À qui sert le PS au Conseil Fédéral?

La question est légitime et se  pose pour la énième fois au regard de l’actualité fédérale.

Hier  c’était Mme Sommaruga qui portait avec conviction la scandaleuse loi sur l’asile, aujourd’hui c’est au tour de M. Berset de présenter un projet de révision des assurances sociales qui attaque avec une rare violence les futures conditions de retraite. 

Ce ne sont pas les contorsions politiques et idéologiques du parti socialiste qui peuvent éluder le problème des politiques menées par ses ministres et celui de leur présence au gouvernement. Tant au niveau cantonal que fédéral, les re­pré­sentant·e·s du PS dans les gouvernements mènent avec application et sans réticence les politiques que la droite dicte. 

Avec la loi sur l’asile ce n’est rien moins que les positions les plus réactionnaires de la droite la plus extrême que Simonetta Sommaruga a défendu. Le PS se serait-il converti au populisme et à l’odieuse théorie de la barque helvétique trop pleine ?

Alain Berset, dans son projet de révision de l’AVS et du 2e pilier, propose l’allongement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, une diminution du taux de conversion des rentes du 2e pilier de 6,8 % à 6 %, diminution encore plus importante que celle massivement rejetée  par le peuple il y à peine 2 ans. De plus, non content de prévoir de diminuer drastiquement les prestations – 12 % selon les calculs de l’USS – d’augmenter les cotisations et d’allonger l’âge de la retraite, il envisage de désengager la confédération du financement de l’AVS en ayant recours à une augmention du taux de TVA, impôt injuste s’il en est. En effet la TVA touche tout le monde de la même manière, mais le poids de cet impôt touche plus durement les bas revenus. Ainsi l’effort est transféré et supporté par la majorité de  la population alors que des cadeaux fiscaux sont accordés aux plus fortuné·e·s et que d’autres avantages les attendent encore.

Nous ne partageons pas l’analyse de la droite et du PS sur la dramatique situation dans laquelle se trouveraient les assurances sociales en Suisse. Cette attaque est d’une part en phase avec celle menée partout en Europe contre les acquis sociaux en général et plus particulièrement contre les assurances sociales et, d’autre part, elle montre l’absurdité du système en capitalisation qui régit majoritairement le 2e pilier, tonneau des Danaïdes dans lequel les travail­leurs·euses versent toujours plus de cotisations et reçoivent toujours moins de prestations. Ce sont des sommes considérables qui profitent avant tout aux banques et aux spéculateurs et non aux salarié·e·s qui cotisent.

Une large mobilisation sera nécessaire pour empêcher la casse sociale que prépare Alain Berset avec n’en doutons pas l’appui de la droite. Souhaitons que le PSS saura dans cette perspective se montrer un peu moins discret qu’il ne l’est aujourd’hui à l’annonce de ses ministres.

Face aux attaques qui se multiplient dans tous les cantons contre les caisses de pensions, solidaritéS a préparé et a décidé de lancer, avec d’autres, une initiative fédérale pour sortir du système des deux piliers en proposant la fusion de l’AVS et des caisses de pensions du 2e pilier. Ce projet vise à créer un pilier unique, largement en répartition à l’exemple de l’AVS, introduisant une solidarité intergénérationnelle et garantissant des rentes décentes pour toute la population, respectant la lettre de la constitution. De plus, ce serait un système de retraite plus rationnel, moins onéreux que celui que nous connaissons aujourd’hui et qui échapperait aux milieux financiers qui spéculent avec la fortune considérable accumulée par les caisses de pensions.

Dans cette période de grave crise du système capitaliste où les attaques contre tous les acquis sociaux se déploient, les re­pré­sen­tant·e·s du PS Suisse dans les gouvernements, à l’instar des sociaux-démocrates européens, vont-t-ils continuer à être les fidèles ex­é­cu­tant·e·s des politiques de la droite et de la droite extrême ? 

Les crises ont toujours été l’occasion pour la droite de remettre en question les droits sociaux, les libertés publiques et tous les acquis obtenus de haute lutte par les travailleurs.euses. La lutte des classes est devenue un gros mot pour beaucoup, souvenons-nous pourtant des propos de Warren Buffett sur la chaîne de télévision CNN : «Il y a une guerre des classes, c’est un fait, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la gagner.?»

Les chantiers de défense des sa­la­rié·e·s et plus largement de la majorité de la population ne manquent pas et demandent une mobilisation déterminée de chaque jour.

 

Albert Nahory