Marche mondiale des femmes: tout continue
Marche mondiale des femmes: tout continue
La 8e rencontre internationale de la Marche Mondiale des femmes aura lieu en novembre aux Philippines.
Chaque coordination nationale peut envoyer trois
déléguées, dont lune au moins doit avoir
moins de 35 ans. En contact avec les déléguées
suisses, solidaritéS rendra compte de
lévénement
Une base théorique
Cette huitième rencontre se prépare dans chaque pays sur
la base dun document commun élaboré par
léquipe du Comité international. Il
présente une lecture de la crise économique,
financière, environnementale et du modèle de reproduction
sociale du capitalisme, qui accroît les inégalités
et les contradictions, au niveau mondial. Il réaffirme combien
la société reproduit la violence envers les femmes comme
un outil permanent de contrôle sur leur corps et leur vie. Ce
document théorique doit encore être complété
par des exemples à léchelle régionale,
nationale et locale. Toutes les contributions sont les bienvenues
(à envoyer avant le 11 septembre au Secrétariat
international à Sao Paulo : info@marchemondiale.org).
En une dizaine de pages, ce document analyse
laction internationale de 2010, qui a
mobilisé des milliers de femmes issues de 74 pays autour
de quatre « Champs
dAction » :
- Travail des femmes (autonomie économique),
- Bien commun et Services publics,
- Paix et démilitarisation,
- Violence envers les femmes.
Au cours de ces multiples actions, la MMF a dénoncé les
fausses solutions à la crise qui ne font que renforcer le
modèle capitaliste, patriarcal et raciste et a
proposé des alternatives à ce modèle.
Lanalyse de la dynamique de 2010 conclut
à la nécessité de continuer à travailler
sur les interconnexions entre les quatre champs daction, afin de
nourrir les principes qui articulent la lutte et ancrer la MMF en tant
que mouvement permanent.
« La prochaine période, 2011 et 2012, doit
caractériser une période de résistance et de
luttes afin déviter un recul en termes de droits et
conditions de vie des peuples. Les révolutions dans les pays
arabes et en Afrique montrent que, face à la
détérioration des conditions de vie , des actions et
manifestations peuvent voir le jour et, dans de nombreux cas, conduire
à leffondrement des gouvernements traditionnellement
alignés avec les politiques dexclusion des pays riches.
Dans tous ces processus, les femmes participent activement, et
certaines risquent dêtre emprisonnées ou
tuées pour la défense dune démocratie
réelle. Nous devons être vigilantes pour que notre
présence dans ces processus soit assurée dans les moments
de transition, et que ces victoires ne se transforment pas en actions
qui augmentent le contrôle et la violence contre les femmes.
Défis à relever dans la construction du mouvement mondial des femmes
Le Comité international a mis en évidence un certain nombre de défis :
-Approfondir les analyses et la formation politique des
participantes (« Au sein de la MMF, il coexiste des
perceptions différentes sur certains sujets tels que la
prostitution, les droits des lesbiennes et lavortement ; il est
important que nous poursuivions les discussions. »).
-Se renforcer en tant que mouvement permanent à
léchelle locale, régionale et internationale
(« Par exemple, il faut amener la Marche là
où nous ne sommes pas présentes, surtout dans les pays
où les lois islamiques sont en vigueur, mais aussi dans des pays
économiquement plus riches, comme la Russie et la
Chine. »).
-Renforcer la présence des jeunes, autochtones et
immigrées dans toutes les structures (« La
diversité des cultures politiques et des expériences des
activistes de la Marche et notre capacité de construire des
accords constituent deux de nos points forts. Nous reconnaissons quand
même lexistence dimportantes lacunes dans certains
pays par rapport au partage des responsabilités internationales
avec les femmes jeunes, les immigrées et
autochtones. »).
-Approfondir la politique des alliances (par exemple
« nous entretenons un rapport étroit avec Via
Campesina, en établissant un rapport entre le principe de la
souveraineté alimentaire et les problèmes auxquels les
femmes font face quotidiennement. Nous cherchons à créer
ou renforcer les liens entre les femmes paysannes et les femmes
citadines. »).
-Concevoir la communication de façon stratégique
(« En tenant compte du rôle que jouent les moyens de
communication de masse dans la construction de lagenda publique,
nous devons approfondir la discussion sur la démocratisation de
ces moyens et mettre en place une stratégie qui nous permette de
donner un plus grand rayonnement de nos idées. »)
Défendre le droit à lavortement
En Suisse, des militantes de la MMF, des représentantes de
syndicats des différentes régions (avec une
représentation inter-générationnelle
réjouissante) et des femmes latino-américaines se sont
rencontrées début août pour faire le point
sur les actions du 14 juin et préparer la suite du mouvement. Il
sagit pour les femmes vivant en Suisse de mener une campagne
nationale sur le droit à lavortement, en montrant comment
cette question sarticule, sur le plan international et national,
sur les 4 champs daction définis par la MMF en 2010. Donc
un travail délaboration et de réflexion de fond,
qui devrait permettre de mettre en évidence comment capitalisme
et conservatisme conjugués se retournent contre les
intérêts et les acquis les plus importants des femmes. La
Coordination nationale poursuivra le 16 octobre prochain la discussion
sur ce droit contesté en Suisse comme ailleurs dans le monde,
afin de préciser la façon dengager cette campagne
et de sadresser aux organisations alliées.
Maryelle Budry