Sud-étudiant dénonce les sanctions et la surveillance à l'université

SUD-Etudiant, lié au syndicat de la fonction publique du même nom dans le canton de Vaud, mène une campagne pour dénoncer la multiplication des sanctions administratives et de la surveillance à l’Université de Lausanne. 

 

Entretien avec l’un de ses militants, Arthur Auderset.

 

Pourquoi mener une campagne sur la question des sanctions en particulier?

 

Ces dernières années, la Direction de l’Université, avec l’aval du Conseil d’Etat, a multiplié les procédures de contrôle et de sanction administratifs. Prises individuellement, ces mesures peuvent paraître anodines, mais elles contribuent en réalité à transformer plus ou moins imperceptiblement l’Université en un espace de plus en plus discipliné, scolarisé et contrôlé.

Par exemple, les étudiant·e·s qui paient leur taxe d’immatriculation en retard – ce qui peut arriver vu les budgets serrés de certains dans un contexte de grave crise du logement – reçoivent ainsi une lettre les menaçant d’exmatriculation de l’Université dans un délai de 5 jours. L’inscription tardive à un enseignement ou à un examen est en outre frappée d’une surtaxe de 200 francs. Nous invitons désormais les étu-diant·e·s ayant subi ce genre de sanctions administratives à s’adresser au Fonds social de l’Université afin de demander une aide pour le paiement de ces taxes supplémentaires?; nous avons par ailleurs pu constater lors de permanences tenues à l’Université par notre syndicat que beaucoup d’étudiants précaires ne connaissent pas l’existence de ce Fonds. Nous préparons également une mobilisation afin de demander la suppression de ces sanctions.

 

 

Vous dénoncez aussi la surveillance et des risques de fichage à l’Université. Pourquoi ?

 

La Direction a mis sur pied une série de bases de données dont on peut suspecter qu’elles puissent être utilisées à d’autres fins : l’ensemble des données informatiques des étu-diant·e·s et em-ployé·e·s sont ainsi conservées?; des cartes à puce servent désormais à ouvrir les bureaux du personnel et doivent être réactivées chaque semaine?; à la cafétéria également, étudiants et employés doivent systématiquement présenter leur carte s’ils veulent bénéficier des réductions?; et pour les parkings aussi, les usagers doivent placer des puces à radio-identification (RFID) sur leur voiture. A terme, ces systèmes pourraient servir à contrôler les présences, comme cela se fait dans les entreprises avec les timbreuses. La multiplication de ce genre de systèmes pose des questions en terme de surveillance et de fichage des usagers : nous avons saisi le préposé vaudois à la protection des données sur cette question et sommes dans l’attente d’une réponse.

Il était également question d’installer des caméras pour surveiller la bibliothèque (une pratique déjà en vigueur au Centre de sport), même si la Direction semble avoir renoncé à ce projet pour le moment. En revanche, le recours à des « milices privées » comme Securitas s’est généralisé. En 2010, ceux-ci sont même intervenus pour contrôler l’identité des étudiants qui occupaient un auditoire dans le cadre d’un mouvement de protestation contre la réforme de Bologne. 

 

 

Comment a réagi la Direction face à votre campagne ?

 

Si le Recteur a accepté de nous recevoir prochainement pour discuter de nos revendications, la Direction a dans un premier temps essayé de mettre un terme à notre campagne en cherchant à intimider les militants qui distribuaient nos tracts et collaient nos affiches : des agents de sécurité sont venus nous menacer de dénonciation pour détérioration des bâtiments, etc., et nos affiches étaient également arrachées par les agents de sécurité. Ces pratiques ont heureusement cessé lorsque nous avons fait un communiqué de presse pour les dénoncer.

 

Propos recueillis par notre rédaction