Mexique: la Caravane pour la paix avec justice et dignité met le cap au sud
Mexique: la Caravane pour la paix avec justice et dignité met le cap au sud
Après une première
étape qui la conduite jusquà Ciudad
Juárez en juin dernier (cf.
« solidaritéS » nº 191), la
Caravane pour la paix avec justice et dignité (CPJD),
composée de 600 personnes réparties en 14 autobus, a
parcouru, courant septembre, sept des principaux états du sud de
pays.
Au cours de son trajet, la caravane a permis de mettre en relief une
situation qui a peu à envier à celle du nord du pays,
nombreux cas dassassinats et disparitions forcées
à la clé. Le passage de la caravane a rendu explicite une
violence qui affecte, plus directement quau nord, les mouvements
sociaux, historiquement plus nombreux et mieux enracinés au sud
du pays. Si des mobilisations importantes ont été
organisées pour recevoir la caravane menée par Javier
Sicilia, des différences significatives sont apparues entre les
organisations populaires et ce dernier.
Et la caravane passe
Au Chiapas par exemple, une importante mobilisation a été
organisée par plus de cinquante organisations, en vue de
recevoir la caravane. Ces dernières, qui ont
démontré une réelle capacité de
convocation, nont cependant pas rejoint formellement le
mouvement dirigé par Javier Sicilia. En effet, ce dernier avait
décidé, contre lavis des organisations locales, de
rencontrer le Gouverneur du Chiapas. Dans l´État de
Tabasco, plus de trente organisations ont reçu la caravane. Ces
dernières, sans qui le passage de la caravane naurait
sans doute pas eu le même impact, se sont néanmoins
distancées du mouvement après sêtre vu
refuser la parole à la tribune par léquipe de
Sicilia.
Les exemples de ce type, auquels il faut
malheureusement ajouter la disqualification systématique des
dirigeant·e·s populaires par Sicilia et son
équipe, ont été monnaie courante durant toute la
durée de la caravane. Mentionnons également les insultes
proférées au Chiapas, contre des journalistes qui
questionnaient la stratégie de négociation adoptée
par Sicilia face au Gouvernement de Felipe Calderón.
Un « abrazo » au gouvernement
Lattitude de Sicilia sexplique par sa volonté de
se distancer de ce quil considère comme « la
vieille gauche » ou « la gauche
radicale », préférant négocier avec
Calderón et sa bande de criminels. En bon catholique, il
distribue allégrement des abrazos aux responsables de la mort de
son fils. Cette « stratégie » a
déjà produit son effet dans le Morelos, État de
Sicilia et berceau du mouvement, où la mobilisation a
été insignifiante, les activistes et « la
vieille gauche » sétant retirés. Et
pourtant, aujourdhui plus que jamais, il faut réaffirmer
la nécessité pressante dun mouvement large et
pluraliste contre la militarisation, tout en tirant un bilan critique
de cette dernière étape de la mobilisation. La voie
à suivre doit être celle de lunité la plus
large possible entre les organisations populaires, syndicales,
paysannes et de droits humains, qui seule sera capable
dentraîner limmense majorité des gens qui
souffrent de la stratégie criminelle de Calderón.
Héctor Márquez
Correspondant de solidaritéS à Mexico.
Victoire détape pour le Syndicat Mexicain des Électriciens
Plus de six mois après avoir occupé le Zócalo
(Place de la Constitution) de Mexico, et à 23 mois de la brutale
fermeture de la compagnie Luz y Fuerza del Centro (cf.
solidaritéS no 189), le SME a finalement fait reculer le
gouvernement de Calderón, en arrachant un accord qui lui donne
satisfaction sur trois de ses quatre principales revendications. Notons
tout dabord que la direction élue du SME, avec à
sa tête Martín Esparza, obtient enfin la reconnaissance
juridique que sobstinait à lui dénier les
autorités. Corollaire de cette reconnaissance, la
récupération de 21 millions de pesos de cotisations
syndicales, bloquées jusqualors par le Secrétaire
au Travail. Après les tentatives répétées
du gouvernement de liquider le syndicat, ce dernier est à
nouveau doté dune personnalité juridique et de
substantielles ressources, qui lui permettront de poursuivre la lutte.
Autre point de laccord, le gouvernement sengage à
résoudre la situation juridique, en vue dobtenir la
libération des douze membres du SME emprisonnés depuis
plusieurs mois, sous laccusation davoir participé
à des débordements lors dune manifestation ; lors
de laquelle la police ainsi que des personnes infiltrées avaient
multiplié les provocations. Le dernier point de laccord
concerne la principale demande syndicale, à savoir la
réinsertion professionnelle dans le secteur électrique,
des 16 500 travailleurs·euses qui ont refusé les
propositions dindemnisation gouvernementale et ont fait le choix
de la résistance. Laccord stipule quune solution
devra être élaborée dici au 30 novembre au
plus tard. Sur ce dernier point, Martín Esparza a
déclaré que cet accord était une étape dans
la lutte. Il a ajouté que sil navait aucune
confiance dans le gouvernement, il ne doutait en revanche pas de la
capacité de mobilisation des travailleurs·euses, et que
cest uniquement grâce à cette dernière que
laccord pourrait se concrétiser. La lutte devra donc se
poursuivre, mais la signature de laccord est une preuve
supplémentaire de la ténacité et de la
combativité du SME face à un gouvernement de choc.
Cest donc la tête haute que les travailleuses et les
travailleurs du SME ont quitté le Zócalo le 13 septembre
dernier
en étant prêt à y revenir si
nécessaire.
HM