Droits des migrant-e-s
Droits des migrant-e-s : S'organiser et battre le pavé pour mieux lutter
Le mercredi 11 juin, plusieurs collectifs et mouvements politiques sortiront dans les rues lausannoises pour appeler à la mise en œuvre d’une vraie politique d’accueil des migrant·e·s (17 h 30 place Chauderon). Dans la même semaine, le Collectif Vaudois de Soutien aux Migrant-e-s (CVSM) organisera une formation publique pour lutter efficacement contre l’initiative ECOPOP.
Acceptée de justesse, l’initiative de l’UDC « Contre l’immigration de masse » va avoir des conséquences catastrophiques sur les conditions de vie et de travail des plus fragiles d’entre nous et ce quel que soit la couleur du passeport. Ce type d’initiatives « anti-immigration » n’a jamais résolu et ne résoudra jamais les problèmes auxquels est confrontée une grande partie de la population. Ces initiatives n’ont pour seul objectif que de stigmatiser les migrant·e·s, les « étrangers », les « requérant·e·s d’asile », afin de masquer celles et ceux qui sont les véritables responsables de la péjoration des conditions de travail, de l’augmentation des loyers et du manque d’investissement dans les transports publics, pour ne donner que quelques exemples.
Cependant, il s’en est fallu de très peu – à peine vingt mille voix – pour que cette initiative ne soit refusée. Fort de ce constat, il est décisif que toutes celles et tous ceux qui sont opposés à ces politiques s’organisent et luttent collectivement pour qu’il n’y ait plus d’autres « 9 février ». Cette lutte ne peut se limiter au dépôt d’un simple bulletin de vote lors des votations, elle doit urgemment occuper le terrain, le plus souvent possible, pour amener le plus grand nombre à réfléchir sur les conséquences humaines des politiques migratoires actuelles. C’est face à cette nécessité et dans ce but que solidaritéS s’engage activement, notamment au sein du Collectif Vaudois de Soutien aux Migrant·e·s (CVSM), qui a vu le jour en 2013.
La défaite du 9 février, la récente débâcle du salaire minimum le 18 mai et la percée de l’extrême droite dans le reste de l’Europe, doivent servir d’avertissement. Il est, en effet, urgent de donner une réponse face à ce matraquage idéologique qui ne cesse de stigmatiser les migrant·e·s comme responsables de la crise.
Revendiquer une politique d’accueil
Plus de 60 % des citoyennes et citoyens vaudois ont dit NON à l’initiative contre l’immigration de masse. C’est dans ce contexte que plusieurs collectifs (Collectif Droit de rester, Collectif vaudois de soutien aux sans-papiers, Gauche anticapitaliste, POP, solidaritéS, Solidarité sans frontières, CVSM, SOS Asile, UNIA) appelleront unitairement à manifester, mercredi 11 juin, avec comme revendications à l’intention du Conseil d’Etat Vaudois (dont il n’est peut-être pas inutile de rappeler qu’il est composé d’une majorité rose-verte) :
Refuser d’appliquer les contingents prévus par l’initiative UDC.
Mettre en œuvre une politique de régularisation collective des sans-papiers.
Abolir le régime d’aide d’urgence et mettre un terme à l’interdiction de travailler et de se former pour les requérant·e·s débouté·e·s de l’asile?; garantir un véritable accès aux soins pour toutes et tous les requérant·e·s d’asile.
Garantir des conditions de logement décentes pour les requérant·e·s d’asile?; fermer les abris PC.
Ne plus mettre en détention administrative des migrant·e·s et cesser de financer ces prisons de la honte. Le budget Frambois doit être supprimé.
Proclamer le canton de Vaud terre d’accueil des migrant·e·s.
Cette mobilisation devra servir également d’impulsion pour combattre prochainement l’initiative Ecopop. Lancée en 2011, cette initiative prétend s’alerter des conséquences environnementales d’une supposée « surpopulation » en Suisse. Derrière ce cache-sexe écologique, c’est un contenu foncièrement xénophobe et raciste masquant à peine le relent d’une forme de néocolonialisme intolérable. Le texte de l’initiative demande en effet que la croissance de la population suisse soit limitée à 0,2 % sur une moyenne de trois ans et que l’on attribue 10 % des fonds de l’aide au développement à des projets d’information sur la contraception dans les pays du tiers-monde.
Benno Büeler, son porte-parole, cache d’ailleurs bien mal son jeu en affirmant que son initiative ne vise pas les « étrangers », mais uniquement la croissance annuelle de la population. Lorsque l’on sait que 80 % de la croissance démographique est liée à l’immigration, il est difficile de ne pas voir les réels objectifs de cette initiative. Une nouvelle fois, ce sont les mêmes éternels bouc-émissaires qui sont visés.
S’armer d’arguments contre Ecopop
Si la crise environnementale est bel et bien réelle, tenir pour responsable les flux migratoires est une aberration totale. A fortiori, et au vue de l’ampleur de cette crise, imaginer que l’on puisse y remédier à l’échelle de notre petit pays, sans interroger la problématique des inégalités sociales et économiques – fruits des politiques néolibérales menées depuis plus de trente ans – est, là encore, d’une absurdité totale.
Face à cette nouvelle campagne de désinformation qui s’annonce, il est indispensable que nous nous armions d’arguments solides pour pouvoir être à même de déconstruire le contenu de cette initiative. Dans ce sens, le CVSM invite toutes et tous à une journée de formation, de débats et d’échanges le samedi 14 juin 2014 dans les locaux de la maison syndicale d’Unia Lausanne, Place de la Riponne 4. Cette formation aura pour objectif d’analyser et de comprendre au mieux les tenants et les aboutissants de cette initiative afin de la combattre.
Vincent Trunde & Jorge Lemos