Un budget verrouillé

Un budget verrouillé

Un budget d’austérité à l’heure où les besoins sociaux s’accroissent.

Il a fallu un troisième débat au Grand conseil vaudois
pour adopter le budget 2010 ! Une révolte du parlement
contre les diktats de l’exécutif ? Pas
vraiment ! Plutôt le résultat d’une saute
d’humeur du groupe parlementaire UDC, suite à la
déclaration gouvernementale sur le résultat du vote de
l’initiative anti-minaret. Et la position
hégémonique de la droite s’est quelque peu
ébréchée… Mais, sur le fond, la droite
(radicaux, libéraux, UDC) maintient une position de principe,
« alignée couvert » sur le budget de
l’exécutif, refusant toute proposition de modification.

    Relevons que les recettes fiscales globales du
canton de Vaud vont baisser en 2010 de 1 % (–43,9 mio) par
rapport à 2009. Les cadeaux fiscaux aux riches
s’ajouteront à la crise économique pour les
réduire. L’Etat et les communes seront ainsi privés
de ressources nécessaires, pour le plus grand
bénéfice des entreprises et des gros contribuables. Les
entreprises profiteront de la baisse (–32,5%) de
l’impôt sur le capital : plus de 30 millions de
francs leur sont offerts par le Conseil d’Etat. La baisse de
l’impôt sur le bénéfice augmente de
13,2 %  par rapport à l’année
précédente.

    Le gouvernement vaudois continue de se vanter de la
politique de réduction de la dette publique qui passe largement
au-dessous des trois milliards (dette nette au 31 décembre,
selon budget 2010 à 2,656 milliards). Le remboursement à
marche forcée de cette dette est un non-sens politique.
L’endettement des collectivités publiques en Suisse est
l’un des plus bas du monde. Actuellement il équivaut
à moins de 50 % du Produit intérieur brut. En
1947, année de la création de l’AVS, il atteignait
70 %, ce qui n’a pas empêché de mettre sur
pied cette assurance sociale. La dette publique n’est pas un
fardeau pour les générations suivantes, comme il est dit
à tort : les dépenses consenties
aujourd’hui, comme les dépenses pour la formation, les
voies de communications ou les infrastructures,
bénéficieront aussi à nos descendants !
   

    En novembre 2009 le nombre de chômeurs et
chômeuses, inscrits dans le canton de Vaud,
s’élève à 18 828 personnes, celui des
demandeurs d’emploi atteint 24 617 personnes. En
comparaison annuelle, le nombre de chômeurs et de demandeurs
d’emploi a crû respectivement de 42,1 % et
32,4 % ! Selon le Rapport trimestriel RI de novembre 2009
du DSAS, en juillet 2009, le nombre de dossiers RI actifs
s’élève à 12 397, soit une hausse de
7,7 % par rapport à juillet 2008. Ces 12 397
dossiers actifs concernent 21 826 personnes, soit 15 108
adultes et 6 718 enfants mineurs. Un tiers des
bénéficiaires (34,5 %) ont moins de 20 ans. Selon
le Rapport (p. 5), il faut s’attendre à une
« dynamique haussière » du nombre
mensuel moyen de dossiers RI au cours de l’année à
venir.

    Le budget 2010 du canton de Vaud ne prend ni la
mesure des besoins à satisfaire liés aux urgences
sociales, conséquences de la crise économique, ni celle
des besoins en matière d’urgence écologique,
conséquences du réchauffement climatique. Pas de
réelle politique publique de promotion et de remplacement
progressif des énergies fossiles par des sources
d’énergie « propres », notamment
le solaire. Par rapport à la fonction publique,
l’exécutif poursuit une politique
d’austérité qui se fait sur le dos des prestations
pour les usagers et des conditions de travail des salariés
concernés. Dans son rapport de minorité, le groupe A
Gauche toute ! (POP/solidaritéS) a rappelé que le
budget est l’expression, sur le plan financier, de choix
politiques, en terme de priorité de dépenses de
fonctionnement et d’investissements. En conséquence, le
groupe A Gauche toute ! (POP/solidaritéS)  a
refusé l’entrée en matière sur ce budget et
s’y opposera au vote final.

Jean-Michel Dolivo