Uni de Genève

Uni de Genève : Faculté des SES: une économie sans social?

L’enseignement supérieur à Genève subit une série d’attaques depuis des mois. Le Service de recherche en éducation (SRED), et les Hautes écoles spécialisées (HES) entre autres ont été visés. Grâce aux luttes des employé·e·s et des étudiant·e·s, plusieurs mesures néfastes ont toutefois été évitées. Prochaine victime : après 99 ans d’existence, la Faculté des sciences économiques et sociales (SES) n’existera plus dès janvier 2014.

 

 

C’est pendant près d’un siècle qu’auront collaboré au sein des SES des disciplines aussi diverses qu’économie, gestion, sociologie, sciences politiques et géographie. La Faculté propose actuellement 8 bachelors et 19 masters, dont près d’une moitié sont interdisciplinaires. Mais cette mixité n’est plus du goût du Département des HEC (Hautes études commerciales). Sur le modèle des « Business schools », il a été déclaré que l’enseignement de la gestion devrait désormais avoir sa propre entité. Les Sciences économiques ont choisi de s’y rallier, créant de facto une frontière nette entre disciplines sociales d’un côté et économiques de l’autre.

 

Sciences humaines artificiellement scindées

 

L’intitulé Sciences économiques et sociales visait à saisir les sciences humaines dans leur globalité : une pluridisciplinarité illustrée par les multiples diplômes proposés, où les cursus s’entrelacent pour que les étudiants touchent à chaque discipline avant de se spécialiser. Or cette scission ouvre clairement la voie à des formations monodisciplinaires. Paradoxe alors que le renforcement de la crise actuelle, dont l’origine se trouve dans la débâcle économique, frappe la société dans son ensemble (chômage, retraites, etc.)

Mais cette division n’est pas du goût de tout le monde. Les participant·e·s de la future New SES se battent d’ailleurs pour obtenir la conservation d’un enseignement en économie, indispensable à une formation complète en science sociale.

Les étudiant·e·s, premiers concernés par la scission de la Faculté et par l’avenir de notre société, ne sont pas dupes. Pour preuve, l’intérêt croissant pour le nouveau master en socio­économie, filière qui allie étude de l’économie et de la société. La formation est passée de 30 étudiant·e·s en 2012 à 102 aujourd’hui (sans inclure le bachelor), ce qui en fait la première entité de la future Faculté New SES. L’incertitude règne toutefois autour de cette nouvelle faculté et de l’avenir des sciences sociales à Genève.

 

Aude Martenot