Convois funèbres vers l'Europe

Convois funèbres vers l'Europe : Le massacre doit cesser!

Mardi 14 avril, 400 ré-fu-gié·e·s se sont noyés dans le détroit de Sicile. Dans la nuit du 18 au 19 avril, environ 800 migrant·e·s sont morts au large de la Lybie. Lundi 20 avril, une embarcation avec plus de 300 personnes sombre. Ce constat porte à plus d’un millier le nombre de morts en Méditerranée en une semaine.

La fuite désespérée d’une oppression économique et politique par le biais de réseaux mafieux et l’absence d’humanité et d’accueil de l’Occident – pourtant à la source de cette oppression – ont conjugué leurs efforts pour ne laisser aucune chance de survie aux clan­des­tin·e·s. Depuis des années, ce scénario se déroule encore et encore, suivant une croissance implacable de la quantité de victimes. Parfois, un pic de mortalité secoue l’opinion publique et provoque un remous, comme ce fut le cas en 2013 avec le naufrage vers Lampedusa qui a fait plus de 366 morts. Ce chiffre paraît aujourd’hui dérisoire.

 

 

Ces assassinats ne sont pas une fatalité

 

L’Europe porte la responsabilité de ces tragédies. L’opération Triton, gérée par Frontex (l’agence de sécurité et des frontières extérieures de l’UE), remplace depuis novembre le plan Mare Nostrum, suite au refus de l’Italie d’en supporter seule le coût et au constat d’échec de Lampedusa. Triton utilise 21 navires, 4 avions, un hélicoptère et 65 officiers pour effectuer des patrouilles près des côtes. Comparativement, Mare Nostrum mobilisait 900 soldats avec des bateaux et un budget 3 fois supérieur à Triton. En plus d’être insuffisant pour prétendre faire mieux qu’une simple surveillance passive, Triton représente donc une dégradation des mesures de prévention des naufrages en mer.

La Suisse aussi a les mains tachées du sang des victimes. Bien calfeutrée derrière les accords dits de Dublin, elle renvoie sans scrupule des ré­fu­gié·e·s, notamment vers l’Italie. Et la politique d’asile helvétique continue sa détérioration: diminution drastique de l’asile et renvois plus nombreux sont à l’ordre du jour, alors que le nombre de mi­grant·e·s fuyant les privations et les répressions est en augmentation.

Outre les tragédies, chaque semaine des milliers de personnes sont sauvées des flots par les garde-côtes. L’association Watch the Med (watchthemed.net) a organisé une alarme téléphonique pour les nau­fragé·e·s. Mais le bain de sang ne cessera véritablement que lorsque l’Europe ouvrira ses portes aux ré­fu­gié·e·s et que le système mondial, source de conflits et d’inégalités les plus profondes, aura été renversé. 

 

Aude Martenot