Licenciements chez Bobst:  un plan vraiment si social ?

Licenciements chez Bobst:  un plan vraiment si social ?

Le nouvel homme fort de
l’entreprise, l’héritier Jean-Pascal Bobst avait
annoncé 300 licenciements. Après le
« dialogue entre les partenaires sociaux »
dixit « 24 Heures », il ne resterait
qu’une centaine de travailleurs sur le carreau. 200 licenciements
auraient été évités. Un décompte
pour le moins rapide.

Bobst est l’entreprise phare du secondaire vaudois et le fleuron
de l’industrie des machines. Elle passe aussi pour une firme au
caractère social affirmé, grande formatrice
d’apprenti(e)s. La belle image avait commencé à
s’écorner au printemps quand l’ancien directeur
général, figure historique du paternalisme social,
Andreas Koopmann avait été remplacé par
Jean-Pascal Bobst, représentant de la participation familiale
majoritaire dans l’entreprise. Visiblement, le vent tournait.

    Le plan d’austérité
annoncé ensuite s’accompagna de mesures de
délocalisation de certaines activités et
d’externalisation d’autres. Pas vraiment le
« maintien des compétences » dans le
groupe que disait chercher la direction.

Au mieux, une année de salaire d’indemnités

Pourtant, le plan social issu de la procédure légale de
consultation a été adopté avec un score
« à la tunisienne » de 94,5 %
du personnel, le mardi 8 décembre. Et 24 Heures de noter
« le soulagement » des
emplyé·e·s, qui venaient ainsi d’accepter
dans ses grandes lignes un plan dont ils ne connaissaient toutefois pas
le détail, celui-ci n’étant porté à
leur connaissance que sur demande.

    Les négociations ont certes permis
d’éviter des licenciements. Non pas près de 200
comme le clame la presse, mais 21 seulement. 99 personnes seront
licenciées et 180 partiront en retraite anticipée depuis
62 ans. Pour ceux dont l’âge se situe autour de 60 ans, un
accord a été trouvé avec le canton :
après deux années de chômage, ils seront
(ré)intégrés dans la caisse de pensions de
l’entreprise et bénéficieront d’une
préretraite. Rappelons qu’une préretraite,
même bien dotée, correspond toujours à une perte de
revenu pour le ou la salarié·e et que le détail du
plan devrait indiquer de combien la rente sera définitivement
diminuée.

    Les licencié·e·s, toucheront
des indemnités, bien sûr. Mais le total de celles-ci ne
saurait dépasser une année de salaire, pour autant que la
personne réponde aux conditions les plus favorables (âge
et ancienneté dans l’entreprise). Quant aux
« jeunots », le montant le plus bas est de 3
mois de salaire.

    Cela n’a rien d’un énorme
sacrifice pour les actionnaires de l’entreprise, qui a, certes,
connu une perte au premier semestre en 2009, mais naviguait encore dans
les chiffres noirs en 2008, comme durant les cinq années
précédentes, avec des pointes du bénéfice
par rapport aux fonds propres de 12,6 % et de 11,2 % en
2007 et 2006.

Daniel Süri