Service de protection des mineurs (SPMi)

Service de protection des mineurs (SPMi) : Le personnel défend ses conditionsde travail

Saint Georges est réputé venir en aide à ceux qui ont des problèmes dans leur travail, qui peinent sans résultats et qui sont à la recherche d’un emploi. Par les temps qui courent, il est fort à parier que ce serviteur du prolétariat ne doit pas être très loin du « burn out », tant sa tâche est devenue harassante…

Suite à la grève de l’été dernier au Service de protection des mineurs (SPMi), le Conseil d’Etat genevois, au mois d’octobre 2012, a invoqué le grand Saint Georges pour venir en aide à un service bien mal en point, que les politiques de rigueur n’ont pas épargné. Ceci par le biais du Saint Georges Center: un immeuble de la Jonction, tout en transparence, véritable temple de l’open space. Au mois d’octobre donc, les assistantes sociales et assistants sociaux du SPMi ont été informés de leur déménagement dans cet bâtiment, pour fin janvier 2013, et se sont mis à rêver d’un avenir meilleur…

Un héritage de Mark Muller

Rappelons en passant qu’il y a près d’une année, le Saint Georges Center faisait déjà parler de lui. Les socialistes, le MCG et l’UDC réagissaient au soupçon de copinage entre le magistrat Mark Muller et un promoteur de la place, faisant partie des propriétaires de l’immeuble. Le prix de location, consenti par un Conseil d’Etat qui n’a de cesse de répéter qu’en temps de crise les économies sont de rigueur, a été critiqué comme exorbitant. Coût de l’opération dont Mark Muller a prétendu que c’était une « bonne affaire » : 52 millions en dix ans pour les propriétaires !

Quant aux assistant·e·s sociales·aux du SPMi, peu après l’annonce de leur déménagement, ils-elles ont visité leurs futurs locaux. Le rêve s’est alors évanoui, laissant place à un fort sentiment d’incompréhension, de malaise et d’inquiétude. A plusieurs occasions, le personnel du SPMi a présenté à Charles Beer, en charge du DIP, et à Laurent Moutinot, directeur ad interim du SPMi, les raisons lui faisant considérer que ce déménagement serait une atteinte grave aux outils de travail au coeur de sa mission de service public.

En dépit des aménagements promis par Laurent Moutinot, le personnel a confirmé, lors de deux assemblées générales, les arguments qu’il oppose à ce déménagement et sa détermination à défendre la qualité des prestations à dispenser aux familles, dans un contexte déjà difficile de surcharge et de mauvaise santé du personnel.

Outil de travail inadéquat

En effet, dans un environnement de travail où tout est vitré et rien n’échappe aux regards indiscrets, de l’intérieur comme de l’extérieur, où chaque étage regrouperait une cinquantaine de travailleuses·eurs, où le nombre de salles d’entretien est largement insuffisant, où les espaces de travail dévolus aux assistant·e·s sociales·aux regrouperaient 4 travailleuses·eurs, sans porte, sans confidentialité, sans répit, sans rien pour se prémunir de la pollution sonore, le personnel du SPMi n’a pas fini de souffrir.

Dans un environnement de travail qui ne permet pas un accueil des familles digne de ce nom, digne de leur situations parfois dramatiques, dans des espaces qui ne permettent pas de construire une intimité relationnelle avec les mineur·e·s et les parents, qui ne permettent pas aux assistant·e·s sociales·aux de souffler et de prendre du recul face à des situations familiales qui mettent les sentiments à rude épreuve, les usagers·ères y perdraient beaucoup.

Nous appelons donc tous ceux qui sont sensibles au maintien de la qualité du service public, à soutenir le mouvement du personnel du SPMi et à exiger des autorités qu’elles reviennent sur une décision qui assombrit dangereusement l’avenir d’un service dont la mission est essentielle.

Albert Nahory