Des visages et des voix qui sortent de l’ombre

Des visages et des voix qui sortent de l’ombre



Après la famille Selimi
« clandestine sans-papiers » qui ose se
montrer, une assistée de l’Hospice général a
décidé de dénoncer publiquement les humiliations
engendrées par la précarité en  organisant un
événement  symbolique le 14 juin.

Soutenue par solidaritéS, F-Information, et quelques
particuliers, elle a rassemblé plus de 60 personnes devant le
Mur des Réformateurs, plus précisément devant la
pierre dédiée à la seule Réformatrice
connue, Marie Dentière (1490-1560). La protagoniste, Anne-Marie
Käppeli est une universitaire, une artiste, une militante
féministe qui s’est battue entre autres pour la
visibilité des femmes dans l’histoire de Genève et
la création des Etudes genre.
    Malgré son solide bagage, elle ne trouvait
plus de travail ces dernières années.  En
donnant  des cours de Qi Gong, elle avait espéré
gagner sa vie en indépendante. Depuis le mois de juillet, elle
n’a plus droit ni au chômage, ni au RMCAS, et a dû
recourir à l’aide de l’Hospice
général. La nouvelle loi de l’aide sociale
individuelle l’a obligée à abandonner la pratique
de ses cours, et par là le produit, même minime,  de
son travail. Elle se sent perçue comme une
« abuseuse »…

    Sachant que son cas est loin d’être
isolé, elle a décidé de dénoncer ce new
public management qui force les travailleuses sociales à traquer
les abus, plutôt qu’à encourager l’autonomie,
en dépit de leur éthique professionnelle.
Françoise Tschopp, enseignante à la Haute Ecole de
travail social est intervenue pour dénoncer aussi ces
dérives. Françoise Bloch, sociologue, a analysé
les conditions actuelles, qui remettent en cause le droit à
l’aide sociale et le mérite dû aux qualifications,
et a fustigé l’idéologie néolibérale
qui rend les précaires responsable de ce qui leur arrive et les
pousse à devenir « entrepreneurs »
d’eux-mêmes. Elle a invité Anne-Marie et toutes les
personnes dans la même situation à sortir de
l’hyper-individualisation du rapport social qui les oppose pour
que de nouvelles formes de solidarité se mettent en place.

    Justement, Anne-Marie Peysson, présentait un
groupe naissant : l’ALCIP, Association de lutte contre les
injustices sociales et la précarité, qui va dans ce
sens… Nous y reviendrons.

Contact : am.peysson@hispeed.ch

Maryelle Budry