Pas de printemps pour les jeunes

Pas de printemps pour les jeunes



Un vent froid souffle sur les jeunes
précaires en ce début d’avril. Des jeunes
précaires en Suisse ? Une étude de la Haute
école spécialisée de Berne, parue en janvier
dernier, a montré que plus de la moitié des personnes
recourant à l’aide sociale ont moins de 25 ans. Cette
situation va s’aggraver avec l’entrée en vigueur de
la 4e révision de la Loi sur l’assurance chômage
(LACI).

En Suisse romande, le chômage des 15-24 ans atteint 5,8 %
(près du double pour les jeunes
immigré·e·s) selon les chiffres de l’Office
fédéral de la statistique de février 2011. Mais en
réalité, ce taux est bien plus élevé, car
de nombreux jeunes sans emploi ne sont pas inscrits au chômage.

    La nouvelle loi, qui introduit une baisse des
prestations pour toute la population, est particulièrement
discriminante envers les jeunes. Les jeunes diplômés qui
n’ont jamais cotisé au chômage devront attendre 120
jours avant de toucher une indemnité, réduite à 90
jours (contre 260 auparavant). Quant aux moins de 25 ans ayant
déjà cotisé, leur indemnisation maximale atteint
200 jours (contre 400 avant la révision). S’ajoute
à cela la suppression du concept d’ « emploi
convenable » pour les moins de 30 ans, qui devront
désormais accepter n’importe quel travail,
indépendamment de leur formation ou qualification.

Double injustice

Pour les jeunes travailleuses et travailleurs, l’injustice est
double. En effet, du fait qu’ils occupent un emploi, ils risquent
constamment de le perdre et de se retrouver au chômage, sans
avoir pourtant droit aux mêmes prestations que leurs
aîné·e·s. Quant aux jeunes
diplômé·e·s, ces mesures découragent
énormément leur entrée dans le monde du travail.
Dans cette phase déterminante de leur vie, les jeunes sont
confrontés au manque de places de travail et
d’apprentissage (les jeunes immigré·e·s sont
encore plus défavorisés dans l’obtention de ces
postes). En réponse à cette situation déjà
difficile, les jeunes se voient amputer leurs droits,et se trouvent
contraints à trimer encore plus.

Casser les solidarités

Dans la droite ligne du «diviser pour régner», ce
genre de politique met en concurrence les chômeuses et les
chômeurs dont les prestations sont attribuées selon un
critère discriminant tel que l’âge. Cette
hiérarchisation des droits brise la solidarité au sein de
cette catégorie précaire en limitant le potentiel
d’unification des revendications.

    Au-delà des écarts de prestations,
cette différence de traitement pour les moins de 25 ans revient
à les considérer comme
« non-adultes » et les oblige à
recourir à l’aide sociale ou au soutien de leur famille.
Cette démarche s’inscrit dans un processus plus large
d’atteinte au salariat, dont la part des richesses
créées se réduit au profit du capital, et qui vise
à faire porter sur les familles des charges de plus en plus
lourdes, particulièrement pour celles de condition modeste,
statistiquement plus touchées par le chômage et la
nécessité d’un recours à l’aide
sociale.

Giulia Willig