Ville de Lausanne: quel bilan ?

Ville de Lausanne: quel bilan ?

La gauche est majoritaire à
Lausanne depuis une vingtaine d’années tant à
l’exécutif (municipalité) qu’au
législatif (conseil communal). Lors des élections
communales de mars 2006, cette majorité s’est encore
renforcée notamment à l’exécutif (6
élu·e·s de gauche sur 7). A quelques mois des
élections communales de 2011, quel bilan tirer de la
législature 2006-2011 de cette majorité
« rose, verte et rouge » ?

Une politique de « bonne gestion »des affaires courantes

Il n’a souvent pas été facile pour les
conseillers-ères communaux d’AGT (12 élu.e.s en
2006) de faire passer leurs propositions. Les obstacles sont venus
principalement de la Municipalité. Par exemple, une motion
d’AGT demandait que le « droit à la
négociation syndicale » soit inscrit dans le
Règlement du personnel de l’administration communale en
conformité avec la convention 151 de l’OIT, entrée
en vigueur en Suisse en 1982. Certes l’exercice des droits
syndicaux a été amélioré, mais le principe
de « droit à la négociation » a
été fortement combattu par la Municipalité avant
d’être rejeté par une majorité du
législatif (la droite et une partie du PS et des Verts).

    En matière de droit au logement, AGT
s’est battu pour que des mesures urgentes soient prise pour
favoriser le logement des personnes et familles à revenus
modestes ou moyens. A l’évidence ce n’était
pas le souci premier de la Municipalité. Au contraire,
l’incitation des contribuables très aisés à
venir s’installer à Lausanne a pesé plus lourd.

    AGT a bataillé pour le développement
des transports publics communs gratuits. Des efforts ont
été faits pour les jeunes durant la scolarité
obligatoire (gratuité si le domicile est éloigné
de plus d’un kilomètre de l’école) et plus
généralement pour tous les jeunes de 11 à 20 ans
(bon de réduction de 50 % de l’abonnement).
Toutefois, on est encore loin de l’adoption de mesures allant en
direction de la gratuité des transports en commun sur le
territoire communal.

    AGT s’est fortement impliqué pour que
les habitant.e.s puissent avoir leur mot à dire dans tous les
projets concernant leur vie quotidienne. Métamorphose est un
vaste projet urbanistique qui comprend notamment la démolition
du stade olympique de la Pontaise, la construction d’un nouveau
stade olympique à Vidy ainsi que l’édification
d’un « écoquartier » de 2000
nouveaux logements le long de la route des Plaines-du-Loup
(occupées en partie par l‘actuel stade de la Pontaise).
Bien qu’ayant annoncé que ce vaste projet aux nombreuses
implications (transports, équipements sociaux,
finances,…) serait élaboré de manière
participative, la Municipalité s’est
évertuée à éviter que la population ne se
prononce sur autre chose que sur sa forme et ses couleurs. Un
référendum populaire a été
nécessaire pour qu’un débat ait lieu.

    AGT a proposé que soit instituée une
« instance indépendante de plaintes,
compétente pour instruire les dénonciations et les
plaintes formées à l’égard de la
police ». La Municipalité a clairement
repoussé cette idée, y compris le municipal AGT,
préférant lui opposer un mécanisme interne
à la police (charte éthique et code de
déontologie, formation des policiers, instances internes). Ces
mesures, pas mauvaises en soi, n’ont rien à voir avec la
création d’une instance indépendante,
préconisée par ailleurs par Amnesty International.

Quelques éléments positifs

Plusieurs améliorations des conditions de travail du personnel,
demandées par les syndicats, ont été introduites
(à l’initiative d’AGT) : par exemple la
prolongation de 1 à 2 ans du droit au traitement en cas
d’incapacité de travail. La Municipalité a pris une
option claire pour le renforcement des services publics (traitement des
déchets, chauffage à distance, électricité
et eau). Mentionnons aussi la décision de principe pour
l’engagement d’apprenti.e.s sans papier. Enfin, face aux
attaques de l’UDC, reprises par le PS et les Verts, contre les
mendiant.e.s Roms, le Municipal de la police (Marc Vuilleumier AGT)
s’est engagé pour la défense des droits des Roms
contre toute stigmatisation.

    En bref, le bilan de la Ville est mitigé pour
les raisons mentionnées ci-dessus ; auxquelles nous pouvons
ajouter la répression policière lors de la manifestation
du 1er mai 2009. Dotée de prérogatives légales et
institutionnelles importantes, l’exécutif joue un
rôle politique de premier plan, davantage que le Conseil
communal. C’est principalement lui qui élabore la
politique communale et bien entendu l’applique. D’où
la nécessité d’une opposition de gauche, une gauche
combative, déterminée, anticapitaliste, constituant une
alternative à la gauche de gestion, social-libérale
et  gouvernementale, y compris lors des élections à
la Municipalité de Lausanne en mars 2011.


Pierre-Yves Oppikofer