Mobilisation massive à Berne contre les plans d’austérité

Mobilisation massive à Berne contre les plans d’austérité


Malgrés quatre ans de recettes cantonales excédentaires, la majorité bourgeoise continue à dramatiser la situation de l’endettement. Elle veut réduire les prestations publiques pour alléger les finances d’un milliard de francs entre 2003 et 2006. Son objectif réel est de baisser à nouveau les impôts. «Une attitude totalement irresponsable et dangereuse» affirme Nico Lutz, secrétaire syndical SSP à Berne.

Quelques 20 000 employé-e-s sont descendu-e-s dans la rue pour dénoncer la politique d’austérité. Pourquoi une telle affluence?


Nico Lutz: Il y a une série de causes à cela: la première tient au fait qu’il y a eu un travail systématique et régulier de mobilisation ces années passées qui a été constant. En mai 2001, nous avons aussi fait la preuve que nous pouvions obtenir quelque chose, dans le sens où le gouvernement a pu concéder en janvier 2002 quelques améliorations dans le secteur de la santé. Deuxièmement nous avons réussi à créer à temps une coalition très large contre les mesures d’austérité. Plusieurs syndicats et toutes les associations de personnel, des infirmiers-ères aux policiers, ont appelé à cette journée d’action… Et enfin, le gouvernement a véritablement mis tout le monde en colère avec sa soit disant «évaluation stratégique des tâches de l’Etat» qui contenait plus d’une centaine de mesures de restrictions budgétaires.

Quel rôle les organisations syndicales ont-elles joué dans la mobilisation?


Comme syndicat SSP-VPOD, nous sommes déjà descendus au moins une fois, parfois deux fois par année avec des milliers de participant-e-s dans la rue. Notre rôle consistait chaque fois à convaincre les autres organisations corporatistes de s’engager de manière offensive. Nous pouvions, à quelques exceptions près toujours mener des actions communes avec eux . Vu que nous organisons pratiquement tous les secteurs du service public, nous avons joué un rôle charnière dans ces mobilisations, sinon l’association corporatiste des infirmiers-ères n’aurait pas pu mener des actions communes avec les enseignant-e-s.

Il semble que le secteur de la santé comme celui de l’enseignement soit les plus touchés, peux-tu donner des exemples?


Dans le plan d’austérité prévu par le gouvernement, tous les secteurs du service public sont touchés: plusieurs hôpitaux régionaux doivent être convertis en polycliniques ce qui fera perdre en partie certains domaines de pointe et pourra entraîner la disparition de 180 postes de travail. Les prestations qui pouvaient contribuer à la qualité de l’enseignement, que ce soit dans la conduite de l’école elle-même ou au niveau de la formation seront toutes diminuées. Leur application va entraîner dans l’ensemble la suppression de 570 emplois. C’est une véritable atteinte à la qualité de vie. L’avenir s’annonce tout aussi grave: le gouvernement va présenter dans les années 2003-2006 de nouvelles mesures d’économie qui vont réduire de moitié l’adaptation au coût de la vie et l’échelle des augmentations.

Le gouvernement est-il prêt à lâcher du lest?


Le gouvernement bernois n’entre pour l’instant pas en matière sur la mobilisation de ces vingt mille employé-e-s de la fonction publique, qui ont quitté leur travail vendredi après-midi. Il est possible qu’au niveau des discussions au Grand Conseil, certaines mesures puissent être retirées. Plusieurs mesures d’économie nécessitent des modifications institutionnelles qui nous permettront d’agir au niveau de la démocratie directe mais qui entraîneront aussi d’autres mobilisations.

Comment allez-vous poursuivre la lutte?


Nous avons senti avant la journée d’action qu’il y avait une large opposition des salarié-e-s et des utilisateurs-trices du service public opposés à ce nouveau paquet de mesures d’austérité. Les 20 000 personnes qui ont quitté leur travail une demi-journée ont de loin dépassé nos attentes.



Mais nous savons pertinemment que le gouvernement ne va pas modifier soudainement de fond en comble sa politique suite à cette journée d’action. Nous devrons résister contre toute attaque et lutter pas à pas pour des améliorations. Nous devrons engager d’autres mobilisations, continuer notre politique unitaire et s’il le faut recourir aussi au référendum, si les circonstances l’exigent.


Propos recueillis par Pierrette Iselin,

membre du Comité national SSP