Construire des logements à loyers abordables

Malgré la pénurie de logements, le gouvernement ne fait rien pour enrayer cette situation. Il est urgent de lutter contre la spéculation immobilière et d’exiger des logements à loyers abordables.

Dans le canton de Vaud, com­me sur tout l’arc lémanique, la crise du logement est marquée par une offre notoirement insuffisante de logements à loyers abordables pour une majorité de la population, et par une priorité, imposée par les promoteurs immobiliers, à la réalisation de logements à vendre en copropriété, au détriment d’appartements mise en location.

La pénurie extrême de logements a des effets sociaux et environnementaux désastreux : d’une part, une diminution du pouvoir d’achat, vu la part « nécessaire » au paiement du loyer dans le revenu des ménages, et, d’autre part, une mobilité contrainte, dès lors que le logement est souvent éloigné du lieu de travail.

Cette situation de pénurie extrême de logement s’accompagne d’un grand nombre de rénovations et de transformations d’appartements ou d’immeubles anciens, souvent peu entretenus depuis des décennies, mais loués à des loyers raisonnables. Ces travaux visent, dans la majorité des cas, à la relocation des appartements rénovés avec des loyers très fortement augmentés, à une hausse très forte du rendement locatif de l’immeuble.

Ces opérations spéculatives ne répondent pas aux besoins des locataires, habitant ces logements, en assurant la sécurité et la salubrité de leurs immeubles. Dans de nombreux cas, ils se voient notifier une résiliation de leur bail et, si ce n’est pas le cas, ils doivent subir durant de nombreux mois des travaux difficiles à vivre, avec comme seule perspective, une hausse de loyer très importante à l’issue des travaux.

 

 

Quelles protections pour les locataires ?

 

Le canton de Vaud, comme à Genève, dispose actuellement d’une loi cantonale concernant la démolition, la transformation et la rénovation de maisons d’habitation (LDTR), dont l’objectif est de limiter au maximum les transformations et rénovations du parc locatif dans la catégorie de logements qui connaissent une grave pénurie, une loi promulguée pour éviter les dérapages en cette matière. Les cautèles mises en place par la LDTR sont mises à mal par un règlement et par une pratiques des autorités cantonales, qui édulcorent, dans l’application de la loi, la protection des locataires concernés.

En septembre 2014, le Conseil d’Etat vaudois, à majorité rose-verte, a soumis au parlement un nouveau projet de loi sur la préservation du parc locatif (LPPL) qui assouplit encore davantage cette protection, favorisant clairement des travaux à but spéculatif. Par ailleurs, le gouvernement propose de rejeter l’initiative de l’ASLOCA « Stop à la pénurie de logements », lui opposant un contre-projet sans consistance, dont les effets, en termes de construction de logements à loyers abordables, vont dépendre de la bonne volonté des promoteurs immobiliers et des propriétaires.

Contre une politique publique qui s’accommode de la pénurie de logements et accompagne la spéculation immobilière, la résistance doit s’organiser, avec les mouvements de locataires et d’habitants, avec les syndicats, avec toutes les associations et mouvements intéressés. Des luttes collectives de locataires, des manifestations de rue, le soutien à l’initiative de l’ASLOCA, un référendum éventuel contre la LPPL, sont à l’ordre du jour.

 

Jean-Michel Dolivo