Mexique

Mexique : López Obrador, candidat de la gauche en 2012

La gauche, dans son appellation large, vient de franchir une étape importante et partira unie aux élections présidentielles de l’année prochaine.

Ceux qui espéraient la voir se déchirer lors de la désignation de son candidat resteront sur leur faim. C’est lors d’une conférence de presse commune tenue le 15 novembre que Marcelo Ebrard, actuel maire de Mexico, et Andrès Manuel López Obrador (AMLO) ont annoncé les résultats d’une enquête menée auprès de la population. Celle-ci avait pour objectif de déterminer lequel des deux aspirants bénéficiait du plus large soutien populaire et avait par conséquent le plus de chances de l’emporter lors de l’élection présidentielle. Bien que les deux aspirants aient annoncé publiquement, et à maintes reprises, que le moins bien placé des deux se retirerait pour ne pas entraver une possible victoire de la gauche, un doute subsistait quant à l’issue de cette affaire.

Cette nouvelle est donc excellente à plus d’un titre. Tout d’abord, avec la victoire d’AMLO et le retrait d’Ebrard, c’est la ligne antinéolibérale qui l’emporte. Les alliances voulues par Ebrard avec le Parti Action nationale (PAN, parti du président Calderón) en vue de barrer la route à un possible retour au pouvoir du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) passent donc à la trappe. Ensuite, en désignant son candidat de manière aussi « propre », la gauche fait preuve de maturité et répond aux aspirations unitaires très fortes au sein du peuple de gauche.

Notons également que les principales forces de la gauche institutionnelle : le Parti de la Révolution démocratique (PRD), le Parti du Travail (PT) ainsi que le Mouvement citoyen (MC) ont immédiatement annoncé leur soutien à AMLO et accepté le principe de la création d’un front large, qui pourrait prendre le nom de « Mouvement progressiste », en vue de la bataille électorale difficile qui s’annonce. Signalons enfin que la candidature d’AMLO offre la possibilité d’une confrontation sociale d’ampleur avec le régime actuel. Ses récentes déclarations visant à rassurer le patronat (Lula plutôt que Chávez), et le ralliement d’un secteur minoritaire de celui-ci à sa candidature, ne changent probablement pas grand-chose au fait que la bourgeoisie dans son ensemble continue à le percevoir comme un danger et fera tout pour l’empêcher d’accéder au pouvoir, en tentant peut-être même une réédition de la fraude électorale de 2006. Son retour sur le devant de la scène, y compris médiatique, avec son passage à une heure de forte audience sur la chaine Televisa (après la « guerre sale » menée par cette dernière contre sa candidature en 2006, suivie de plusieurs années de black-out) n’est pas dû au hasard. C’est le résultat d’un long et opiniâtre travail d’organisation qui s’incarne aujourd’hui dans le « Mouvement pour la régénération nationale » (MORENA), dont le « Projet alternatif de Nation », malgré toutes ses limites, est sans doute un outil indispensable dans la lutte contre le terrible cours des choses et pour commencer à bâtir une société basée sur la solidarité et la justice sociale.

Héctor Márquez
correspondant de solidaritéS à Mexico