Assurance-chômage : pervers gouvernement

Assurance-chômage : pervers gouvernement

Pour gagner la votation référendaire sur la 4e
révision de la loi sur l’assurance-chômage, le
Conseil fédéral tranquillise les
salarié·e·s – « pour la
majorité des assurés, rien ne changera »,
écrit-il – et dénigre les
chômeur·euses – « les réductions
de prestations sont acceptables sur le plan social ». Dans
la brochure de votation, il présente ainsi la révision
sous un jour « équilibré » et
même « solidaire ». Vraiment ?

La révision permettra d’adapter le financement de
l’assurance à l’évolution du taux de
chômage et garantira l’équilibre de ses comptes.
« On n’est pas parvenu, même pendant la
période de reprise économique, à réduire le
montant de la dette », se lamente le gouvernement. Il
oublie toutefois de préciser qu’il a lui-même
réduit la cotisation de 3 à 2 % en 2003, privant
l’assurance de 2 milliards de recettes chaque année. Si
cet argent avait été prélevé,
l’assurance-chômage afficherait aujourd’hui un
résultat positif.

Les autorités inversent la réalité
lorsqu’elles présentent la révision comme un effort
pour défendre le budget des ménages :
« Si la révision était rejetée, on ne
pourrait pas réduire les prestations, il faudrait augmenter
davantage les cotisations salariales et la baisse du pouvoir
d’achat serait plus forte ». Or,
l’augmentation à 2,5 % de la cotisation pour
janvier 2011 a été décidée par le
gouvernement après la mise sous toit de la nouvelle loi. Il a pu
dès lors présenter aux salarié·e·s
la hausse de prime à 2,2 %, préconisée par
la révision, comme un moindre mal et, perversité absolue,
faire porter la responsabilité de la hausse à
2,5 % aux référendaires, parce qu’ils ne
veulent pas faire passer les chômeur·euse·s
à la caisse.

La cotisation dite de solidarité de 1 %, à
prélever sur la tranche de revenu comprise entre 126 000
et 315 000 francs, est exhibée comme une mesure
sympathique : « Les salariés les mieux
rémunérés verseront une cotisation
supplémentaire sans avoir droit à des indemnités
journalières plus élevées ». Mais
pourquoi un seul pour-cent jusqu’à 315 000 francs
et rien au-delà ? Une vraie solidarité sociale
impliquerait que toute la cotisation ordinaire soit prise sur
l’entier des revenus, comme dans l’AVS. Une prime de
2 % prélevée sur l’ensemble de la masse
salariale ramènerait six milliards par an, largement de quoi
équilibrer les comptes.

Le gouvernement reconnaît que la révision
« pourrait conduire certains assurés à
perdre leurs droits et à solliciter l’aide
sociale ». Mais cet aveu est vite noyé sous la
promesse « d’accompagner ces assurés
d’autant plus étroitement qu’ils sont dans une
situation difficile ». Seul problème,
l’allongement des durées de cotisations exigées
exclura les travailleur·euse·s les plus précaires
de l’assurance-chômage… et les privera de toute
accompagnement.

Autant de bonnes raisons de dire un non franc à la
révision de la loi sur l’assurance-chômage le 26
septembre.