Bastien Girod, 28 ans, conseiller national vert (Zürich) et Yvonne
Gilly, 52 ans, conseillère nationale verte (Saint-Gall) ont
pondu un papier austère pour lancer une discussion au sein de
leur parti : « Croissance démographique en
Suisse : bilan critique de l’approche
verte ».

    Avides de vrais débats, ils l’ont
offert en pâture à la presse de boulevard, et avec quel
succès : « Le vert Girod ose : briser un
tabou de la gauche. Freiner l’immigration » (Blick,
25 octobre); « Les Verts découvrent la politique des
étrangers » (20mn, 25 octobre); « Deux Verts
pour freiner l’immigration » (TSRinfo, 25 octobre),
etc.

    Girod n’y va pas avec le dos de la
cuillère : « une trop forte immigration met
en danger les espaces de repos en Suisse ». Et il
« décloisonne » :
n’a-t-il pas créé, avec le Genevois Antonio
Hodgers, un groupe parlementaire sur l’intégration…
avec l’UDC neuchâtelois Yvan Perrin, mentor de
l’initiative islamophobe, et l’UDC bernois Rudolf Joder,
défenseur de l’initiative « Pour des naturalisations
démocratiques », rejetée heureusement
l’an dernier.

    « Nous devons clarifier nos objectifs de
façon plus indépendante (…) pour y arriver, les
Verts doivent être capables de faire d’autres
alliances », défend Bastien Girod.
« Aujourd’hui, nous avons l’ambition de nous
émanciper d’une lecture gauche-droite »,
surenchérit Antonio Hodgers.

    Rédacteur en chef du Matin Dimanche, Michel
Danthe a recueilli ces perles et pété un câble:
« Ce bon vieil épouvantail à moineaux
d’Ueli Leuenberger doit en avaler son chapeau ».

Karl Grünberg