Pakistan: les femmes sont les plus touchées par le changement climatique

Pakistan: les femmes sont les plus touchées par le changement climatique





Dans les médias occidentaux, la
situation au Pakistan se résume à des images de guerre ou
d’attentats. Pourtant, des changements de grande ampleur se
produisent et se produiront au niveau climatique. Sur ce front, ce sont
les femmes qui sont en première ligne, comme le souligne la
contribution de Bushra Khaliq, dont nous avons traduit et adapté
les extraits ci-dessous.

Déjà problématique dans de nombreuses
régions du pays, l’approvisionnement en eau sera gravement
influencé par le réchauffement climatique. La baisse
spectaculaire des ressources touchera la production alimentaire, mais
aussi les activités exportatrices comme l’agriculture, le
textile et la pêche. Les régions côtières
risquent d’être inondées, submergeant les foyers de
millions de personnes vivant dans les zones les plus basses.

    Les régions du nord-est du Pakistan ont
déjà connu des épisodes de sécheresse en
1999 et 2000, qui ont provoqué une forte baisse des nappes
phréatiques et asséché les zones humides. Bien que
le Pakistan contribue faiblement au réchauffement climatique,
son apport à l’émission de dioxyde de carbone
n’étant que de 1/35e de la moyenne mondiale, ses
côtes ont vu leur température augmenter de 0,6 à
1° C depuis le début du XXe siècle. Alors que les
précipitations ont diminué de 10 à 15 %
dans la région côtière et dans les plaines
très arides au cours des 40 dernières années,
elles connaissent une augmentation en été et en hiver au
nord du pays.

Le changement climatique touche la population, dans un pays où
elle croît de 2,69 % l’an et qui sera bientôt
le sixième pays le plus peuplé du monde. Comme les
familles pauvres luttent pour leur survie, la dégradation
écologique va être plus marquée. Les objectifs
à long terme du développement durable sont
négligés au profit des besoins urgents de la subsistance,
laissant les communautés vulnérables,
particulièrement les femmes, à la merci du climat.
L’utilisation accrue du bois de chauffage, la surexploitation des
terres et des ressources en eau, le surpâturage, la
surpêche, l’épuisement de l’eau douce et la
désertification sont choses courantes dans les régions
rurales du Pakistan.

    En l’absence de régulation des
naissances, avec l’aide de l’obscurantisme des mollahs, de
l’analphabétisme et des représentations qui lient
nombre d’enfants et fierté familiale, la croissance
démographique semble sans frein. Selon les experts, en 2050, le
sous-continent indien rassemblera, en 2050, 2,4 milliards de personnes,
soit l’équivalent de la population mondiale en
1950 !

Les femmes, population vulnérable

On sait que les pauvres sont les plus vulnérables aux
dégradations environnementales. Or, les femmes
représentent le 70 % des pauvres au Pakistan. Cette
vulnérabilité a été mise en évidence
en 1999 et 2000 lorsque des milliers de familles durent fuir les zones
touchées par la sécheresse au Baloutchistan, province la
plus arriérée du Pakistan. Les femmes et les enfants
furent les deux couches de la population qui en souffrirent le plus.

    Comme dans les autres pays pauvres, les femmes
pakistanaises sont davantage touchées par le changement
climatique. Les mères doivent rester dans les zones
touchées par la sécheresse, la déforestation ou
les récoltes insuffisantes. De nombreuses atteintes à
l’environnement les affectent de manière extrême,
car elles dépendent des ressources naturelles primaires :
la terre, l’eau, les forêts. En cas de sécheresse,
ces ressources sont immédiatement touchées et
généralement, les femmes et les enfants ne peuvent pas
fuir. Les hommes peuvent voyager et aller rechercher des
pâturages plus verts dans d’autres zones et quelquefois
dans d’autres pays… mais les femmes sont habituellement
laissées sur place et font face aux conséquences de la
situation. Lors de sécheresse, de mauvaises récoltes ou
de déboisement, les femmes et les enfants sont les plus
touchés.

    Alors qu’elles sont les principales
productrices de denrées alimentaires au Pakistan, les femmes ne
peuvent accéder sans obstacle à la
propriété et à la terre. 67 % des femmes
sont occupées dans l’agriculture et les activités
connexes, mais elles ne possèdent que 1 % des terres.
Lorsqu’elles sont touchées par le changement climatique,
les femmes perdent en même temps leurs moyens de subsistance et
leurs capacités à rebondir après une catastrophe.
Les tâches domestiques, comme la collecte de l’eau et du
bois de chauffe, deviennent plus lourdes et demandent plus de temps.
Souvent, pour aider leur mère, les filles abandonnent alors
l’école ou d’autres activités
économiques.

    Il existe une image selon laquelle ce sont les
hommes qui sont les agriculteurs. Or, contrairement à cette
idée reçue, les femmes pakistanaises produisent de 60
à 80 % des aliments consommés dans le foyer. Dans
les régions montagneuses en particulier, les hommes migrent pour
chercher des moyens d’existence (dans 50 à 63 % des
ménages) et ce sont les femmes qui s’occupent des lopins
de terre.

    La montée des températures va affecter
dans leur ensemble les communautés agricoles au Pakistan, mais
elle aura des impacts graves sur les individus ou les familles et
spécialement sur les femmes qui sont socialement, politiquement
et économiquement les plus vulnérables.

Bushra Khaliq

Secrétaire générale Women Workers Help Line