Ouverture prolongée des magasins: victimes d’un chantage, vendeuses et vendeurs refusent de prêter la main à leur propre exploitation !

Ouverture prolongée des magasins: victimes d’un
chantage, vendeuses et vendeurs refusent de prêter la main
à leur propre exploitation !

Une centaine de vendeuses et vendeurs
ont participé, mardi 15 juin, à
l’Assemblée générale intersyndicale
convoquée par le SIT et UNIA, pour se prononcer sur le
résultat des négociations menées avec les
associations patronales depuis janvier.

Cette affluence, qui peut sembler modeste au regard des 20 000
personnes employées dans la vente à Genève, ne
doit pas être sous-estimée dans un secteur où la
mobilisation est rendue particulièrement difficile par la
flexibilité des horaires et la longueur des journées de
travail, par l’absence de tradition syndicale, et par les
constantes intimidations et mesures de répression dont sont
victimes les travailleurs∙euses qui tentent de faire valoir leurs
droits.

Une assemblée combative

Le vote portait sur un projet de convention collective susceptible de
prendre le relais, dès janvier 2011, de l’actuelle
CCT-cadre du commerce de détail signée en 2002. En
substance, la nouvelle CCT prévoyait une fermeture des magasins
retardée à 19h30 en semaine et 19h. le samedi, et la
possibilité d’ouvrir deux dimanches par an, en
échange de quelques
« améliorations » des conditions de
travail – particulièrement
rudes – des employé∙e∙s.

En cas d’acceptation par le personnel, les associations
patronales auraient renoncé à faire voter, deux jours
plus tard au Grand Conseil, leur projet de loi modifiant les heures
d’ouverture des commerces qui porte à 20h. la fermeture en
semaine et à 19h. le samedi, et permet l’ouverture quatre
dimanches par an, sans aucune contrepartie pour le personnel.

    A quatre voix près, l’ensemble des
vendeuses∙eurs ont refusé de céder au chantage et de
prêter la main à une dégradation de plus de leurs
conditions de travail. Face à la menace patronale de
court-circuiter leur avis en imposant leur volonté par voie
législative, ils∙elles ont choisi d’engager la bataille
référendaire.(1)

La mesquinerie patronale

Jugées résolument insuffisantes, pour ne pas dire
humiliantes, les « compensations »
proposées par le patronat n’ont pas longtemps retenu
l’attention de l’assemblée. Ainsi, par exemple, de
la proposition de relever de 100 Fr. les minima salariaux, une mesure
n’affectant que les plus bas salaires à l’exclusion
de tous les autres, qui stagnent pourtant depuis 2002 et
s’établissent autour de 4000 Fr. pour un plein-temps.

    Guère plus enthousiasmante, la garantie de 5
samedis de congé par an, soit moins d’un samedi tous les
deux mois. De même, on ne peut sans cynisme parler
d’« amélioration » à
propos de l’interdiction d’employer une même personne
plus de trois soirs au-delà de 19h, alors que la situation
actuelle l’empêche de facto d’être
employée plus de deux soirs après cette heure.

    Les « quatorze points »
montés en épingle par les associations patronales ont
été reçus avec dépit par des travailleurs
qui ont vu leurs droits se réduire comme peau de chagrin ces
dernières années.

Dignité et solidarité

Mettant en perspective l’attaque présente avec les
offensives qui se sont succédées au cours de la
décennie, les interventions ont souligné l’urgence
de sortir d’une vision à court terme pour construire une
résistance durable aux attaques patronales. Si le rapport de
force actuel ne permet pas d’éviter les
détériorations, ne laissant que le choix du pire ou du
moins pire, c’est ce rapport de forces qu’il faut
améliorer.

    Dans ce contexte,
« gagner », ce n’est pas juste gagner
le référendum (pour obtenir le statu quo) ;
c’est ressortir plus liés et plus dignes, donc plus forts.
Particulièrement révélatrice de cette
volonté de redonner du sens aux métiers de la
vente – et à mettre en valeur leur
rôle social – on relèvera cette
dénonciation, par une vendeuse, de l’indifférence
patronale face aux conséquences écologiques de la
surconsommation, posant les employé∙e∙s de la grande
distribution en défenseurs d’une consommation responsable.

La force de cette assemblée a rendu sa combattivité
particulièrement contagieuse; c’est donc tous ensemble,
avec respect, émotion et enthousiasme, que nous irons au
référendum. Contact pour participer à la
campagne :
 referendum.lhom@cgas.ch

Laïla Batou


1    La loi
a été votée par le Grand Conseil le 17 juin. Les
listes référendaires seront disponibles dès le 28
juin et téléchargeables notamment sur www.solidarites.ch.
Délai de dépôt au 9 août.