Voter pour la gauche radicale le 18 octobre, c'est bien - S'engager dans la lutte au-delà, c'est encore mieux!

S’engager dans la lutte au-delà, c’est encore mieux!

Le 18 octobre prochain, nous appelons nos lectrices et nos lecteurs à voter pour la gauche combative dans les cantons de Genève, de Vaud et de Neuchâtel. Il est en effet important qu’elle soit à nouveau représentée au Conseil National. Avec trois élu·e·s en Romandie, et la probabilité d’un·e élu·e supplémentaire d’Alternative Liste à Zurich, nous aurions en effet la possibilité de faire entendre une autre voix que celles du PS ou des Verts, qui ne contestent pas la logique fondamentale des politiques de la droite et se limitent pour l’essentiel à infléchir ses attaques les plus dures.

A l’heure qu’il est, tous les indicateurs disponibles montrent que l’économie suisse a étonnamment bien répondu à l’envolée du franc : la croissance prévue du PIB devrait être de l’ordre de 1 % en 2015 et de 1,5 % en 2016, si la crise ne s’emballe pas en Chine ; l’excédent commercial a atteint 20 milliards de francs au 1er semestre 2015 ; les exportations horlogères se sont maintenues ; le tourisme a bénéficié du même nombre de nuitées ; les bénéfices de Swiss ont flambé et une série de grandes sociétés, comme Swiss Life, La Poste, Georg Fischer, ont annoncé des bénéfices confortables.

En revanche, cette bonne santé de « l’économie » contraste avec la morosité des indicateurs sociaux, parce que la répartition des richesses est de plus en plus inégalitaire : 2 % de la population concentre 98 % de la fortune ; 17 % des enfants vivent en-dessous du seuil de pauvreté ; la part de la masse salariale accaparée par le 1 % des hauts cadres est passée de 5,9 % en 1997 à 9,4 % aujourd’hui (pas étonnant que le PDG du Crédit Suisse, Brady Dugan, ait gagné plus de 800 mille francs par mois en 2013 et 2014) ; les femmes reçoivent 21 % de moins que les hommes et touchent des retraites du 2e pilier deux fois inférieures ; selon une étude de 2013, 26 % des salarié·e·s n’ont plus rien à dépenser après avoir payé leurs factures et doivent économiser sur l’habillement et les loisirs ; plus de la moitié des jeunes travaillent plus de 9 heures par jour, et un quart d’entre eux·elles sans compensation salariale.

 

Dans un tel contexte, en criant à la catastrophe et appelant – dans le désert – au retour au taux plancher du franc, les directions du Parti socialiste et de l’Union Syndicale ne font que créer un climat de panique, favorable aux sacrifices exigés par la droite et le patronat : accélération de la réforme de l’imposition des entreprises III ; nouvelles coupes budgétaires (700 millions annoncés au plan fédéral et plus encore dans les cantons et communes) ; heures supplémentaires non payées chez Georg Fischer (alors que les Suisses travaillent déjà plus de 200 heures de plus que les Allemands) ; délocalisations massives chez ABB ; report de l’abandon du nucléaire et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; réduction de l’aide au développement, etc.

Tout au contraire, nous revendiquons un plan d’investissement industriel public dans des domaines socialement et écologiquement utiles : énergies renouvelables, isolation thermique des bâtiments, transports publics, etc. En investissant prioritairement dans ces domaines, ne serait-ce que la moitié de ce que la BNS a injecté dans l’achat de devises pour contenir la hausse du franc suisse depuis 2011, soit 200 milliards de francs, les collectivités publiques pourraient contribuer à créer des dizaines de milliers d’emplois, poussant certes l’endettement de la Suisse à la hausse, de 35 % à 57 % du PIB, tout en restant à un niveau sensiblement inférieur à celui de l’Allemagne (80 %), mais en réduisant l’attractivité du franc suisse.

 

Certes  l’élection de candidat·e·s d’une gauche de gauche à Berne ne changera pas les rapports de force d’ensemble dans ce pays, qui dépendent avant tout des mobilisations sociales à venir… Il suffit de voir ce que l’activation de quelques centaines de personnes à Genève et Lausanne, dans un contexte de crise, a commencé à faire bouger sur le terrain de l’accueil des réfugié·e·s, même si nous n’avons encore rien gagné de substantiel.

Cependant, une telle percée électorale serait le signal encourageant d’une volonté de changer la donne et de ne pas se laisser faire. C’est pourquoi nous appelons nos lectrices et nos lecteurs à voter pour le POP à Neuchâtel, et pour nos listes, Ensemble à Gauche à Genève et POP–solidaritéS dans le canton de Vaud, en soutenant en particulier nos deux rédacteurs, Jean Batou et Jean-Michel Dolivo, têtes de liste dans ces deux cantons.

Le Comité de rédaction 

 

«La bonne santé de ‹l’économie› contraste avec la morosité des indicateurs sociaux, parce que la répartition des richesses est de plus en plus inégalitaire.»