Grève chez Barbey SA: le sale goût de l’exploitation au quotidien

Grève chez Barbey SA: le sale goût de l’exploitation au quotidien



Mardi 25 mai, à
Granges-Marnand, plus de 50 des 70 salariés de la boulangerie
industrielle Barbey SA se sont mis en grève pour protester
contre des conditions de travail illégales et des formes
d’exploitation particulièrement brutales.

Le slogan de l’entreprise, « Le bon goût au
quotidien » prend, pour les
employé·e·s, en majorité des femmes
migrantes, une saveur proprement infecte. Sur leur site internet, les
patrons de cette PME familiale vantent « la taille
rationnelle de cette usine » qui « lui permet
d’être flexible et de réagir à toutes les
commandes spécifiques de ses clients ». Et ses
clients, ce sont Migros, Lidl et Denner ! Les horaires de
travail sont déterminés chaque matin en fonction des
commandes ; ils varient donc de jour en jour et les plannings des
heures de travail ne sont pas respectés. Le versement des
salaires se fait sur la base des horaires imposés le matin
même par le chef de fabrication. Les heures
supplémentaires, très fréquentes, ne sont pas
payées, sous prétexte que, selon les termes de
l’entreprise, les salarié·e·s les effectuent
de leur propre initiative ! Autre violation de la loi du
travail : les employé·e·s ne sont nullement
consultés pour travailler les dimanches, les jours
fériés ou la nuit. Les salaires sont indécents.
Une femme avec vingt ans de boîte, touche 2950 fr. net par mois
pour 42 voir 44 heures hebdomadaires. Les grévistes mentionnent
en outre les insultes du patron et une ambiance de travail
exécrable. La colère est montée encore d’un
cran fin avril, suite au licenciement d’un salarié qui
avait participé à une assemblée du personnel. Face
à la surdité de la direction, les
em­ployé·e·s ont fait appel au syndicat Unia
qui a constaté un nombre d’irrégularités
tout à fait stupéfiantes. L’Inspectorat du
travail  a été saisi.

Reprise du travail, la tête haute

La grève a commencé mardi 25 mai et s’est
poursuivie jusqu’au jeudi 27 à 14 h. Le 26 au
matin, l’entreprise a fait appel à l’Office cantonal
de conciliation et d’arbitrage, ce qui a eu pour effet de rendre
la poursuite de l’action collective contraire à la loi.
Elle a également tenté d’engager des
travailleurs·euses intérimaires afin de court-circuiter
les grévistes, ce qui a heureusement échoué.
Soutenus par Unia, les salarié·e·s en grève
revendiquent le paiement des heures supplémentaires, celui de
chaque heure travaillée, l’abandon des déductions
des heures négatives, 100 fr. par mois de plus pour tout le
personnel, une CCT et l’annulation du licenciement et des
avertissements donnés. Les grèvistes ont suspendu leur
mouvement après avoir obtenu un engagement écrit de
l’employeur qu’il n’exercera aucune mesure de
représailles, que chaque heure travaillée sera
payée, que les heures supplémentaires seront
limitées conformément à la loi. Une séance
est prévue, le 8 juin prochain, devant l’Office de
conciliation. Une première étape qui a mené
à une reprise du travail la tête haute, en cortège
jusqu’aux portes de l’usine, en imposant à la
direction les horaires de travail le jour de reprise !

    La grève des salarié·e·s
de Barbey S.A a suscité une forte sympathie parmi la population
de Granges-Marnand, les autorités communales considérant,
pour leur part, qu’il s’agit là d’une
« affaire privée » !
solidaritéS, comme de nombreux partis, syndicats et
associations, a fait parvenir aux grévistes un messagede
soutien. Une pétition de soutien circule : nous
invitons  à la signer (www.solidarites.ch/vaud).

Isabelle Lucas