La LHOM ne passera pas ! « au centre l’humain… »

La LHOM ne passera pas ! « au centre l’humain… »

Au moment où nous mettons sous presse, le Grand Conseil genevois
est saisi d’un projet de loi de L’Entente (partis
bourgeois) en faveur de l’ouverture prolongée des magasins
– tous les jours jusqu’à 20 h, le samedi
jusqu’à 19 h, et le dimanche quatre fois par an (voir
solidaritéS, n° 159). Une mesure extrêmement
brutale pour les 20 000 salarié-e-s du commerce de
détail, mais aussi un appel à la flexibilisation du
travail dans tous les autres secteurs. « Au centre
l’humain », clame pourtant le PDC, dont le
Conseiller d’Etat Pierre-François Unger est à la
manoeuvre.

Les auteurs du projet lancent pourtant des signaux discordants.
Vont-ils exiger un vote en urgence au parlement, à la veille de
Noël, ne serait-ce que pour donner plus de fil à retordre
aux référendaires ? C’était leur
projet initial. Mais à l’occasion d’un débat
contradictoire sur les ondes de Radio-Cité, ce vendredi 27
novembre, le directeur de la Chambre de commerce et d’industrie
de Genève (CCIG), le député radical Jacques
Jeannerat, a déclaré au signataire de ce papier que le
vote aurait lieu plus tard, tranquillement en janvier, après
consultation des partenaires sociaux. Un propos bien farfelu, de la
part d’un représentant attitré des associations
patronales, lesquelles ont précisément rompu toutes
négociations en janvier dernier pour passer en force au Grand
Conseil.

Divisions patronales

Si la droite renonce à adopter cette loi en urgence, les 3 et 4
décembre, c’est sans doute qu’il y a de l’eau
dans le gaz dans son propre camp. Il semble en effet que le petit
commerce se soit fait un peu forcer la main pour soutenir cette
déréglementation sévère. Ainsi, la
récente publication de l’étude du professeur
Giuseppe Pini (Laboratoire d’économie appliquée de
l’UNIGE) révèle que 19 % seulement des
employeurs de la branche lui seraient favorables, ce qui prend sans
doute certains partisans des nocturnes à contre-pied : ils
souhaiteraient sans doute un front patronal plus solide et des
opposants plus divisés.

    Ceci explique aussi que le Conseiller d’Etat
Pierre-François Unger (PDC), patron de l’économie,
envisage aujourd’hui de proposer que cette disposition ait un
caractère expérimental pour 3 ans, histoire de se donner
le temps de convaincre les sceptiques, mais aussi d’affaiblir les
référendaires. Cette manoeuvre de dernière minute,
pour autant qu’elle séduise la droite,
nécessiterait aussi quelques semaines de consultations
supplémentaires.

    Dans tous les cas, en décembre, en janvier,
voire même plus tard, solidaritéS a décidé
de s’engager avec les syndicats et d’autres forces en
faveur d’un référendum contre l’extension des
heures d’ouverture, d’abord pour refuser une
dégradation massive des conditions de travail dans un secteur
déjà bien mal loti, mais aussi pour résister aux
effets induits d’une telle mesure sur la flexibilisation du
travail dans les autres branches. Cette attaque vise de surcroît
un personnel en majorité féminin (à 80 %),
mal payé, qui subit des temps partiels imposés
(35 % des effectifs) et des horaires irréguliers.

Main basse sur la ville

L’adoption de la LHOM favoriserait la concentration
économique (60 petits commerces disparaissent déjà
chaque année) et la suppression d’emplois dans ce secteur,
mais aussi un aménagement urbain dicté toujours plus par
la spéculation foncière, stimulant l’accroissement
des nuisances et la boulimie énergétique. Enfin, elle
encouragerait encore une culture de la consommation sans frein, promue
au rang de loisir. Vive  le lèche-vitrines et la
frénésie d’achats « l’affluenza,
comme disent les Américains », ainsi que la
frustration qu’ils suscitent quand on n’en a pas les
moyens !

    C’est pourquoi la LHOM ne passera pas.
Ensemble, les salarié·es du commerce de détail et
leurs syndicats, les étudiants qui y travaillent en
surnuméraires, les organisations féminines, les
écologistes, les associations d’habitants et de citadins
qui défendent la ville comme un bien commun, les organisations
de consommateurs et de retraités, les médecins du
travail, les milieux culturels, femmes et hommes, au coude à
coude, construisons un large front social pour dire NON à
l’inacceptable. Toutes et tous ensemble, nous pouvons
gagner !

Jean Batou