Lettre à nos compagnons (de plaisirs, de vie quotidienne, de travail, de luttes, etc.)

Lettre à nos compagnons (de plaisirs, de vie quotidienne, de travail, de luttes, etc.)


Vous sentez-vous concernés par ce «premier congrès de la condition masculine» qui se tiendra à Genève les 8 et 9 mars?


Nous les féministes nous nous sentons provoquées. Le choix de la date, l’annonce des thèmes, le choix des conférenciers ne nous laissent pas dupes. Nous savons que ce congrès est organisé par un mouvement d’hommes qui s’opposent aux féministes et aux acquis de nos luttes.


Tant parmi les féministes de Lausanne, qu’au Collectif 14 juin de Genève et qu’au Conseil des Femmes de Carouge, nous avons discuté: faut-il réagir ou mépriser? Et comment réagir? Des activistes préparent des projets d’actions, tandis que certaines femmes haussent les épaules et refusent de marcher dans le jeu. D’autres encore veulent freiner les actions, espérant que peut-être «certains hommes attirés par ce congrès se posent sincèrement des questions»…


Justement, ne serait-ce pas plutôt à vous, les hommes qui sont à nos côtés lors de nos manifestations, d’investir ce congrès et de dire votre solidarité avec le mouvement féministe, ne serait-ce que par un tract? Juste une petite suggestion de la part de vos compagnes et copines…


Nous savons qu’il a existé ou existe encore des groupes d’hommes qui réfléchissent à la construction sociale de leur masculinité dans le cadre d’une société capitaliste et patriarcale qu’ils combattent, tels que les «Mâles Barrés» à Lausanne (mathieu.carnal@epfl.ch), le réseau des hommes proféministes lancé par Daniel Welzer-Lang à Toulouse (dwl@univ-tlse2.fr), quelques groupes de paroles à Lyon et qu’un camp «anti-patriarcal» réunissant féministes et hommes engagés a été organisé il y a quelques années en Ariège (Cf l’article de Léo Thiers-Vidal dans le dernier numéro de NQF: «Répertoires du masculin»).


Le féminisme a-t-il vraiment «fragilisé» les hommes? ne vous a-t-il pas au contraire ouvert de nouvelles perspectives de vie quotidienne et de révolutions? comment les rapports sociaux de sexe changeraient-ils si la société reste patriarcale?


Bref, la question «Quel genre d’homme voulez-vous devenir dans une société nouvelle?» pourrait être un thème de discussion intéressant…


Ce texte circule parmi des féministes, l’ont co-signé pour l’instant:


Maryelle Budry, Denise Fromaigeat, Huguette Junod, Catherine Muller-Choux, Thérèse Moreau, Muriel Golay, Alison Katz, Giselda Fernandes, Monika von der Meden, Henriette Stebler, Eliane Blanc.