CCT dans l’Industrie des machines: une capitulation en rase campagne!

CCT dans l’Industrie des machines: une capitulation en rase campagne!

«La situation économique est difficile (…) En des périodes exceptionnelles, il faut avoir le courage de prendre des mesures exceptionnelles. L’arrêt des négociations, la prolongation de la convention collective de travail de deux ans et demi et les dispositions prises pour débattre des questions en suspens jusqu’à la reprise des négociations constituent un signal fort de confiance dans le partenariat social entre les syndicats et l’association patronale de l’industrie MEM.Les deux camps montrent qu’ils assument leurs responsabilités sociales et sociétales (…)». Tels sont les propos tenus par Renzo Ambrosetti, président central de la FTMH, le 9 avril 2003, lors de la conférence de presse des partenaires sociaux de l’industrie des machines, pour justifier l’abandon par la direction de la FTMH de toute bataille autour du renouvellement de la convention collective dans l’industrie des machines (CCT- ASM).

Le tabou de la paix du travail

Les revendications en vue de ce renouvellement, discutées par les travailleurs et travailleuses dans un certain nombre d’entreprises de la branche et adoptées par les délégué-e-s à la conférence de l’industrie des machines le 17 septembre 2002 sont tout simplement mises aux oubliettes. Pour faire passer la pilule vis-à-vis des salarié-e-s, les dirigeants de la FTMH expliquent (sans rire!) que la prolongation de la CCT actuelle était un moyen de gagner du temps pour préparer mieux des mobilisations à venir! Pour juger de la crédibilité d’un tel discours, il suffit de rappeler que la CCT-ASM est la convention phare de la paix du travail et qu’elle dispose à son article 2 que «les parties contractantes reconnaissent la valeur de la paix du travail et s’engagent à la respecter de manière intégrale et à user de leur influence auprès de leurs membres pour qu’ils la respectent. Toutes mesures de combat sont par conséquent exclues, même pour des questions non réglées par la Convention».


Il faut également rappeler que la CCT-ASM ne fixe aucun salaire minimum dans la branche et que ce sont les commissions d’entreprise qui négocient, entreprise par entreprise, d’éventuelles augmentations de salaire ou même le réajustement des salaires à la hausse du coût de la vie. Ainsi, en prolongeant de deux ans et demi la CCT, les dirigeants de la FTMH ont, une fois de plus, sacrifié purement et simplement les intérêts des travailleuses et travailleurs du secteur des machines (113800 salarié-e-s sont soumis-es à cette CCT) sur l’autel des résultats financiers de «leur» entreprise. Quels moyens de pression peuvent en effet encore avoir les commissions d’entreprise dans leur négociation avec l’employeur, si le syndicat a renoncé d’emblée à construire un rapport de force à l’échelle de la branche?

Syndicalisme d’appareil ou syndicat au service des salarié-e-s?

Le choix de la direction de la FTMH a été avant tout dicté par les intérêts financiers de son appareil. En engageant une mobilisation pour appuyer des revendications dans le cadre du renouvellement de la CCT-ASM, elle risquait de mettre en péril une de ses sources de financement, tout à fait importantes, à savoir la contribution de solidarité dont les travailleuses et travailleurs, soumis-e-s à la CCT, doivent obligatoirement s’acquitter et qui est déduite chaque mois par l’employeur sur leur fiche de paie. C’est ainsi qu’il faut comprendre le sens de la responsabilité «sociale et sociétale» de Renzo Ambrosetti.


Un syndicat se définit d’abord comme devant être l’outil des salariés, femmes et hommes, pour vendre, collectivement et le plus cher possible, leur force de travail et défendre ensemble leurs conditions de travail face à leur employeur. Les travailleuses et les travailleurs du secteur des machines et de la métallurgie restent et sont aujourd’hui confronté-e-s au défi de construire un tel outil.


Jean-Michel DOLIVO