au maximum 250 francs par an. Ce sont les hauts
revenus qui gagneront le plus. Le 10 % de familles avec enfants
qui touchent les revenus les plus élevés verront leurs
impôts diminuer d’environ 3000 francs chaque année,
et toucheront donc la moitié des 600 millions de baisse
d’impôts qu’entraînera la révision. Les
250 francs octroyés aux familles modestes seront
d’ailleurs totalement engloutis par les hausses de primes
d’assurance-­maladie. Preuve qu’il y aurait
d’autres moyens de soulager le porte-monnaie des familles
modestes que de réduire les recettes de l’Etat :
par exemple en introduisant des primes maladies proportionnelles au
revenu.

    Cette politique fiscale antisociale a des effets
très concrets. Au lieu d’être un instrument de
redistribution des richesses, la fiscalité helvétique est
en train de devenir une machine à creuser les
inégalités. En 1981, les 80 % de la population
composés de travailleurs et travailleuses avec des revenus bas
ou moyens détenaient 16 % de la fortune totale de ce
pays. Aujourd’hui, ils n’en détiennent plus que
11,5 %. A l’opposé, l’infime
minorité des personnes disposant des revenus les plus
élevés, soit 0,3 % de la population, a vu sa part
de la fortune totale passer de 20 % à 35 %.

Hadrien Buclin