Adieu à García Márquez
Adieu à García Márquez : Miroir de l'âme latino-américaine
Le 17 avril dernier, Gabriel García Márquez, auteur et journaliste colombien, s’est éteint à l’âge de 87 ans, à son domicile de Mexico, des suites d’un cancer. Poète génial, auteur à succès, prix Nobel de littérature en 1982, journaliste de talent, politiquement engagé, « Gabo » comme on avait pris l’habitude de l’appeler affectueusement, nous laisse orphelins.
Né à Aracataca (Colombie) dans une famille nombreuse issue de la classe populaire, il est élevé par ses grands-parents qui auront une forte influence sur lui. Sensible à la littérature, García Márquez commence à écrire tôt, et décide d’embrasser une carrière de journaliste, après que la faculté de droit de Bogotá ait fermé ses portes suite aux violents heurts qui marqueront le début de la guerre civile (1948). Dès lors, il voyage essentiellement en Europe et finit par s’exiler suite au coup d’Etat militaire de 1953. Ces multiples voyages et son activité de journaliste marquent grandement son œuvre, comme en témoignent Chronique d’une mort annoncée (Paris, 1981) et Bon voyage Monsieur le Président (Genève, 1995) qui se déroule en partie à Genève.
Gabo a été la principale figure du « réalisme magique », une tendance littéraire qui a pour principale caractéristique d’insérer des éléments magiques et surnaturels dans des situations dont le cadre géographique et historique est avéré. Gabo a laissé son empreinte dans l’histoire de la littérature contemporaine. Son roman Cent ans de solitude, paru en 1967, le rend mondialement connu et devient par la suite une véritable référence dans la littérature latino-américaine. Le poète chilien Pablo Neruda le considérait même comme « le plus grand roman écrit en langue espagnole depuis Don Quichotte.?»
La romancière chilienne Isabel Allende voit en lui « la voix qui a raconté au monde qui nous sommes et nous a montré à nous, Latino-Américains, qui nous sommes dans le miroir de ses pages.?» (Le Nouvel Observateur, 19 avril 2014) Gabriel García Márquez a toujours été un homme de gauche. Militant progressiste, anti-impérialiste, il n’a jamais renié son engagement pour les plus humbles, rêvant, selon ses propres mots, que « le monde soit socialiste » et que « le plus tôt serait le mieux » (cf. Apuleyo Mendoza, Plinio: El caso perdido. La llama y el hielo. Bogotá : Planeta/Seix Barral, 1984). García Márquez a joué par ailleurs à plusieurs reprises le rôle de médiateur dans les négociations de paix entre les groupes de guérilla, tels les FARC et l’ELN (Ejercito de liberación nacional), et le gouvernement colombien. Un engagement dont ses romans son le reflet.
Le décès de Gabriel García Márquez laisse certes un grand vide, mais son œuvre et son message demeurent immortels. En agosoto nos vemos…
Camille De Felice