Nestlé en Colombie

Nestlé en Colombie : Impassible justice vaudoise

A la suite de l’assassinat du syndicaliste Luciano Romero, qui travailla de longues années pour la filiale colombienne de Nestlé, Cicolac, une plainte a été déposée en Suisse contre la multinationale veveysanne. Elle accuse Nestlé d’avoir contribué par négligence à la mort de Romero, en omettant d’agir pour le protéger. De manière surprenante, cette action de l’organisation « European Center for Constitutionnal and Human Rights » (ECCHR) n’a trouvé le soutien que des œuvres caritatives allemandes Misereor et Brot für die Welt. Les œuvres helvétiques n’ont pas bougé. 

L’assassinat de syndicalistes est une réalité sanglante en Colombie. Plus de 2500 syndicalistes ont été abattus depuis vingt-cinq ans. Selon Javier Correa, président du syndicat Sinaltrainal qui donnait une conférence à Lausanne le 4 décembre, il y a eu, en 2013, 21 syndicalistes assassinés, 90 séquestrés et 480 menacés de mort. Concernant Nestlé, on relève 18 menaces de mort entre 2012 et 2013 et un assassinat, celui d’Oscar Lopez Trivino (voir nº 238 du 20.11). La filiale colombienne de l’entreprise helvétique, outre ses liens avec les paramilitaires qui exécutent ces basses œuvres, porte une responsabilité effective. D’une part, elle refuse de prendre des mesures de sécurité pour protéger les syndicalistes menacés et d’autre part elle dénonce régulièrement les activités syndicales comme des actions illégales. Dernier exemple en date de cette criminalisation, la qualification de « sabotage de la production » d’une grève de la faim appelée par le syndicat Sinaltrainal afin de conserver la convention collective de travail.

La plainte, d’abord déposée à Zoug a ensuite été déplacée dans le canton de Vaud. D’après les auteurs de cette plainte – Sinaltrainal, la veuve de Luciano Romero et l’ECCHR – la justice suisse cherchait ainsi à gagner du temps pour que la prescription s’applique finalement. Le Ministère public ayant refusé d’entrer en matière, un recours a été déposé auprès du Tribunal cantonal vaudois qui a confirmé cette décision, arguant de la prescription des faits évoqués. Les plaignants, qui expliquent que la prescription ne s’applique pas à la responsabilité des entreprises, ont recouru au Tribunal fédéral. En espérant qu’il saura manifester un peu plus d’indépendance à l’égard des intérêts de la multinationale helvétique que les autorités judiciaires vaudoises.  DS