Parce que le repos, c'est important: lancement d'une initiative législative cantonale

Parce que le repos, c'est important: lancement d'une initiative législative cantonale : «Touche pas à mes dimanches!»

solidaritéS-Genève, a annoncé à mi-octobre sa participation au lancement, avec d’autres forces politiques, associatives et syndicales, d’une initiative législative cantonale pour lutter contre la généralisation des ouvertures dominicales de magasins dans ce canton.

 

Cette initiative vise à préserver la population genevoise des effets d’une modification en cours de l’Ordonnance d’application de la loi fédérale sur le travail (OLT2) qui prévoit l’autorisation du travail du dimanche dans les commerces des zones frontalières (motion du parlementaire tessinois Abate aux Chambres fédérales).

Genève, canton urbain et frontalier, est concerné au premier chef par cette modification, qui se fait, par la bande, à travers l’OLT2, ce qui rend tout référendum fédéral impossible, puisque la loi fédérale elle-même n’est pas touchée et que seules les modifications de loi sont sujettes à référendum !

En effet, après avoir perdu 9 votations cantonales sur 10 ces dernières années, les grands distributeurs ont pris la décision scandaleuse d’obtenir une extension des heures d’ouverture des magasins en tentant de contourner le système démocratique. En modifiant l’Ordonnance, sans toucher à la loi, ils empêchent les opposants aux ouvertures dominicales de lancer un référendum, mais surtout, en définitive, ils empêchent la population de donner son avis sur un sujet social extrêmement important.

Dans ce contexte, l’initiative législative « Touche pas à mes dimanches » permettra à la po­pu­lation genevoise de se pro­non­cer sur l’ouverture dominicale des commerces.

 

Défendre la situation actuelle

 

L’initiative vise à maintenir la situation actuelle des commerces fermés au public les dimanches, ceci via une modification à la Loi cantonale sur les heures d’ouverture des magasins (LHOM).

La loi cantonale actuelle sur les heures d’ouverture des magasins octroie une dérogation automatique pour les ouvertures les dimanches à tous les commerces au bénéfice d’une disposition dérogatoire de l’OLT2. Avec l’initiative, lesdits commerces (kiosques, stations-services, magasins dans les gares, petits commerces…) pourront continuer à ouvrir le dimanche.

Mais la modification en cours, au niveau fédéral, de ladite ordonnance en son art. 25 ouvre la porte à une généralisation à l’ensemble des commerces des ouvertures dominicales possibles. C’est pourquoi, l’initiative maintient toutes les dérogations actuelles de l’OLT2 dans la loi genevoise, à l’exception de celles découlant dudit art. 25, qui définit les zones touristiques et qui est l’objet des modifications en cours.

 

La population doit pouvoir se prononcer

 

Sans cette initiative, qui joue – en fait – un rôle de référendum pour éviter une péjoration de la situation actuelle, il y a un risque réel de voir les commerces genevois ouvrir tous les dimanches de l’année, ceci sans compensation particulière !

Or la question des heures d’ouverture des magasins renvoie à des choix de société et touche directement des dizaines de milliers de personnes. La population genevoise doit pouvoir se prononcer ! Il est scandaleux qu’après différents échecs dans les urnes (notamment en 2010 à Genève) les parlementaires et les grandes surfaces reviennent avec des projets d’extension des heures d’ouverture en contournant notre système démocratique.

Pour contrer cette nouvelle offensive de l’ultra-marchandisation à tous crins contre nos rythmes de vie collectifs et notre droit au repos, solidaritéS appelle cha­cun·e à signer et à faire signer cette initiative pour empêcher l’ouverture systématique des commerces les dimanches à Genève en préservant la situation actuelle.

Il y a du pain sur la planche : les ini­tiant·e·s doivent récolter un peu plus de 7200 signatures valables… ce qui demande d’engranger quelque chose comme 9000 signatures au total, si possible avant la fin de l’année, mais au plus tard pour la mi-février 2014.

 

Un jour de congé en commun !

 

Heureusement, les arguments ne manquent pas : le dimanche est en effet le seul jour de la semaine où la plupart de la population peut se retrouver. Le dimanche constitue une oasis pour beaucoup permettant de se retrouver entre ami·e·s, en famille. Empêcher l’ouverture généralisée des commerces les dimanches participe clairement d’une politique sociale envers l’ensemble de la population afin de garantir au maximum de personnes un jour de congé en commun. Aujourd’hui plus de 20 000 personnes travaillent dans la vente.

Par ailleurs, les magasins peuvent déjà ouvrir près de 80 heures par semaine, les magasins des gares et aéroports ainsi que des stations-services sur les grands axes routiers sont aussi ouverts les dimanches comme de nombreux petits commerces. Les opportunités d’achats pour satisfaire les besoins de la population sont largement suffisantes pour ne pas avoir à ouvrir tous les commerces. Au lieu de promouvoir la seule consommation marchande, développons les activités de loisir, les moments de culture et de détente les dimanches !

 

…et le dimanche au calme

 

Les rues du centre-ville et les voies menant aux zones d’activité sont engorgées par le trafic automobile qui produit des nuisances sonores et de la pollution, bien au-delà des limites légales d’ailleurs. Le dimanche est le seul jour de la semaine où, parce que l’activité est diminuée, les riverains des axes de circulation et la population dans son ensemble peuvent profiter d’un calme relatif.

En ancrant dans la loi l’interdiction d’ouvrir les magasins les dimanches, on garantit au moins un jour de la semaine où les nuisances sont réduites. Le repos, c’est important ! 

 

Pierre Vanek