Nouvelles places d'armes à Genève? non merci!

La majorité du Grand conseil genevois a voté le 16 avril trois projets de loi pour offrir, aux frais du canton, trois nouvelles places d’armes à l’armée suisse. Il s’agit d’un crédit de réalisation de près de 21 millions de francs pour une caserne à Meyrin et de deux crédits d’études de 4,3 millions pour deux autres places d’armes à construire à Epeisses et à Aire-la-Ville.

 

A terme, le canton devrait dépenser 65 millions pour ces infrastructures militaires. Selon le Conseil d’Etat et la majorité des députés ces cadeaux offerts à l’armée seraient nécessaires pour offrir une « contrepartie » permettant le départ accéléré de l’armée de la caserne des Vernets. Mais les infrastructures que le canton veut offrir à l’armée ont des capacités, en nombre de lits et fonctions opérationnelles, bien plus importantes que les fonctionnalités de la caserne des Vernets.

Sur le terrain des Vernets devrait surgir plus d’un millier de logements dans le cadre du réaménagement du secteur Praille-Acacias-Vernets (PAV). Mais l’argent dépensé pour les nouvelles infrastructures militaires plombera le plan financier pour la construction de logements sur le terrain libéré. On aura donc des logements chers et des nouvelles infrastructures pour l’armée, le tout aux frais des caisses de l’Etat.

Mais pourquoi l’armée tient-elle à garder une si forte présence sur le territoire genevois ? Depuis la fin de la guerre froide, l’armée est soumise à une succession de réformes qui réduisent ses effectifs, de 620 000 en 1989 à 120 000 actuellement. Cette évolution justifie pleinement les demandes de réaffectation à un usage civil des terrains occupés par l’armée à Genève.

Notamment depuis l’arrivée de Ueli Maurer à la tête du département de la Défense, les projets de participation de l’armée à des missions à l’étranger ont été abandonnés et aujourd’hui les projets de réforme de l’armée sont tous tournés vers la « sécurité intérieure ». Le GSsA ne cesse de dénoncer le danger que constitue le transfert à l’armée de tâches de sécurité et de police. C’est un comble que justement Genève, qui commémore chaque année le massacre du 9 novembre 1932, paye aujourd’hui des infrastructures pour cette armée tournée vers l’intérieur !

Ce sont là autant de bonnes raisons pour combattre ce projet par un référendum. Aura-t-on les forces nécessaires pour le lancer avec succès? Affaire à suivre… 

 

Tobia Schnebli