Développement de l'armée suisse

Développement de l'armée suisse : La droite vote 600 millions de plus pour l'armée, le PS s'abstient

La droite, sortie renforcée des élections nationales, a voté le 2 décembre en faveur du projet «Développement de l’armée (DEVA)». Trois éléments-clés caractérisent cette réforme : (1) l’armée sera davantage employée pour «garantir la sécurité intérieure» ; (2) les dépenses militaires augmenteront dans quelques années à 5 milliards de francs par année au lieu des actuels 4,4 milliards ; (3) les effectifs passeront de 140 000 à 100 000 militaires. Le dernier mot appartient au Conseil des Etats en mars 2016. 

Cette réforme de l’armée (la quatrième en vingt ans) avait été refusée en juin par le parlement en raison de l’opposition simultanée de l’UDC (qui voulait 120 000 hommes et 5,4 milliards de dépenses militaires annuelles) et du PS (qui voulait 80 000 hommes et 4,4 milliards de dépenses). Les élections passées et les attentats du 13 novembre à Paris aidant, l’UDC s’est résolue cette fois à accepter la solution «de compromis» du PLR et du PDC. L’abstention du PS est assez consternante. Seuls un élu PS et 6 parlementaires Verts ont voté contre le projet et même le représentant du POP Denis de la Reussille s’est abstenu.

 

Pour parvenir au «compromis», l’UDC a abandonné sa demande de fixer le nouveau plafond de dépenses militaires dans une loi. Le GSsA avait menacé de lancer le référendum si une telle loi était adoptée. Il sera toutefois difficile de combattre l’augmentation progressive des budgets militaires qui accompagne la réforme de l’armée. Si les 5 milliards par année ne sont pas inscrits dans une loi, laissant donc encore une certaine marge au Conseil fédéral, le plafond quadriennal de 20 milliards pour les dépenses militaires ne sera pas attaquable par référendum.

La surenchère sécuritaire à laquelle on assiste en Europe suite aux attentats de Paris, largement évoqués lors des débats au parlement, fait souffler un fort vent contraire à toute perspective de «sécurité globale par la solidarité globale». Comme l’a rappelé opportunément le chef de groupe UDC Adrian Amstutz : «Qu’a dit le Président Hollande à son peuple? ‹Nous sommes en guerre!›» Lors du débat au Conseil national, même les interventions des parlementaires socialistes ont porté sur la nécessité de «diminuer la quantité pour améliorer la qualité», pour disposer d’une armée «efficace» afin de faire face aux «menaces sécuritaires actuelles». Le PS regrette aussi que la réforme n’ait pas davantage ouvert les possibilités d’engagement de l’armée au niveau international.

Décidément, il reste un énorme travail à faire pour sortir de l’actuelle spirale guerrière…

Tobia Schnebli