Soirée de réflexion autour des débats féministes

Le groupe féminismeS de solidaritéS-Genève a organisé un premier débat public réussi, le 12 mai dernier, qui a servi à mettre en évidence la grande complexité des débats féministes actuels.

 

Dans les universités, les études genre se sont développées et ont ouvert une infinité de nouvelles pistes théoriques. La ligne droite est difficile à trouver et tout doit se discuter, sans d’ailleurs forcément se satisfaire d’une solution. Quelle meilleure introduction à ces nouvelles donnes que le livre Tu vois le genre? Débats féministes contemporains?(1) de Martine Chaponnière et Silvia Ricci Lempen, justement écrit pour nous permettre d’entrer au cœur de débats parfois conflictuels.

Dans un langage accessible, elles nous démontrent que se dire féministe et agir en conséquence implique de se positionner entre des tendances contradictoires et de s’attaquer à des problèmes qui peuvent paraître inextricables. Lors de la soirée du 12 juin (qui a rassemblé 35 personnes extrêmement attentives, dont 7 hommes), les deux auteures du livre évoqué ci-dessus nous ont présenté deux grands débats actuels comme exemples de complexité :

 

7 sur le travail : l’émancipation des femmes par le travail salarié, qui représentait un idéal dans les années 70, s’est avéré un miroir aux alouettes. En fait, les femmes galèrent, assumant toujours quasi seules le travail ménager et éducatif ou se déchargent sur des femmes employées domestiques au statut précaire, rajoutant ainsi la division internationale du travail à la division sexuelle si ancrée dans les mentalités…

 

7 sur les violences envers les femmes : l’expression « violence domestique » est d’ailleurs souvent préférée par les médias et les institutions, gommant ainsi les rapports de domination des hommes sur les femmes. Concernant la prostitution et la pornographie, nous sommes con­fron­té·e·s à la fois à la critique de leur violence envers les femmes et aux revendications des travailleuses et des travailleurs du sexe qui revendiquent une normalisation de leur profession.

 

Maryelle Budry

 

 

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1 Editions d’en bas, 2012 et voir aussi la présentation du livre par Nadia Lamamra, solidaritéS nº 224, p 13