GB: contre la guerre, Halloween dans la rue

Grande-Bretagne

Contre la guerre, Halloween dans la rue


La célébration d’Halloween partout en Grande-Bretagne a pris une tournure très spéciale, ce jeudi 31 octobre. Des centaines de manifestant-e-s, principalement coordonnés par Stop the War Coalition, ont défilé dans les rues des principales villes anglaises et écossaises. En ce jour de désobéissance civile, différents types d’actions de résistance non violentes contre la guerre en Irak ont été menés.



A Liverpool, par exemple, environ 300 personnes ont perturbé le trafic routier; à Brighton, ils étaient 100 à bloquer le front de mer; 400 citoyen-nes ont marché sur Glasgow et 100 sur Reading. A Manchester, la route d’Oxford a complètement été bloquée par une foule de 1000 personnes. Les principales artères d’Edimbourg ont été les scènes de projection de films contre la guerre ou de théâtre de rue. D’autres actions directes et manifestations se sont tenues à Cardiff, Sheffield, Oxford, Canterburry, Cambridge, Barnsley, etc. A Londres, des slogans comme «Pas de guerre en Irak» ou «Un million de morts ça suffit» ont été projetés sur le Parlement.

Actions décentralisées


Dans la journée, des femmes ont bloqué le pont de Westminster en jouant des scènes de théâtre, de la musique. Une «critical mass» a réuni une centaine de cyclistes pour un tour dans la ville contre la guerre et le pétrole. A Brixton, dans le sud de Londres, malgré les avertissements des autorités, environ 150 personnes ont manifesté sous haute surveillance policière. Les étudiant-es ont largement pris part à l’organisation et à la réalisation des actions directes de désobéissance civile notamment par des occupations dans les universités anglaises, y compris celles d’Oxford, le King’s College à Londres, la University of Central London et la London School of Economics.



Même si ces évènements ont fait l’objet d’une faible couverture médiatique, quelques articles ou reportages ont mentionné la mobilisation de cette dernière université, étant donné sa réputation conservatrice. Les temps changent et, faisant fi de cette malheureuse renommée, les étudiant-e-s militants de la LSE ont occupé un amphithéâtre en plein milieu de l’après-midi après une manifestation sur le campus. Le but était de permettre une éducation alternative sur les enjeux de la guerre. Ce teach-in constructif a permis aux étudiant-e-s présents de s’exprimer sur la guerre et d’entamer un débat avec les personnalités invitées comme Lindsey German, Tariq Ali, Milan Rai ou Mahmud Al-Rashid (Secrétaire du Conseil Musulman de Grande Bretagne).



Il s’agissait de la première occupation dans cette université depuis plus de 30 ans. Auparavant, le groupe Globalize Resistance de la LSE avait organisé un die-in (faire le mort) sur le campus portant sur les conséquences des guerres en faisant résonner la célèbre chanson de Marvin Gaye What’s going on.

Devant le parlement


Aux alentours de 18 heures, les étudiant-es, les travailleurs-ses, les citoyens-nes, des activistes anti-capitalistes et socialistes, des anarchistes, des anti-nucléaire, etc. se sont rassemblé-es dans le centre de Londres et ont convergé vers le Parlement. Certain-e-s d’entre eux étaient déguisés en costume d’Halloween pour menacer leur Premier Ministre sur le thème «la paix ou la vie», pourrait-on dire.



Sur des airs de samba, la manifestation qui regroupait entre 1500 à 4000 personnes a été ponctuée par plusieurs sit-in dans la rue. Devant le Parlement, des personnalités engagées comme Tariq Ali, Jeremy Corbyn, Tonny Benn, George Galloway, Yvonne Ridley, etc. ont pris la parole. Les forces de police anti-émeutes étaient venues en renfort, empêchant la foule de se rendre sur Downing Street. Suite à quelques arrestations et quelques violences tristement habituelles, la manifestation s’est finalement dispersée pacifiquement sur le campus de la LSE, toujours sous «bonne» escorte policière.



Les actions de désobéissance civile reliant, entre autre, les étudiant-e-s et les travailleurs/euses constituent un pas de plus dans l’expression du refus non seulement de la participation du Royaume-Uni dans la guerre en Irak, mais aussi dans l’opposition totale à toute guerre en Irak. Ces positions avaient déjà historiquement rassemblé 400000 personnes dans les rues de Londres le 28 septembre dernier.

Contre un nouveau Vietnam


Le parallèle avec les mobilisations américaines et européennes pendant la guerre du Vietnam a souvent été évoqué sur les campus. L’atmosphère de ce 31 octobre pouvait rappeler celle de 1968. «Même si la majorité d’entre nous n’était pas nées à cette époque, on ressentait vraiment comment les choses avaient pu se passer à ce moment. Aujourd’hui, «une nouvelle gauche émerge, aussi bien à l’échelle internationale qu’ici à la LSE» souligne J. Meadway, étudiant en économie, membre de l’association étudiante SWP de la LSE.



En effet, dans les années 1960, de nombreuses personnes qu’elles soient noires, prolétaires, issues de la classe moyennes, étudiantes ou appartenant au personnel enseignant, syndicalistes ou simple citoyennes s’étaient investies contre la guerre. Aujourd’hui, il en est presque de même, car la majorité du peuple anglais se dit opposé à la guerre. La seule différence de taille est que cette guerre n’a pas commencé et que, pendant que le Conseil de Sécurité discute, les résolutions se prennent dans la rue.



Julie Duchâtel