Bussigny

Bussigny : Le coup de gueule des employé-e-s de Valrhône

L’actualité sociale est plutôt trépidante dans le canton de Vaud. Alors que le conflit chez Novartis est en veilleuse, que la confrontation se poursuit à Tesa, que le Ministère public donne de la voix dans le Nord vaudois et que la défense d’Aïssam Echchorfi reprend aux TL, ce sont les employé·e·s de Valrhône qui ont fait grève le lundi 28 novembre.

La raison du débrayage ? La suppression de la gratification annuelle des subalternes, les cadres conservant leur 13e salaire. La gratification — contribution volontaire de l’employeur dans le règlement de l’entreprise — avait pourtant été versée régulièrement pendant plusieurs années. Mais cette année, la direction a estimé que la situation financière du groupe était devenue « extrêmement précaire » (24 Heures, 29.11.2011) et que donc le versement de la gratification n’était plus possible. Chacun-e sait pourtant qu’une « grat » régulièrement versée devient partie intégrante du budget du ou de la salarié·e et qu’elle
permet de régler non pas des extras, mais les dépenses courantes. Comme le dit Muriel Chenaux, responsable du secteur tertiaire d’Unia, elle n’est pas « destinée à passer Noël aux Bahamas, mais à
payer les factures d’employés qui pour la plupart gagnent moins de 4’000 francs par mois. »

Valrhône est un centre de distribution qui alimente quelque 90 magasins PAM. L’histoire du groupe est pour le moins chaotique. Il a appartenu durant toute une période à La Valaisanne Holding (LVH), une société dans laquelle apparaissait un mystérieux intermédiaire français, Jean-Claude Gonnet (un temps interdit de gestion en France), ainsi que l’ancien secrétaire général de la FIFA, l’avocat valaisan Michel Zen Ruffinen. LVH avait repris toute une série d’enseignes comme Usego, Primo, Visàvis, Pick Fresh, Alimentation des Alpes, Marché Biolley et une partie des magasins Pick Pay. On soupçonnait LVH d’être le cheval de Troie du groupe français Leader Price et Franprix, fondé par la famille Baud, avant d’être accaparé par le groupe Casino, procès à l’appui. Bien qu’une partie de la fratrie ait trouvé un refuge fiscal en Suisse, une opacité certaine règne sur les structures financières, l’histoire et les pratiques du groupe.

Le fait est que le mouvement de grève a cessé orsqu’un membre de cette famille Baud est arrivé à Lausanne. Elle est en effet actionnaire majoritaire et le personnel a jugé qu’il y avait enfin quelqu’un ayant du répondant financier pour discuter. Affaire à suivre donc.

DS