Aucun enfant n’est illégal
Aucun enfant nest illégal
Limportante mobilisation des
élèves de lESTER (école du secteur
tertiaire) à La Chaux-de-Fonds ne suffira sans doute pas pour
annuler le renvoi au Togo de leur camarade de classe, Kodjovi Bocco, 19
ans.
Les élèves de 2e de la section santé social ont
récolté plus de 2500 signatures en soutien à ce
jeune orphelin à qui lasile na pas
été accordé, alors quil na plus
personne au Togo pour le soutenir et quil aimerait se former
pour devenir infirmier. Ce jeune, très motivé et avide
dapprendre, est ainsi brutalement rejeté dans
lincertitude et les difficultés. Cette situation
inacceptable nest de loin pas un cas unique.
Dans le cadre du 20e anniversaire de la
journée internationale des droits de lenfant de
lONU, lassociation pour le droit des enfants sans statut
légal 1 a engagé une campagne nationale en faveur
de laccès à la formation professionnelle des
jeunes sans-papiers. Dans tous les cantons des
député·e·s ont été
interpellés pour quils et elles agissent et fassent
débloquer cette situation scandaleuse, voulue par la
Confédération. Des motions et des initiatives cantonales
ont été déposées dans plusieurs cantons sur
la base dun même texte, adapté à la
législation cantonale. A Neuchâtel, cest
solidaritéS qui a porté ce projet au parlement
cantonal :
« Les signataires demandent au Conseil
dEtat dévaluer les moyens de garantir
lapplication du droit à léducation (art. 19
Constitution fédérale, art. 28 Convention des droits de
lenfant; art. 14 de la Constitution cantonale) également
aux jeunes et jeunes adultes sans statut légal (sans-papiers,
requérant·e·s dasile ayant reçu une
décision de non entrée en matière
« NEM » ou requérant·e·s
déboutés) dans le Canton de
Neuchâtel. »
Plusieurs milliers denfants, de jeunes et de
jeunes adultes vivent en Suisse sans statut légal, y compris
dans le Canton de Neuchâtel. Il sagit :
denfants de parents sans-papiers ;
denfants de parents avec un statut légal, mais
auxquels lon a refusé le regroupement familial ;
denfants de requérant·e·s
dasile confrontés à une décision de non
entrée en matière (NEM) ;
denfants de requérant·e·s dasile déboutés.
Depuis des années, lécole obligatoire scolarise
également les enfants sans statut légal, étant
donné que la Constitution suisse ainsi que la Convention
internationale des droits de lenfant garantissent le droit
à léducation. Mais à la fin de la
scolarité obligatoire, ces personnes sont traitées comme
si elles nexistaient plus. Elles ne peuvent décrocher une
place dapprentissage parce que les entreprises formatrices
nobtiennent pas dautorisation de travail pour elles.
La motion invite le Conseil dEtat à
examiner comment il peut rendre accessibles les places
dapprentissage aux jeunes et jeunes adultes sans papier. Il est
en particulier invité à voir comment il peut leur
délivrer des autorisations de travail cantonales provisoires
et/ou autoriser des apprentissages professionnels cantonaux ou des
stages pratiques avec obtention dun certificat cantonal; il est
également invité à voir comment rendre accessibles
les écoles cantonales des métiers aux jeunes et jeunes
adultes sans-papiers.
Les signataires demandent également que le
Conseil dEtat examine comment il peut user de son influence en
tant que canton dans tous les organes intercantonaux importants
(Conférences des directeurs cantonaux de linstruction
publique, Conférence des offices cantonaux de formation
professionnelle, Union des villes suisses, etc.) pour inciter ces
organes à soutenir les revendications formulées ci-dessus
auprès de la Confédération.
Marianne Ebel
1 Rebgasse 1, 4058 Bâle ; www.aucunenfantnestillegal.ch